Derrière la légende, l’homme Joan Crawford

Elle s’appelle Lucille Fay le Sueur, mais tout le monde la connaît sous le nom de Joan Crawford. Elle aura été une des stars les plus symboliques de l’âge d’or d’Hollywood avec une carrière couvrant, sur plus de 40 ans, les différentes époques des grands studios américains. Seule vedette du muet qui soit demeurée encore une grande star au cours des années 60, elle aura été l’étoile qui a brillé le plus longtemps, campant avec autant de talent les filles délurées des années folles, les jeunes femmes arrivistes dans les années trente et les femmes victimes dans des mélodrames des années 40 et 50. Sa métamorphose commence donc dès que son nom de scène est choisi. Dès lors, Louis B. Mayer, le directeur de la MGM, bichonne Lucille, devenue Joan, et la coule dans un moule. Les esthéticiennes des studios se mettent au travail. L’image est créée. Elle copie l’allure de Gloria Swanson et se fait la bouche de Mae Murray. On accentue le relief de ses pommettes, épile et arque ses sourcils. La comédienne subit des interventions chirurgicales pour redresser ses dents et se soumet à des régimes draconiens et à un entraînement physique sévère. Elle est confiée aux bons soins du brillant costumier Adrian, qui se charge, en 1929, de créer le style « Crawford » : glamour et sexy. Mais derrière ce masque se cache la petite fille d’origine modeste, battue par ses proches et humiliée dans sa vie quotidienne, et qui n’avait qu’une seule idée en tête : sortir de la misère. Elle aura galéré toute sa vie, s’étant battue contre les aléas du cinéma parlant et ses rivales, notamment Bette Davies. Mais la Crawford aura réussi à s’imposer et à imposer un style. Côté privé, l’actrice, ne pouvant avoir d’enfants, adopte trois filles et un garçon (Christina, Kathy, Cindy et Christopher). À sa mort en 1979, sa fille Christina publie une biographie, Maman très chère  (Mommy Dearest), où elle dévoile les secrets des relations ratées entre la star et ses enfants. Ce livre, qui fait l’objet d’une adaptation avec Faye Dunaway, nous fait dire que derrière la légende, il y a l’homme.