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Actualités - OPINION

Salaire (vraiment) minimum Jean-Paul MOUBARAK

Nous l’attendions avec impatience depuis mai. Nous nous impatientions comme des enfants auxquels on refuse une friandise tant attendue. Nous tapions du pied, nous hurlions au massacre de nos âmes jusqu’à nous décrocher la mâchoire : « Halte à la pauvreté ! Non à la cherté de vie ! Nous en avons assez  ! » Et maintenant, elle est arrivée comme un cadeau, comme une pluie après la sécheresse, comme un cadeau de rentrée. Ils ont voté la hausse des salaires. Ils l’ont enfin fait. Mais nous continuons à rechigner face à l’injustice terrible à laquelle ils nous ont soumis. Ce n’est pas assez ! Mais autant dire, comme Bécaud : « Et maintenant, qu’allons-nous faire de tout ce temps que sera notre vie ? » Enfin disons de cet insuffisant montant qui nous permet de survivre et de clôturer nos fins de mois joyeusement. Trêve de plaisanteries. Est-ce assez ? Nous n’allons pas nous plaindre. De nos jours, ça ne sert plus à rien. D’ailleurs, même quand on le fait, on n’a pas toujours ce qu’on veut. La preuve... Disons que ces quelques milliers de livres ne nous tireront sûrement pas de la dèche, n’enrayeront pas la crise économique du pays et n’encourageront pas le pouvoir d’achat (décidément, on en apprend des expressions en regardant les nouvelles de France 2). Ce n’est pas parce qu’on a 200 000 LL en plus qu’on pourra se payer un truc supplémentaire en fin de mois. Déjà que parfois on nous accuse de vivre au-dessus de nos moyens et que nous ne sommes jamais satisfaits. Forcément, c’est le propre de l’homme normal et bien constitué d’être éternellement insatisfait. Et puis il y a des employeurs qui ont trouvé le moyen de dire qu’ils n’ont pas les moyens de hausser les salaires (déjà dérisoires) de leurs employés à moins que, et pour qu’il y ait une parfaite égalité, d’en mettre certains au chômage pour placer les élus qui seront restés dans l’entreprise à un niveau égal. Notez que souvent certaines entreprises n’ont pas les moyens de relever les salaires. Par contre, quand il s’agit de faire un plan d’expansion, les caisses sont larges. C’est la loi du capitalisme, me diriez-vous. Je l’admets. Mais favoriser certains au détriment d’autres, je dis non ! Un humoriste disait, non sans une certaine clairvoyance et beaucoup de bon sens  : « Les injustices, ce sont les privilèges des autres » – des chefs entre autres. Forcément, ce ne sont pas les grands pontes qui se plaindront de leur rémunération. Ceux-là peuvent être satisfaits, encore que... Là aussi il y en a qui trouveront moyen de se plaindre que la vie est dure. Évidemment, dure, je trouve que la vie l’est pour les gens qui habitent les beaux quartiers chics alors que leurs employés, eux, connaissent des fins de mois difficiles. À les voir, j’aurais presque envie de faire la manche pour les aider. Enfin personne n’est parfait. Pour revenir à nos 200 000 LL qui vont nous enrichir et nous permettre de lutter contre l’inflation et la cherté de vie, et sans lesquelles nous crèverions de faim en fin de mois, je ne nie pas qu’elles sont d’une importance capitale pour les employés et les ouvriers. Au contraire, elles constitueront souvent une aide vitale pour eux. Sauf qu’il ne faut pas oublier une chose : il nous a fallu plus de dix ans pour réaliser combien notre salaire minimum mérite son qualificatif et pour l’adapter au niveau de vie. Oublieront-ils que cette cherté évolue de plus en plus et qu’il faudra réduire le laps de temps la prochaine fois ? Parce que augmenter le revenu minimum chaque quinze ans n’est pas une moyenne acceptable, surtout dans ces proportions. Article paru le samedi 20 septembre 2008
Nous l’attendions avec impatience depuis mai. Nous nous impatientions comme des enfants auxquels on refuse une friandise tant attendue. Nous tapions du pied, nous hurlions au massacre de nos âmes jusqu’à nous décrocher la mâchoire : « Halte à la pauvreté ! Non à la cherté de vie ! Nous en avons assez  ! » Et maintenant, elle est arrivée comme un cadeau, comme une pluie après...