Satisfait, Paris attend néanmoins un début de concrétisation Paris, d’Élie MASBOUNGI

La France a exprimé sa satisfaction suite à la signature, hier, par le président syrien Bachar el-Assad du décret établissant des relations diplomatiques avec le Liban. Dans son point de presse d’hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européennes, Éric Chevallier, a estimé que l’initiative syrienne constitue un geste positif qui s’inscrit dans le cadre d’un processus entamé à Paris lors de la réunion quadripartite du 12 juillet dernier, en marge du sommet de l’Union pour la Méditerranée, entre les présidents Nicolas Sarkozy, Michel Sleiman, Bachar el-Assad et l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani. L’annonce d’une prochaine instauration de relations diplomatiques entre Beyrouth et Damas avait été officialisée à l’issue de cette rencontre. Tout en se félicitant du décret syrien, M. Chevallier a estimé qu’il fallait maintenant concrétiser les choses. Dans les milieux diplomatiques français, on estime que le seul fait de cette annonce signifie que le régime de Damas a reconnu l’indépendance et la souveraineté du Liban, et que le pouvoir syrien a finalement accédé aux demandes françaises de normaliser les relations syro-libanaises. Mais ces milieux estiment que la concrétisation réelle de la reconnaissance syrienne du Liban deviendra effective avec le tracé des frontières entre les deux pays, qui est exigé par la communauté internationale et qui, selon le gouvernement français, devra commencer dans les meilleurs délais, tout comme la recherche d’une solution au problème des fermes de Chebaa. Enfin, la France souhaite, selon des cercles proches du Quai d’Orsay, que le dossier des personnes disparues et des Libanais détenus en Syrie soit ouvert, ce que Damas n’a pas encore entrepris. Les milieux parlementaires français, notamment dans les rangs des membres des groupes d’amitié France-Liban et France-Syrie à l’Assemblée nationale et au Sénat, ont également exprimé leur satisfaction suite à l’annonce officielle par Damas de l’établissement de relations diplomatiques avec le Liban. Enfin, des diplomates arabes en poste à Paris ont estimé que ce nouveau pas dans l’amélioration des relations libano-syriennes se reflétera positivement au niveau de l’ensemble de la région. Un ambassadeur d’un pays du Golfe a déclaré en privé que seule une coopération franche et étroite entre les autorités libanaises et syriennes pourra aboutir à une action sérieuse et efficace contre les groupuscules intégristes qui opèrent dans les deux pays.