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Doha a remis ses revendications au goût du jour, souligne l’International Crisis Group L’électorat chrétien tiendra un rôle central et décisif en 2009 Lélia Mezher

L’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG) a publié dernièrement un rapport intitulé «?La nouvelle équation libanaise?: le rôle central des chrétiens?». Le document insiste surtout sur les possibilités de changement qui pourront résulter des élections législatives de 2009 et explique pourquoi la communauté chrétienne se doit de jouer désormais un rôle de premier plan. Le rapport commence par souligner que le rôle politique de cette communauté s’est «?considérablement érodé au cours des dernières décennies?», mais qu’elle est «?aujourd’hui amenée à jouer un rôle décisif?». Pour l’ONG, c’est l’accord de Doha – signé après les événements de mai 2008 – qui aura permis aux chrétiens de recouvrer un poids politique important. Cet accord signé au Qatar «?offre à la communauté chrétienne l’occasion de retrouver une place importante sur l’échiquier politique et de mettre en avant des revendications longtemps ignorées. Déjà, les chrétiens ont obtenu des portefeuilles-clés dans le nouveau gouvernement formé le 12 juillet 2008. Mais l’accord de Doha va bien au-delà?». L’ICG relève que cet accord a permis d’ouvrir la voie à «?trois changements importants?»?: consolidation du rôle du président de la République, mise en place d’une loi électorale plus favorable à cette communauté et, enfin, réaffirmation des revendications chrétiennes fondamentales. En ce qui concerne la magistrature suprême, l’accord de Doha a «?permis à la communauté de recouvrer une institution-clé qui lui revient de droit, mais dont l’influence effective a été considérablement affaiblie par les événements qui ont secoué le pays depuis 2004?». Ainsi, «?le nouveau président sera courtisé par l’ensemble de la classe politique, soucieuse des choix qui seront les siens sur les principaux dossiers de son début de mandat, à savoir l’initiation d’un dialogue sur une stratégie de défense nationale (devant à terme intégrer les armes du Hezbollah), la préparation des élections parlementaires de 2009 et la redéfinition des relations syro-libanaises fondées sur le respect mutuel de la souveraineté?» des deux pays. L’ONG souligne d’autre part le changement qui va être opéré grâce à l’adoption d’une loi électorale, qui cette fois sera plus favorable à la communauté chrétienne. Jusque-là, explique le rapport, «?le découpage des circonscriptions obligeait la vaste majorité des candidats chrétiens à forger des alliances avec les grands partis musulmans, dont l’électorat faisait pencher la balance?». Or, avec la nouvelle loi, «?la plupart des députés chrétiens seront élus dans des circonscriptions dominées par leur propre communauté?» et cela leur conférera, par conséquent, «?une capacité d’arbitrage entre le pôle dominé par le Courant du futur et celui constitué autour du Hezbollah?». Le rapport met ensuite en relief l’importance du rôle chrétien et de son vote qui «?s’avérera déterminant dans l’émergence d’un nouveau rapport de force?» car, dans le système libanais, «?le poids respectif des formations politiques au sein du Parlement se reflète dans la composition du gouvernement?». L’ICG met toutefois un bémol à ces changements en soulignant la possibilité d’un scénario totalement différent?: «?Que des violences ou des irrégularités massives empêchent la tenue du scrutin ou entachent sa légitimité.?» La troisième conséquence positive de l’accord de Doha pour la communauté chrétienne est, selon l’ONG, la «?réaffirmation des revendications chrétiennes fondamentales, reprises par le président Sleiman dans son discours d’investiture et brandies par le général Michel Aoun, leader autoproclamé de la communauté, dans une plate-forme électorale visant à rassembler une large coalition chrétienne?». Le rapport énumère ensuite ces revendications?: «?Les réformes longtemps ajournées de l’appareil d’État (notamment sa décentralisation), le renforcement de la présidence, une meilleure représentation des chrétiens dans la haute fonction publique, un rejet de la naturalisation des Palestiniens et une aide au retour des déplacés et exilés chrétiens.?» «?Ces thématiques, qui préoccupent les chrétiens de longue date, n’ont jamais été à ce point au cœur du débat. Le besoin pour les grands acteurs musulmans de courtiser – ou fidéliser – des alliés chrétiens suggère que certaines d’entre elles pourraient enfin être satisfaites?», déduit le rapport. Le texte note également que, contrairement au «?rééquilibrage du système politique?» opéré par Taëf et qui était «?profondément défavorable?» à la communauté chrétienne, car «?le?président y perdait plusieurs de ses prérogatives, tandis que le nombre de sièges parlementaires réservés aux chrétiens était ramené de 60 à 50 pour cent?», Doha a permis à ces derniers d’avoir un rôle central, notamment au niveau électoral, puisque «?les élections parlementaires de 2009 révéleront (…) l’état des forces en présence. En ce sens, l’électorat chrétien, dont les orientations sont de loin les moins prévisibles du champ politique, a un rôle décisif à jouer?». Cet électorat «?sera peut-être en mesure de faire avancer des revendications qui lui ont longtemps été chères et d’assurer que l’arbitrage des conflits politiques passe par les institutions et non à leurs dépens – par les urnes plutôt que par les armes. Venant dans le sillage d’une guerre civile meurtrière et d’une autre à peine évitée, ce serait en soi déjà une remarquable réussite?», conclut le rapport.
L’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG) a publié dernièrement un rapport intitulé «?La nouvelle équation libanaise?: le rôle central des chrétiens?». Le document insiste surtout sur les possibilités de changement qui pourront résulter des élections législatives de 2009 et explique pourquoi la communauté chrétienne se doit de jouer désormais un rôle de...