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Saint-Jean-d’Acre : la coexistence judéo-arabe mise à l’épreuve

Visite de Peres pour apporter un message de tolérance. « Les Arabes veulent nous chasser d’ici », s’emporte Tzviya Douchnisky, une Israélienne juive de Saint-Jean-d’Acre, à l’évocation des récentes violences qu’elle qualifie de « pogromes » contre les magasins juifs de cette ville de Galilée. Les émeutes ont éclaté mercredi au soir du Yom Kippour (Grand Pardon) et se sont poursuivies les jours suivants, mettant à mal la coexistence entre les deux communautés, même si un calme fragile a été observé dans la nuit de dimanche à lundi. « Le mythe de la coexistence est mort », affirme la vieille dame, native de cette ville de 52 000 habitants, dont un tiers d’Arabes. Dans la rue Ben-Ami, artère centrale où réside cette septuagénaire, des dizaines de policiers et gardes-frontières patrouillent. Les magasins ont rouvert leurs portes, mais sont désespérément vides. Seules les perceuses des ouvriers qui réparent les vitrines rompent le silence. La tension est omniprésente. Bouleversée, Mme Douchnisky estime que « la vague de violences va gagner toute la Galilée », une région où vivent la plupart des 1,3 million d’Arabes israéliens. « Je suis encore sous le choc », raconte Assaf Elbaz, dont le magasin de vêtements a été totalement dévasté mercredi soir par des manifestants arabes. « Je me demande si je ne dois pas quitter les lieux », soupire ce commerçant, lui aussi natif de Saint-Jean-d’Acre. « Regardez, mon voisin est arabe et ses vitrines n’ont pas été touchées (...). Et pourtant, j’ai toujours été l’ami de tous, sans distinction de race et de religion », chuchote-t-il. Dans le quartier judéo-arabe, plus à l’ouest, des familles arabes ont été préventivement évacuées par la police, après que des dizaines de manifestants juifs eurent conspué leurs voisins en scandant : « Mort aux Arabes. » « Nous ne sommes plus en sécurité dans notre propre ville », s’émeut Madiha Ramal, une avocate arabe. « On a toujours vécu en bonne entente, mais je crois que cette fois c’est terminé », ajoute-t-elle. Pour les notables, la coexistence demeure une réalité et les émeutes des derniers jours doivent être considérées comme « un regrettable épisode passager ». « Ceux qui s’opposent à la coexistence pacifique des deux communautés n’ont pas leur place ici », déclare Salem Atrache, le responsable du Comité des commerçants arabes de la vieille ville. À la mairie, dont l’accès est protégé par des vigiles, employés et responsables se veulent apaisants. Le maire Shimon Lancry a adressé une lettre en ce sens à tous ses administrés. En attendant, le Premier ministre de transition Ehud Olmert a donné à la police une consigne de « Tolérance zéro » pour les fauteurs de troubles et le président israélien Shimon Peres s’est rendu hier à Saint-Jean-d’Acre pour tenter d’apaiser les esprits. « J’ai été surpris de l’ampleur des appels à la coexistence pacifique émis par les dirigeants des deux bords (...). Nous sommes appelés à vivre côte à côte, et un avenir brillant attend Acco (Saint-Jean-d’Acre) », a déclaré M. Peres aux journalistes à son arrivée à la mairie. Il a aussi rendu hommage à la police « qui a dû empêcher l’extension des violences, tout en évitant de faire de victimes ». Durant sa visite, le chef de l’État était accompagné du ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter et des deux grands rabbins d’Israël, Yona Metzger (ashkénaze) et Shlomo Amar (sépharade). Ils ont rencontré des dignitaires de la communauté arabe ainsi que le maire de la ville. Lors de ses entretiens, M. Peres a mis en place une équipe interreligieuse composée des grands rabbins d’Israël, des responsables juifs et musulmans de la ville et de conseillers du président « chargée de veiller au calme et à l’apaisement », selon un communiqué de son bureau. Michaël BLUM (AFP)
Visite de Peres pour apporter un message
de tolérance.

« Les Arabes veulent nous chasser d’ici », s’emporte Tzviya Douchnisky, une Israélienne juive de Saint-Jean-d’Acre, à l’évocation des récentes violences qu’elle qualifie de « pogromes » contre les magasins juifs de cette ville de Galilée. Les émeutes ont éclaté mercredi au soir du Yom Kippour (Grand...