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Actualités

Droits de l’homme Cent vingt prisonniers libanais croupissent dans la prison de Palmyre Nada MERHI

Le dossier des Libanais détenus en Syrie connaît des rebondissements, sans qu’une solution efficace et sérieuse ne pointe à l’horizon. Un témoin affirme que 120 Libanais sont toujours en vie. « Je m’appelle Milad. Je suis un soldat de l’armée. Je suis détenu depuis vingt-cinq ans. Mes parents n’ont pas de nouvelles de moi. Nous sommes 120 Libanais, détenus depuis plusieurs années. » Omar Yéhia, ancien détenu libanais, arrêté le 6 juin dernier dans la région de Jdeidet Yabouss sur la frontière libano-syrienne et libéré il y a près d’une semaine, est le seul témoin de ces aveux que lui a confiés un coprisonnier à travers la paroi d’un mur qui sépare deux cellules dans la prison de Palmyre. Par ces quelques mots, qu’il a rapportés à Solide (Soutien aux Libanais détenus en exil) et au Comité des parents des détenus libanais en Syrie, Omar Yéhia vient confirmer que de nombreux Libanais croupissent encore dans les prisons syriennes. Des propos démentant les allégations de Damas qui persiste à nier avoir dans ses prisons des Libanais toujours en vie. Mais envahi par la peur (très justifiée d’ailleurs), Omar a décidé juste avant la conférence de presse organisée hier au jardin Gebran Khalil Gebran, place Riad el-Solh, de ne plus témoigner devant les médias des conditions de sa détention… et de celle des autres détenus. « Les victimes de disparition forcée au Liban se comptent par milliers, mais nous insistons toujours sur les détenus en Syrie parce que nous avons la certitude que certains sont encore en vie (…) et la priorité va donc aux vivants », a déclaré Ghazi Aad, porte-parole de Solide, qui s’exprimait au nom de quatre ONG, Solide, le Comité des parents des détenus libanais en Syrie, le Comité des parents des personnes enlevées et disparues au Liban et le Centre libanais pour les droits de l’homme. « Omar Yéhia a été arrêté et conduit en Syrie le 6 juin 2008 sans que les autorités libanaises n’en soient averties, a-t-il ajouté. Il a été libéré trois mois plus tard, sans que les autorités libanaises n’en prennent pour autant conscience. Son nom figurait sur la liste des 34 prisonniers détenus dans les prisons militaires et remise par Damas au comité judiciaire libanais, au moment où Omar quittait sa cellule à Palmyre et se dirigeait vers le Liban, également à l’insu des services de sécurité et judiciaires libanais. » Déplorant les pratiques syriennes « qui n’ont pas changé depuis les années de tutelle », Ghazi Aad a mis en garde contre un piège qui serait dressé à Jdeidet Yabouss, « où de nombreux Libanais sont ou pourraient être menés dans des prisons syriennes, à l’insu des autorités libanaises ». Ghazi Aad a remarqué par ailleurs que les discours politiques confondent « consciemment ou par ignorance » le dossier des détenus et celui des disparus. Il a expliqué dans ce cadre que selon la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, adoptée le 20 décembre 2006 par les Nations unies, et la clause 23 de la déclaration ministérielle, « ces deux dossiers forment une seule et même cause qui porte le nom de disparitions forcées ». En ce qui concerne les dernières listes remises par la Syrie au Liban, Ghazi Aad a constaté que sur les 107 noms présentés, « seuls 40 figuraient sur la liste de Solide remise à Damas par le comité judiciaire libanais et dont la présence a toujours été démentie ». « Soudainement, la Syrie reconnaît l’existence de Libanais dans ses prisons et de nouveaux noms ont surgi dont nous ignorions même l’existence, ce qui prouve que le nombre de personnes disparues dépassera de loin celui que nous avons présenté », a affirmé Ghazi Aad. « Les autorités libanaises sont coupables de négligence à l’égard de leurs citoyens, puisqu’elles ignorent l’existence de Libanais dans les prisons syriennes, a-t-il encore insisté. Elles sont dans un état de léthargie totale, notamment en ce qui concerne la détention et la libération des Libanais. » Se prononçant au nom des quatre ONG, Ghazi Aad a enfin appelé le gouvernement à œuvrer pour « libérer les Libanais dont le nom figure sur les listes présentées récemment par Damas », à « insister auprès des autorités syriennes pour dévoiler le sort des personnes victimes des disparitions forcées et qui croupissent dans leurs prisons », comme à former une commission d’enquête nationale, qui comporterait, aux côtés des représentants du gouvernement, des représentants des comités des parents des disparus et des ONG qui travaillent sur le dossier. Le président du Centre libanais pour les droits de l’homme, Wadih Asmar, a pour sa part critiqué la commission mixte libano-syrienne dont l’activité « manque de transparence ». De son côté, Wadad Halawani, présidente du Comité des parents des personnes enlevées et disparues au Liban, a appelé le gouvernement et les responsables à traiter le dossier et les parents des détenus et des disparus avec lus « d’humanité et de respect ».
Le dossier des Libanais détenus en Syrie connaît des rebondissements, sans qu’une solution efficace et sérieuse ne pointe à l’horizon. Un témoin affirme que 120 Libanais sont toujours en vie.
« Je m’appelle Milad. Je suis un soldat de l’armée. Je suis détenu depuis vingt-cinq ans. Mes parents n’ont pas de nouvelles de moi. Nous sommes 120 Libanais, détenus depuis plusieurs...