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Cinéma - Un palmarès «?de compromis?» et beaucoup de faiblesses, selon la presse et les critiques «?The Wrestler?», Lion d’or de la 65e Mostra grâce au bouleversant Mickey Rourke

L’Américain Darren Aronofsky a remporté le Lion d’or avec le film le plus acclamé de la 65e Mostra, «?The Wrestler?», bouleversant portrait d’un vieux catcheur abîmé par les combats, qui offre à la star des années 80 Mickey Rourke un superbe come-back. «Je remercie Mickey Rourke d’avoir ouvert son âme et son cœur devant la caméra, en rappelant au monde entier quel acteur extraordinaire il est?», a déclaré Darren Aronofsky en recevant son prix des mains du président du jury, l’Allemand Wim Wenders, dont les films ont été pour lui une «?source d’inspiration?». «?Certains des membres du jury sont malheureux et frustrés?», de n’avoir pu récompenser à la fois Mickey Rourke et le réalisateur, en raison d’un «?règlement qu’il faudrait modifier?», a pour sa part jugé Wim Wenders. Juste avant, un radieux Mickey Rourke avait pris le micro pour lancer : «?Je voudrais remercier le jury d’avoir pris la bonne décision !?» Ex-star des années 80 au passé tumultueux, brièvement boxeur professionnel, Mickey Rourke, bientôt 52 ans, a bouleversé le public dans ce rôle aux antipodes de celui, torride, qui l’a lancé il y a 22 ans dans 9 semaines et demie, aux côtés de Kim Basinger. «?Mon personnage est un rêveur qui vit comme une merde, dans des conditions honteuses?», a déclaré l’acteur, comparant sa vie à ce rôle. Des 21 films en lice pour le Lion d’or, c’est sans conteste The Wrestler qui a reçu l’accueil le plus enthousiaste, tant critique que public. Huit ans après avoir relaté une descente aux enfers liée à la drogue dans son plus grand succès, Requiem for a Dream (tiré du roman Last exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr), Aronofsky signe avec The Wrestler une poignante plongée dans une autre déchéance physique, celle d’un sportif. Dans la lignée des portraits de marginaux «?losers?» qui jalonnent le cinéma américain des années 70, Darren Aronofsky fait de Rourke un vieux catcheur qui ne trouve plus sa place en dehors du ring. Le film, pour lequel le grand rocker américain Bruce Springsteen a composé une chanson, dépeint de façon saisissante le revers de la médaille, les combats arrangés et la fin pathétique d’ex-vedettes parfois handicapées. Les prix d’interprétation sont allés à l’Italien Silvio Orlando, 51 ans, qui campe un père déchiré par l’incarcération de sa fille homicide dans Il papa di Giovanna de Pupi Avati, et à la Française Dominique Blanc, 46 ans, femme jalouse jusqu’à la folie dans L’Autre de Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard. L’Américaine Jennifer Lawrence a été sacrée meilleure révélation à 18 ans grâce à The burning plain de Guillermo Arriaga. À peine âgé de 32 ans, le Russe Aleksey German Jr, a remporté le prestigieux Lion d’argent de la meilleure réalisation et le prix de la meilleure photographie avec son troisième long métrage, Paper Soldier, qui relate les débuts de la conquête spatiale russe. Enfin, l’Éthiopien Haile Gerima, cinéaste-écrivain de 62 ans, a reçu le prix spécial du jury et celui du scénario pour sa fresque historique Teza, qui raconte les convulsions politiques des années 80 dans son pays. Il a exprimé sa gratitude au directeur artistique Marco Müller, pour avoir sélectionné son «?petit film venu de nulle part?», tourné avec de grandes difficultés. Cette 65e édition de la Mostra, qui s’est terminée sur un bilan mitigé, a été émaillée de fortes critiques venant de la presse internationale, la compétition étant généralement jugée très inégale. Hier, entre minipolémiques et faiblesses, la presse italienne est revenue notamment longuement sur le palmarès «?de compromis?» décerné par le jury présidé par le cinéaste allemand Wim Wenders. Pour Il Corriere della Sera, «?une chose est claire?: très peu de films ont plu aux jurés, parmi les 21 en compétition?». Composer le palmarès fut si difficile que Wim Wenders a déclaré à la presse : «?Je n’accepterai plus jamais, de ma vie entière, de participer à un jury !?» Le véritable triomphe, l’ovation debout, ont été réservés à Mickey Rourke, en cravate à pois et chemise rayée, une «?tenue de mafieux?» dont la presse s’amusait hier. Ce fut le «?seul moment de passion?» dans une soirée dépourvue de glamour et émaillée de plats discours de remerciements, tels que le Merci maman ! de la benjamine Jennifer Lawrence, estimait La Repubblica. Les fausses notes sont également venues du manque d’«?hospitalité?» du Lido et son palais du Cinéma vieillot où les projections sont de qualité médiocre, ainsi que de la faiblesse des infrastructures vénitiennes – les tarifs élevés des hôtels et restaurants, pour des prestations moyennes –, résumait Il Gazzetino. Marco Müller, qui entame un deuxième mandat de quatre ans, a suggéré d’organiser à partir de 2009 un hébergement provisoire bon marché destiné au public d’étudiants et de jeunes, passionnés de cinéma, pour qui la manifestation est très onéreuse. La baisse de fréquentation du festival cette année, qui devrait au final tourner autour de 10?% selon les chiffres donnés par les organisateurs de la Biennale, inquiète aussi. En 2009, le calendrier pourrait être modifié afin que la Mostra débute le 2 septembre et non plus dans les derniers jours d’août, ce qui inciterait davantage d’étudiants, encore en vacances fin août, d’y assister – mais la décision n’a pas encore été prise, ont indiqué les organisateurs à l’AFP. Une telle décision aurait toutefois pour effet d’accroître la concurrence, déjà vive, entre la manifestation vénitienne et le dynamique Festival de Toronto, crucial pour le marché nord-américain, qui débute traditionnellement quelques jours plus tard. Le palmarès - Lion d’or du meilleur film?: The Wrestler de l’américain Darren Aronofsky. - Coupe Volpi du meilleur acteur?: l’Italien Silvio Orlando pour son rôle dans Il papa di Giovanna. - Coupe Volpi de la meilleure actrice?: la Française Dominique Blanc pour son rôle dans L’Autre. - Lion d’argent-Prix de la mise en scène?: le cinéaste russe Aleksey German Jr pour Paper Soldier. - Prix spécial du jury?: l’Éthiopien Haile Gerima pour Teza. - Lion spécial du jury au cinéaste allemand Werner Schroeter pour l’ensemble de son œuvre. - Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune acteur?: l’Américaine Jennifer Lawrence dans The burning plain de Guillermo Arriaga. - Prix Osella du meilleur scénario?: l’Éthiopien Haile Gerima pour Teza - Prix Osella de la meilleure photographie?: les Russes Alisher Khamidhojaev et Maxim Drozdov pour Paper Soldier. ********************** Les Lions d’or depuis 1980 - 1980 : (ex aequo) Gloria, de John Cassavetes (États-Unis), et Atlantic City, de Louis Malle (France) - 1981 : Les Années de plomb, de Margarethe von Trotta (Allemagne) - 1982 : L’Etat des choses, de Wim Wenders (Allemagne) - 1983 : Prénom Carmen, de Jean-Luc Godard (France) - 1984 : L’année du soleil tranquille, de Krzysztof Zanussi (Pologne) - 1985 : Sans toit ni loi, d’Agnès Varda (France) - 1986 : Le Rayon vert, d’Éric Rohmer (France) - 1987 : Au revoir les enfants, de Louis Malle (France) - 1988 : La légende du Saint-Buveur, d’Ermanno Olmi (Italie) - 1989 : La Cité des douleurs, de Hou Hsiao-hsien (Taïwan) - 1990 : Rosencrantz et Guildenstern sont morts, de Tom Stoppard (Grande-Bretagne) - 1991 : Ourga, de Nikita Mikhalkov (URSS) - 1992 : Qiu Ju, une femme chinoise de Zhang Yimou (Chine) - 1993 : (ex aequo) Short Cuts, de Robert Altman (États-Unis), et Trois couleurs : Bleu, de Krzysztof Kieslowski (France) - 1994 : (ex aequo) Vive l’amour, de Tsai Ming-Liang (Taïwan), et Before the Rain, de Milcho Manchevski (Grande-Bretagne/Macédoine) - 1995 : Cyclo, de Tran Anh Hung (Vietnam/France) - 1996 : Michael Collins, de Neil Jordan (Irlande) - 1997 : Hana-bi, de Takeshi Kitano (Japon) - 1998 : Cosi ridevano, de Gianni Amelio (Italie) - 1999 : Pas un de moins, de Zhang Yimou (Chine) - 2000 : Le Cercle, de Jafar Panahi (Iran) - 2001 : Monsoon wedding (Le Mariage des moussons), de Mira Nair (Inde) - 2002 : The Magdalene Sisters, de Peter Mullan (Grande-Bretagne) - 2003 : Le retour, d’Andreï Zviaguintsev (Russie) - 2004 : Vera Drake de Mike Leigh (Grande-Bretagne) - 2005 : Le secret de Brokeback mountain d’Ang Lee (Taïwan) - 2006 : Still life de Jia Zhangke (Chine) - 2007 : Lust, caution d’Ang Lee (Taïwan) - 2008 : The Wrestler de Darren Aronofsky (États-Unis).
L’Américain Darren Aronofsky a remporté le Lion d’or avec le film le plus acclamé de la 65e Mostra, «?The Wrestler?», bouleversant portrait d’un vieux catcheur abîmé par les combats, qui offre à la star des années 80 Mickey Rourke un superbe come-back.
«Je remercie Mickey Rourke d’avoir ouvert son âme et son cœur devant la caméra, en rappelant au monde entier...