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Cimaises Dialogue entre Picasso et ses inspirateurs au Grand Palais

Quelque 210 œuvres exécutées du XVIe siècle à 1971, en une concentration rarement égalée de chefs-d’œuvre signés de Picasso et des grands maîtres de la peinture occidentale. « Un enfant pourrait le faire ! », entend-on souvent dire lorsqu’il s’agit d’évoquer d’un trait l’art moderne. Cette réflexion rebattue, citée pour mieux la réfuter par la directrice du Musée national Picasso de Paris, Anne Baldassari, s’applique parfois à la peinture du maître. Un simple coup d’œil aux toiles de Pablo Picasso exposées au Grand Palais du 8 octobre au 2 février doit au moins suffire à mettre en pièces cette peu flatteuse remarque, que l’on aime l’artiste de Malaga ou pas. Pour le reste, l’exposition « Picasso et les maîtres », dont Anne Baldassari est l’une des deux commissaires, dit bien son propos : confronter l’œuvre du plus célèbre peintre du siècle précédent avec celles de maîtres anciens. « Il ne s’agit pas là simplement de la célébration de Picasso, grand génie du XXe siècle présenté dans son panthéon de maîtres, mais de l’intime dialogue qui le lie et l’oppose à ses pères, à ses pairs », explique-t-elle dans le catalogue de l’exposition. Montée à l’initiative du musée Picasso de Paris, l’exposition propose un parcours rythmé par plus de 200 toiles, assurées à hauteur de deux milliards d’euros, et offrant le plus souvent au visiteur l’occasion d’embrasser d’un même coup d’œil les filiations thématiques et artistiques entre Picasso et les maîtres, par-delà les différences de langage pictural. Il y a bien sûr des témoignages de ce que l’on connaît le mieux de Picasso, périodes bleue et rose, cubisme et l’emblématique et très personnelle déstructuration des motifs. Plus surprenant, on trouve aussi des toiles « à la manière de », tel un Autoportrait à la perruque remontant à 1897 – Picasso est né en 1881 et décédé en 1973 — ou encore Le retour du baptême (La famille heureuse), toile de 1917 dont le titre est homonyme d’un tableau de Louis le Nain. Picasso en retient quelques éléments pour les traiter à la manière pointilliste. « L’exposition est un tressage de relations, un entremêlement de sources, de relations, de regards », expliquait Anne Baldassari. Picasso et Rembrandt, Delacroix, El Greco La première salle est à elle seule un résumé saisissant de l’évolution de l’artiste au travers d’autoportraits de 1897, 1901, 1930 et 1971 insérés entre ceux de Rembrandt, Delacroix ou Le Greco, entre autres. On y apprend, si l’on ne le savait déjà, que Picasso a touché à tous les styles et tous les genres : gravures, natures mortes, nus, grandes compositions, portraits. Il ressort de la vision de ces œuvres une impressionnante puissance chromatique, que ce soit dans les fameux Tarots, portraits de personnages en pied qu’avait ainsi surnommés André Malraux, ou dans les variations. L’exposition donne à voir en particulier celles des Ménines (1957), d’après le tableau homonyme de Vélazquez, où Picasso se montre autant virtuose dans le gris que dans la couleur. « Picasso et les maîtres » veut aussi donner au public le goût d’aller voir sur place les œuvres déplacées au Grand Palais. « 60 % des œuvres (exposées) ici sont en France. L’idée est de ramener le public vers ces collections », dit Baldassari. L’autre but de l’exposition, du point de vue de la commissaire, est de donner à Picasso la place qui lui revient. Quand on lui fait remarquer que l’artiste est connu du monde entier, y compris de gens qui n’ont pas beaucoup de culture picturale, elle répond : « Tout le monde connaît Picasso ; il est à la fois dominant, parce qu’il a été “cannibalisé” par les médias dans les années 50 ; mais il est à la fois méconnu. » Quant à l’opportunité de monter une exposition didactique plutôt qu’une rétrospective pure et simple, elle affirme : « Des rétrospectives Picasso, on en fait sans cesse. La confrontation (de Picasso) avec ses maîtres donne une dimension supplémentaire. Nous sommes au début du XXIe siècle, il était temps de mettre Picasso à sa juste place dans l’histoire de l’art ; c’est un autre regard. » Wilfrid EXBRAYAT (Reuters)
Quelque 210 œuvres exécutées du XVIe siècle à 1971, en une concentration rarement égalée de chefs-d’œuvre signés de Picasso et des grands maîtres de la peinture occidentale.
« Un enfant pourrait le faire ! », entend-on souvent dire lorsqu’il s’agit d’évoquer d’un trait l’art moderne. Cette réflexion rebattue, citée pour mieux la réfuter par la directrice...