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Actualités - CHRONOLOGIE

Suivi de la 1559 Roed-Larsen : Les armes du Hezbollah, un « défi fondamental » pour Beyrouth NEW YORK, de notre correspondante aux Nations unies, Sylviane ZÉHIL

C’est hier que Terjé Roed-Larsen a remis à Ban Ki-moon son huitième rapport. Un texte dans lequel il note des progrès remarquables : l’élection de Michel Sleiman notamment, mais aussi des manques, à commencer par l’absence de tout désarmement des milices libanaises et non libanaises – Hezbollah en tête. Dans son rapport, l’émissaire personnel du secrétaire général des Nations unies pour le suivi de l’application de la résolution 1559 commence par évoquer longuement les événements sanglants de mai 2008, « l’une des menaces les plus importantes depuis des années contre les fondements de l’État » libanais. « Cela me préoccupe vivement de voir que des factions couvrant la totalité de l’échiquier politique libanais sont peut-être en train de se réarmer, en violation totale de l’accord de Taëf et de la résolution 1559 », écrit-il, appelant les différentes parties libanaises à « mettre un terme immédiat » à ce processus de réarmement. Il n’a pas écarté, loin de là, la dimension régionale de ce dossier, soulignant que toute ingérence étrangère serait considérée comme une violation des résolutions onusiennes. « La question des armes du Hezbollah reste au cœur du débat politique au Liban, ainsi qu’au centre des résolutions onusiennes sur ce pays : le fait que le Hezbollah conserve ses propres capacités militaires et sa propre infrastructure constitue un défi fondamental à la volonté du gouvernement libanais de renforcer la souveraineté et l’autorité de l’État ; cela empêche aussi un dialogue constructif autour des grandes lignes politiques et sécuritaires », regrette-t-il. Il va encore plus loin, estimant que l’arsenal du parti de Dieu est « une menace pour la sécurité et la paix dans la région » ; il invite ainsi le Hezbollah à se conformer aux résolution onusiennes, demandant à tous ceux qui sont intimement liés au Hezb et qui peuvent exercer une influence sur lui, « en particulier la Syrie et l’Iran », à aider à sa transformation en un parti politique adéquat, « en harmonie avec l’accord de Taëf et la résolution 1559 ». Terjé Roed-Larsen en profite pour réaffirmer que le désarmement des milices libanaises et non libanaises doit nécessairement se négocier à travers un processus politique et aboutir à un monopole étatique de l’usage de la force par le gouvernement libanais partout sur le territoire national. « Le but ultime de ce désarmement est de permettre l’établissement d’un État fort, au service de tous ses habitants ; cela implique un respect total de la Constitution et du dialogue comme seul moyen de (ré)concilier les protagonistes libanais », écrit-il. « Récemment, au cours de la première séance de dialogue du 16 septembre, les Libanais semblent avoir franchi un pas qui s’avérera – je l’espère – très important », rappelle-t-il, exhortant les Libanais à aller de l’avant en ce sens, dans le sens d’une assise solide de l’autorité politico-militaire du gouvernement libanais. Beyrouth-Damas Terjé Roed-Larsen se dit ensuite satisfait par les développements « positifs » dans les relations libano-syriennes, par le démarrage du processus de normalisation entre ces deux pays « historiquement si proches », sur la base du respect mutuel et de la résolution 1680. Saluant le sommet libano-syrien à Damas en août dernier, il dit attendre « impatiemment » l’ouverture d’ambassades à Beyrouth et à Damas d’ici à la fin de l’année. Applaudissant aux décisions adoptées par Michel Sleiman et Bachar el-Assad, il estime qu’il serait important que le Liban et la Syrie traduisent concrètement tous les autres points évoqués lors du sommet d’août, « et notamment l’activation du comité mixte chargé de délimiter la frontière commune (il évoque surtout les localités de Deir el-Ashayer et des fermes de Chebaa) ; la prise de mesures communes visant à renforcer la surveillance (et la sécurité) de cette frontière ; la révision objective des relations bilatérales afin que soient pris en compte les intérêts des deux pays ; et l’optimisation de la coopération commerciale et économique », explique le diplomate onusien. Saluant le rôle joué par la Ligue arabe et ses pays membres dans la réconciliation interlibanaise – et plus particulièrement celui de l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani –, et rappelant son soutien à l’accord de Doha, Terjé Roed-Larsen tient à faire part de ses inquiétudes sur « l’absence de confiance » et l’émulation politique effrénée en vue des législatives 2009 entre les différentes factions libanaises. « Sans oublier la pérennité des milices qui, là aussi, pose problème, pas seulement parce que cela empêche une application totale de l’accord de Doha, mais parce que cela peut provoquer beaucoup de tensions et une éventuelle augmentation de l’insécurité et de l’instabilité au Liban. » Et de marteler qu’il est « impératif » de préserver la coexistence au Liban, notamment la coexistence politique, « dans une atmosphère saine, débarrassée de toute intimidation ». L’élection de Sleiman Pour Terjé Roed-Larsen, et sans aucun doute, le progrès « le plus significatif » dans l’application de la résolution 1559 a été l’élection « libre et juste » d’un président de la République tel que stipulé dans cette résolution qui date, rappelons-le, de septembre 2004. « Grâce aux efforts infatigables de l’émir du Qatar et du secrétaire général de la Ligue arabe, et après 18 tentatives et autres ajournements, le Parlement libanais a élu par 118 voix sur 127, le 25 mai dernier, le général Michel Sleiman à la présidence de la République », rappelle le diplomate onusien, estimant que cette élection « a redynamisé le processus constitutionnel politique au Liban – en particulier la résurrection d’un Parlement paralysé depuis novembre 2006 ». Et d’assurer que, par cela, les Libanais ont franchi un pas supplémentaire dans le renforcement de la souveraineté, de la stabilité, de l’unité et de l’indépendance politique de leur pays. Se déclarant très « encouragé » par les efforts du président Sleiman afin que toutes les clauses de l’accord de Doha (et de la résolution 1559) soient appliquées, c’est-à-dire par son appel à la tenue du dialogue national, Terjé Roed-Larsen n’en note pas moins que le processus est encore à un stade embryonnaire. « Beaucoup reste à faire ; je suis conscient de la complexité et de la délicatesse des sujets et des éventuels futurs défis que les Libanais auraient à relever », dit-il, attendant « impatiemment » la prochaine séance, le 5 novembre 2008. Autre souci pour Terjé Roed-Larsen : les assassinats politiques et les explosions qui secouent le Liban. « Je suis particulièrement troublé par l’émergence d’une tendance aux attaques contre l’armée libanaise, qui reste le symbole-clé de l’autorité de l’État », souligne-t-il, appelant les autorités libanaises à traduire en justice les auteurs des différents crimes de ce genre. Et d’évoquer à ce sujet la question des « milices » et des camps palestiniens, accusant le FPLP-CG et le Fateh-intifada de conserver une infrastructure paramilitaire « significative » dans et hors les camps de réfugiés et le long de la frontière libano-syrienne. Il exhorte Damas, « puisque les QG de ces deux organismes siègent dans la capitale syrienne et que la Syrie est membre de l’ONU, de faire en sorte que ces deux groupuscules obéissent aux lois libanaises et aux décisions prises par le gouvernement libanais ». En outre, le diplomate onusien juge que les incidents répétés à Aïn el-Héloué et la situation précaire à Beddawi « montrent que le retour de la loi et de l’ordre dans les camps de réfugiés sera la clé de la stabilité et de la sécurité au Liban ». Il évoque également la nécessité d’améliorer, en parallèle, les conditions de vie et le quotidien de ces réfugiés.
C’est hier que Terjé Roed-Larsen a remis à Ban Ki-moon son huitième rapport. Un texte dans lequel il note des progrès remarquables : l’élection de Michel Sleiman notamment, mais aussi des manques, à commencer par l’absence de tout désarmement des milices libanaises et non libanaises – Hezbollah en tête.
Dans son rapport, l’émissaire personnel du secrétaire général des...