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Exposition Jacques Villeglé et l’art de l’affiche lacérée au Centre Pompidou

Jacques Villeglé, 82 ans, a toute sa vie arraché des murs les affiches déjà lacérées par des mains anonymes ou abîmées par les intempéries, pour composer d’immenses tableaux colorés. Le Centre Pompidou lui rend hommage avec la première rétrospective de son œuvre réalisée en France. « Jacques Villeglé, la comédie urbaine » présente, jusqu’au 5 janvier, quelque 120 œuvres de l’artiste, de la première affiche lacérée conçue en 1949 à la dernière de 2003, ainsi que ses « graphismes sociopolitiques », jeux graphiques sur l’alphabet que l’artiste poursuit toujours. Membre fondateur du groupe des Nouveaux réalistes en 1960, avec Arman et Yves Klein notamment, Villeglé – de son vrai nom Jacques Mahé de la Villeglé – est l’auteur d’une œuvre « totalement originale, qui est à redécouvrir », indique à l’AFP la commissaire de l’exposition, Sophie Duplaix. Tout au long de sa carrière, l’artiste originaire de Bretagne, qui a étudié aux Beaux-Arts de Rennes puis de Nantes, a arraché les affiches collées par couches sur les palissades et les murs des villes. Les « affiches m’ont tout de suite intéressé. J’ai compris qu’avec elles, on verrait l’évolution du monde, on verrait les mots changer, on verrait de nouvelles couleurs », dit l’artiste interrogé par l’AFP. C’était aussi une manière de réagir contre l’abstraction, courant pictural de l’époque, dit-il. C’est avec son ami le plasticien Raymond Hains, aujourd’hui décédé, qu’il décolle sa première affiche, en 1949, à Paris. Très attiré d’abord par les jeux de lettres, qui lui rappellent le cubisme, l’artiste se détermine ensuite en fonction de son humeur, sélectionnant un ensemble de formes, ou de couleurs, d’associations plus ou moins incongrues. Villeglé décolle ensuite entièrement la superposition d’affiches et colle le tout sur une toile. Quelquefois, « je cadre comme un photographe cadre ses photos », dit l’artiste mais « il n’y a pas d’intervention sur l’affiche. Chez les Nouveaux réalistes, j’étais considéré comme un paresseux, à l’inverse de Jean Tinguely (plasticien suisse, Nouveau réaliste), qui travaillait, travaillait... », dit-il en souriant. Villeglé « s’approprie le geste créateur des autres », dit Mme Duplaix. Pour lui, il s’agit de « se reposer sur cette création faite par autrui, une attitude très novatrice à laquelle il s’est tenu toute sa vie », contrairement à des compagnons de route tels que Hains ou Mimmo Rotella. Le parcours de l’exposition est à la fois chronologique et thématique. Les œuvres, quasiment toutes de très grand format et très colorées, sont mises en valeur par les murs blancs. Certaines sont totalement abstraites, compositions de jaunes, de rouges, de bleus. D’autres présentent des couleurs douces, nuageuses, car les couches de papier ont été détrempées par la pluie. Des morceaux d’affiches publicitaires se télescopent avec des slogans ou des photographies d’hommes politiques, dont l’image a été détournée par des anonymes. La fin des années 1980 a été pour Villeglé un « âge d’or ». Il y avait « beaucoup d’affichage sauvage », dit-il. Le soir des élections présidentielles en avril 1988, « j’ai pris un camion, cinq types et nous sommes allés faire un tour. En une heure, j’ai fait toute une exposition », s’amuse-t-il. Des films expérimentaux réalisés par l’artiste et reconstitués par le Centre, ainsi qu’un documentaire sur son œuvre sont également présentés. Fabienne FAUR (AFP)
Jacques Villeglé, 82 ans, a toute sa vie arraché des murs les affiches déjà
lacérées par des mains anonymes ou abîmées par les intempéries, pour composer d’immenses tableaux colorés.
Le Centre Pompidou lui rend hommage avec la première rétrospective de son œuvre réalisée en France.
« Jacques Villeglé, la comédie urbaine » présente, jusqu’au 5 janvier,...