Clément Duhaime : « Une occasion de montrer l’image d’un Liban uni » Propos recueillis par Nada MERHI

En décidant de confier au Liban l’organisation de la sixième édition des Jeux de la francophonie qui se tiendront du 27 septembre au 7 octobre 2009 à Beyrouth, c’est une image d’un Liban uni que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) veut donner au monde. Et c’est une solidarité avec le pays du Cèdre qu’elle manifeste, par la même occasion. « Le choix du Liban est très compréhensible, affirme à L’Orient-Le Jour Clément Duhaime, administrateur de l’OIF. À l’époque du président Charles Hélou, le Liban était déjà un membre très actif de l’organisation, et l’OIF a toujours manifesté sa solidarité à l’égard du Liban. Et c’est ainsi que la communauté internationale francophone a souhaité que cette grande fête de la jeunesse, avec cette originalité du double volet sportif et culturel, se tienne au Liban. » Cette solidarité s’exprime par « une langue commune, une langue en partage », sans vouloir négliger, bien évidemment, les autres langues. « Bien au contraire, nous avons un grand respect pour la diversité, indique M. Duhaime, mais la force de notre organisation réside dans cette capacité de pouvoir communiquer ensemble malgré la différence. Même si le français n’est pas la langue maternelle de la majorité de nos pays, elle n’en demeure pas moins une langue de partage. » Vous ne craignez pas que l’instabilité politique du pays ne mène à l’annulation de l’événement ? « À aucun moment nous n’avons baissé les bras, répond M. Duhaime. Nous sommes sûrs que les Libanais vont réussir cette période à laquelle ils sont confrontés. Les jeux se dérouleront comme prévu et ce sera un succès. Il faut rester confiant. De notre côté, nous allons garder le cap. D’ailleurs, le président de l’OIF, Abdou Diouf, n’a cessé de manifester constamment son appui pour le Liban. » À treize mois du jour J, plus de 3 000 inscriptions sont recensées. « C’est la première fois qu’il y a un tel niveau de préinscription à ces jeux, remarque M. Duhaime. Il s’agit d’un autre signe de confiance de la part de la communauté internationale et de nos États. Il est important pour nous que ces jeux soient une grande fête pour les jeunes du Liban, au-delà de tous les clivages et des difficultés communautaires. » Insistant sur l’importance que jouera la communication dans cet événement, M. Duhaime note : « C’est important pour le Liban et pour la francophonie. Cela montrera que la francophonie n’est pas uniquement des réunions de chefs d’État et de Parlement avec des discussions fort importantes au niveau politique et de l’orientation, mais qu’il s’agit aussi de la jeunesse. C’est une francophonie populaire, vivante, où les jeunes du monde entier se réunissent. D’ailleurs, le tiers des pays membres des Nations unies sont au sein de l’OIF. » « Les pays auront de moins en moins la possibilité d’accueillir les Jeux olympiques à cause de leurs coûts, constate M. Duhaime. Par contre, des manifestations comme la nôtre sont de niveau international, qui permettent aux pays de bien les accueillir et aux jeunes de remporter des prix d’excellence et des médailles. Quand on a décidé de créer ces jeux en 1987, c’était dans cet esprit d’une francophonie plus proche du terrain où les jeunes vont à la rencontre de l’autre. » Les Jeux de la francophonie ne sont pas une fête politique, ni l’apanage d’un groupe ou d’un autre. C’est la fête de tout le monde, où des milliers de jeunes toutes religions, races, cultures et langues confondues se retrouvent et vont à la rencontre les uns des autres. Il s’agit d’ailleurs du credo de l’OIF, qui compte un personnel de 40 nationalités différentes.