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La « diplomatie du football » marque un essai, reste la transformation Vent d’optimisme en Turquie après la visite historique de Gül en Arménie

Le président turc, Abdullah Gül, est revenu de sa visite historique en Arménie avec des espoirs de normalisation des relations tumultueuses entre les deux nations, espoirs exprimés hier également par la presse turque et européenne qui saluait la « diplomatie du football ». M. Gül est le premier président turc à s’être rendu en Arménie depuis l’indépendance en 1991 de cette ex-république soviétique. Il a rencontré samedi son homologue Serge Sarkissian, avec lequel il a assisté à Erevan au match aller Turquie-Arménie de qualification pour le Mondial 2010 de football. M. Sarkissian a annoncé que M. Gül l’avait à son tour invité en Turquie pour le match retour Turquie-Arménie. « Je pense que ma visite a démoli une barrière psychologique dans le Caucase » s’est félicité M. Gül à son retour d’Arménie, pays avec lequel la Turquie n’entretient pas de relations diplomatiques en raison d’une acerbe querelle sur le caractère des massacres d’Arméniens commis entre 1915 et 1917 sur le territoire de l’Empire ottoman. M. Gül s’est dit « heureux » d’être « d’accord avec la partie arménienne sur la nécessité d’un dialogue pour faire tomber les obstacles, afin d’améliorer les relations bilatérales ». Dans cette optique, les chefs de la diplomatie arménienne et turque, Édouard Nalbandian et Ali Babacan, se rencontreront fin septembre à New York, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, a fait savoir hier le ministère arménien des Affaires étrangères. La presse turque d’hier saluait la visite de M. Gül avec enthousiasme, tandis que la discrétion était de mise en Arménie, en l’absence de presse dominicale. La télévision ne faisait, elle, aucun commentaire. Le quotidien conservateur turc Zaman titrait sur une « nouvelle ère » dans les relations bilatérales et le journal populaire Milliyet se félicitait d’« un début plein d’espoir ». En Europe, le président en exercice de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy, a salué « un geste courageux » des deux pays « alors que la région traverse une crise grave », faisant allusion aux tensions russo-américaines autour du conflit en Géorgie. Certains journaux estimaient que le sport avait permis de faire avancer la diplomatie, à l’image du quotidien italien La Repubblica, décrivant « un match qui a aplani la route vers la diplomatie et vers un rapprochement décisif entre Ankara et Erevan ». Un avis partagé en Espagne par le quotidien El Pais, et le journal conservateur ABC pour lequel « la Turquie marque un but historique dans la “diplomatie du football” ». Des analystes estimaient que cette visite ne suffirait pas à résoudre les problèmes aux racines profondes entre les deux pays, mais qu’elle permettrait toutefois d’accélérer les efforts de réconciliation. « Les pourparlers ont montré qu’il était indispensable de poursuivre les contacts », estimait hier l’analyste arménien Sergueï Charkariants. Attention, souligne toutefois l’analyste politique Cengiz Candar, de ne pas décevoir les espoirs de normalisation. « La déception sera grande si le rapprochement amorcé par le football n’est pas suivi par l’établissement de relations diplomatiques et l’ouverture des frontières », met-il en garde. L’Arménie estime que les massacres commis sous l’Empire ottoman ont fait jusqu’à 1,5 million de morts et constituent un « génocide », une position adoptée par plusieurs pays, dont la France, mais catégoriquement rejetée par la Turquie. La Turquie a fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993 pour soutenir l’Azerbaïdjan turcophone dans son conflit avec l’Arménie sur la région du Nagorny-Karabakh, enclave peuplée d’Arméniens en territoire azerbaïdjanais, dont la sécession a conduit à une guerre entre les deux pays.
Le président turc, Abdullah Gül, est revenu de sa visite historique en Arménie avec des espoirs de normalisation des relations tumultueuses entre les deux nations, espoirs exprimés hier également par la presse turque et européenne qui saluait la « diplomatie du football ».

M. Gül est le premier président turc à s’être rendu en Arménie depuis l’indépendance en 1991...