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Le message du Nobel de littérature : Lire des romans et se poser des questions

« S’il y a un message à passer, c’est qu’il faut continuer à lire des romans et à se poser des questions », a affirmé l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio. C’est ainsi que s’est exprimé l’auteur du Procès-verbal lors d’une conférence de presse improvisée à Paris après l’annonce de l’attribution du prix Nobel de littérature, dans une salle archibondée chez son éditeur français Gallimard. « Lire, c’est un très bon moyen d’interroger le monde actuel, sans avoir des réponses qui soient trop schématiques », dit l’écrivain. « Le romancier n’est pas un philosophe, ce n’est pas un technicien du langage, c’est quelqu’un qui écrit, qui se pose des questions », a-t-il poursuivi, précisant qu’il disposait de la double nationalité française et mauricienne, sa famille étant originaire de cette île de l’océan Indien. « La France est ma patrie d’élection pour la culture, la langue (...), mais ma petite patrie, c’est l’île Maurice. » J-MG Le Clézio a indiqué « n’appartenir à aucun courant  littéraire. J’écris parce que j’aime écrire », s’est-il borné à dire. Le Clézio, 68 ans, était considéré depuis des années comme un lauréat potentiel et son nom circulait avec insistance cette fois-ci dans les cercles littéraires suédois. Il avait déjà reçu en juin dernier le prix littéraire suédois Stig Dagerman qui lui sera remis le 25 octobre à Stockholm. Le romancier refera le voyage le 10 décembre pour venir chercher son Nobel. Ce romancier, 14e Français à recevoir le prix Nobel de littérature, est né à Nice de parents qui avaient de solides attaches familiales avec l’île Maurice, mais il partage aujourd’hui sa vie entre la France, le Mexique, le Maroc... Il a aussi séjourné en Thaïlande, au Panama, en Angleterre et, bien sûr, à l’île Maurice. C’est donc à l’âge de 8 ans qu’il part avec sa famille habiter au Nigeria, où son père est resté comme médecin pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est au cours de la traversée en bateau vers le Nigeria qu’il a commencé sa carrière d’écrivain, en composant deux petits livres, Un long voyage et Oradi noir. Il grandit donc avec deux langues, le français et l’anglais, avant de faire des études d’anglais à l’Université de Bristol (1958-59) puis à celle de Londres (1960-1961) après son baccalauréat (1957). Le procès-verbal, sorti en 1963, va susciter beaucoup d’attention. Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée. Alors âgé de 23 ans, il reçoit le prix Renaudot, un des prix littéraires les plus célèbres en France, pour ce premier roman. Cet ouvrage va introduire des « descriptions d’état de crise », dont le recueil de nouvelles La fièvre (1965) et Le déluge (1966), où l’écrivain dénonce le trouble et la peur inhérents aux grandes villes occidentales. Il s’est situé comme un écrivain écologiste engagé, ainsi qu’en attestent les romans Terra amata (1967), Le livre des fuites (1969), La guerre (1970) et Les géants (1973). Sa consécration définitive comme auteur romanesque va intervenir en 1980 avec Désert, pour lequel l’Académie française lui décerne un prix. Le livre contient des images grandioses d’une culture perdue dans le désert de l’Afrique du Nord, qui contrastent avec une description de l’Europe vue à travers le regard des immigrants non désirés. Titulaire d’un doctorat sur l’histoire ancienne du Mexique à l’Université de Perpignan en 1983, il enseignera dans plusieurs universités – Bangkok, Mexico, Boston, Austin, Albuquerque notamment – et ses longs séjours au Mexique et en Amérique centrale entre 1970 et 1974 ont eu une importance marquante pour son œuvre. En parallèle, Le Clézio publie des essais méditatifs, L’extase matérielle (1967), Mydriase (1973) et Haï (1971), et traduit également des grandes œuvres de la tradition amérindienne, comme Les prophéties du Chilam Balam. Le chercheur d’or va paraître en 1985, traitant du sujet des îles de l’océan Indien dans l’esprit du roman d’aventures qui se déplacera « de plus en plus en direction d’une exploration du monde de l’enfance et de sa propre histoire familiale ». En témoignent Onitsha (1991), La quarantaine (1995), Révolutions (2003), L’Africain (2004), histoire du père de l’écrivain, et Ritournelle de la faim, son dernier livre, paru début octobre, est enfin centré sur l’histoire de sa mère, Simone (Ethel dans le roman), rentrée en France dans les années 1930, où elle assiste notamment à la première du Boléro de Ravel. L’attirance de l’écrivain pour le rêve du paradis terrestre est apparue au cours des dernières années dans des livres tels que Ourania (2005) et Raga : approche du continent invisible (2006) ou Ballaciner (2007). Le Clézio a aussi écrit des livres pour la jeunesse, dont Lullaby (1980) et Balaabilou (1985). « Son œuvre, riche aujourd’hui d’une trentaine de livres (romans, essais, recueils de nouvelles, traductions), reflète ses préoccupations écologiques, sa révolte contre l’intolérance de la pensée rationaliste occidentale, sa fascination pour le monde indien des Amériques qu’il a découvert très tôt et qui a changé sa vie (extrait de Label-France, décembre 2001) » . Une « expérience qui a changé toute ma vie, écrit-il dans son bel essai sur le rituel amérindien La Fête chantée (Gallimard, 1997), mes idées sur le monde et sur l’art, ma façon d’être avec les autres, de marcher, de manger, de dormir, d’aimer et jusqu’à mes rêves. »
« S’il y a un message à passer, c’est qu’il faut continuer à lire des romans et à se poser des questions », a affirmé l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio. C’est ainsi que s’est exprimé l’auteur du Procès-verbal lors d’une conférence de presse improvisée à Paris après l’annonce de l’attribution du prix Nobel de littérature, dans une salle...