Ne coupez pas !… Raymond NAHAS

Notre jeune ministre de l’Énergie, dès son entrée en fonction, a essayé de trouver une solution aux problèmes d’électricité qui, depuis plus de 30 ans, hantent les jours – et les soirs ! – des Libanais de tous bords et transforment leurs vies en un problème permanent. Il est vrai que le plus facile aurait été de priver de courant les régions qui refusent de payer leurs factures, ce qui obligerait leurs habitants, ou éventuellement leurs partis, à payer les factures en retard. Au lieu de quoi, encore une fois, on s’attaque à la partie la plus faible, celle de la majorité silencieuse de ce Grand-Beyrouth, une ville qui, depuis des dizaines d’années, accepte tous les diktats pour éviter une guerre interne entre les différentes communautés qui composent sa mosaïque. Cher ministre, vous avez l’air d’un brave jeune homme et nous pensons que vous espérez contenter tous les gens. Mais de grâce, prenez en considération que nous, habitants du Grand-Beyrouth, subissons depuis trop longtemps ce problème. Nous avons adapté notre vie sociale et familiale à ces trois heures quotidiennes et voilà que maintenant il faut tout changer. Selon un petit sondage réalisé dans notre quartier, 50 % des moteurs sont en panne et 30 % ne peuvent supporter quatre heures d’affilée de coupure. De plus, à cause de tous ces arrêts, nous n’avons plus de lave-vaisselle, notre lave-linge est en panne, notre micro-ondes est agonisant et notre réfrigérateur est réduit à l’état de simple glacière. Dans tous les pays civilisés, ces pannes continuelles de courant, qui détraquent tous les appareils électriques, pourraient faire l’objet d’un procès en bonne et due forme contre l’État pour destruction de matériel ménager. Je préfère ne pas imaginer les malédictions qui fusent de toutes parts contre ce nouveau programme et nous souhaitons de tout cœur, car nous apprécions notre jeune ministre, qu’il rétablisse sans tambour ni trompette l’ancien programme de trois heures quotidiennes, en attendant la bénédiction divine qui remettrait les choses au point. Article paru le vendredi 3 octobre 2008