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Rentrée littéraire Tristan Garcia croque les générations perdues Colette KHALAF

Jeune écrivain, Tristan Garcia a choisi pour sa première œuvre de brosser le portrait de la génération sida. En larmes et en rires. « La meilleure part des hommes » (éditions Gallimard) est une sorte de pied de nez à la vie. « Les années 1980 furent horribles pour toutes formes d’esprit et de culture, exception faite des médias, de la télévision, du libéralisme et de l’homosexualité en Occident, écrit Tristan Garcia en préambule de La meilleure part des hommes. Alors que la musique électronique envahit les radios, que Barthes tire sa révérence au moment où la déconstruction s’impose en philosophie ; que la politique s’enfonce dans la déliquescence, la communauté gay, elle, s’agite, débat et s’émancipe. L’heure est à la fête (...) C’était nos sixties, notre foutue libération des mœurs. » Et pourtant ce jeune écrivain, qui signe son premier roman, n’était pas témoin de cette époque qui se situait à la charnière de l’histoire de la liberté sexuelle. Dans une époque qui semble follement « gaie » surgit en quatre lettres majuscules l’une des plus grandes maladies du siècle. L’apparition du sida stoppe la folie créatrice de ce moment de « grande joie » faisant au passage s’affronter deux « générations perdues » qui vont revendiquer respectivement le droit à la vie, d’une part, et à la mort, de l’autre. Si Garcia assure « que ces quatre personnages n’ont jamais existé ailleurs que dans les pages de ce roman » et qu’il n’a jamais effectué des recherches sur l’époque décrite, la presse française affirme le contraire et semble avoir dévoilé l’identité des portraits que l’auteur a brossés. Du drôle, du sombre, des douleurs, des larmes, mais surtout un vent de folie qui plane dans cette chronique d’une époque (qui rappelle pourtant l’actuelle), narrée avec un style branché, grinçant et très proche de l’oralité. Il y a d’abord Dominique Rossi, ex-« prince de la nuit » et journaliste issu des milieux d’extrême gauche, qui fonde, au milieu des années 1980, « Stand », un mouvement d’émancipation et de prévention contre le sida ; Jean-Michel Leibowitz (Leibo) ensuite, marié et père de deux enfants, philosophe, qui va glisser peu à peu à droite ; William Miller (Will), adepte des rapports non protégés et poète maudit rimbaldien, jouant la provoc’, ce qui fera de lui l’icône sulfureuse d’une partie du milieu gay. Et enfin, pour quatrième personnage et pour mieux confirmer son côté spectateur et non acteur, l’écrivain prête son rôle à Elizabeth Levallois, la narratrice. Journaliste culturelle à Libération, amie de Doumé, confidente de Will et maîtresse de Leibo, c’est elle qui observe, écoute et relate, sans donner aucun jugement. C’est elle, enfin, qui assiste à l’amour et à la haine des hommes. « Le trésor d’un homme est-il dans ce qu’il laisse – des sentiments, des certitudes, des objets, des images et des gestes – ou dans ce qu’il garde ? » Après avoir plongé le lecteur dans la noirceur d’une époque où l’amour flirtait avec la mort, Tristan Garcia ressort avec cette simple question où il invite ce même lecteur à découvrir la meilleure part des hommes. Souvent inexplorée.
Jeune écrivain, Tristan Garcia a choisi pour sa première œuvre de brosser le portrait de la génération sida. En larmes et en rires. « La meilleure part des hommes » (éditions Gallimard) est une sorte de pied de nez à la vie.
« Les années 1980 furent horribles pour toutes formes d’esprit et de culture, exception faite des médias, de la télévision, du libéralisme et...