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Franchement

Le goût du français, la couleur du français, mais ce n’est pas du français, hé ! c’est du francophone. En plus de tous nos tracas identitaires, il faut encore que nous ayons des doutes sur la nature de cette langue qui justement, pour la plupart d’entre nous, est une seconde nature. Voilà que le français, cet alcool fort où nous croyons distiller nos désespoirs et nos exaltations, nous est compté comme un thé au lait, petit doigt levé, une pâle copie de la substance originale. Au Liban, on roule les « r » comme les Normands ; on mélange les langues comme les Corses ; on y ajoute les mains comme les Marseillais, mais finalement, à l’oreille de l’administration, cela bruit toujours « comme » du français sans en avoir l’ADN. À l’heure où le Liban se prépare à accueillir les VIes Jeux de la francophonie, force est de constater le recul du français dans ce petit pays qui a longtemps considéré cette langue comme sa deuxième langue officielle. Jugé difficile par une génération que les sirènes de l’anglais séduisent avec une syntaxe plus dynamique et des valeurs plus populaires, le français inspire une certaine méfiance. Il charrie dans ses casseroles une image empesée qui déteint sur ses adeptes. Les francophones du Liban, population insulaire, défendent malgré tout avec une âpreté de puristes cette culture pour laquelle ils sont parfois dénigrés. Pour autant, leurs textes ne seront jamais considérés comme écrits en français. Juste en francophone, mais quelle langue est-ce ? Procès douteux ? L’idée de la francophonie, initiée par L.S. Senghor, n’était pas mauvaise au départ. Il s’agissait de réunir sous une bannière fictive tous les pays ayant en commun l’usage de la langue française. Mais il y a eu dérive. Depuis lors, tout ouvrage écrit en français par un non-Français est classé « francophone », citoyen d’une planète hagarde, qui ne trouve sa place ni en littérature étrangère ni dans les œuvres traduites. Du côté de l’anglais, la question ne s’est jamais posée de savoir si un auteur écrit en « anglophone ». Un cat est appelé un cat. Tout simplement ¦ Fifi Abou Dib
Le goût du français, la couleur du français, mais ce n’est pas du français, hé ! c’est du francophone. En plus de tous nos tracas identitaires, il faut encore que nous ayons des doutes sur la nature de cette langue qui justement, pour la plupart d’entre nous, est une seconde nature. Voilà que le français, cet alcool fort où nous croyons distiller nos désespoirs et nos exaltations,...