Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Hommage organisé par les « Rencontres culturelles de Bickfaya » au couvent Saint-Joseph de Bhersaf Élie Kanaan, ce peintre qui « vit » la couleur !

Au couvent Saint-Joseph des pères antonins, Bhersaf, une très belle exposition, organisée par les « Rencontres culturelles de Bickfaya », rend hommage à l’un des grands de la peinture libanaise, Élie Kanaan. Il n’est plus besoin de présenter Kanaan, artiste – bénézité –, l’un des chefs de file de la tendance abstraite de la troisième génération de peintres libanais, au style reconnaissable entre tous, notamment par ses audacieux et profonds contrastes de couleurs et la virtuosité de sa touche à la précision d’orfèvre. Artiste prolifique, au talent reconnu aussi bien dans son pays qu’à l’étranger, notamment en France, où, après avoir fréquenté à la fin des années cinquante la fameuse Académie de la grande chaumière, il exposera régulièrement. Outre l’Hexagone, ses expositions se tiendront dans d’autres pays d’Europe, ainsi qu’à New York, São Paulo ou Moscou… Et nombre de ses toiles font aujourd’hui partie de collections privées internationales. Dans la lignée des hommages rendus les années précédentes à Chafic Abboud, Omar Onsi et Habib Srour, le comité des Rencontres culturelles de Bickfaya a donc organisé cette belle exposition, intitulée Stations dans le parcours artistique d’Élie Kanaan, pour donner à voir certaines des œuvres-clés de ce peintre, tirées justement de collections privées. Un écrin en pierres de taille Présentées dans le bel écrin que forment les vieilles pierres du couvent des antonins de Bhersaf (une bâtisse de plus de 160 ans d’âge superbement restaurée), une sélection de 55 huiles de différentes dimensions et périodes mettent en lumière trois points principaux dans le travail de Kanaan. Il s’agit – comme l’a signalé Joseph Faloughi, modérateur de la table ronde autour de l’œuvre du peintre, qui s’est tenue hier en ouverture de l’exposition (et à laquelle ont participé les critiques Jacques Assouad et Nicolas Nammar, ainsi que le peintre Ali Chams) – premièrement, d’un « travail singulier sur les couleurs qui s’inspire de celles de la nature, mais compose son propre jeu, avec des nuances et des contrastes parfaitement dosés ». Puis d’une spontanéité créatrice, cette « faculté à faire jaillir parfois en moins de deux heures une composition sur sa toile blanche ». Et enfin, de cette continuité dans la touche, le style, qui, tout en évoluant – notamment ces dernières années, de plus en plus vers l’épurement – donnent à son œuvre une facture particulière. Peintre de nuit Disposées, non de manière chronologique ou thématique, mais plutôt en fonction d’une synchronisation des couleurs, les œuvres exposées courent de 1947 à 2007. Soixante ans de peinture pour un artiste qui « vit » la couleur, au point de réaliser un grand nombre de ses œuvres de nuit, dans une quasi-obscurité ! La plus ancienne, ici présente, est tirée de la collection privée de l’artiste, dont il n’a voulu se séparer à aucun prix, pour le souvenir qu’elle présente. Il s’agit de Cavello, une petite huile peinte directement sur bois, représentant – de manière figurative – un violoniste italien qui était son voisin à Beyrouth vers la fin des années quarante. De cette même « période figurative », se détachent entre autres : un portrait de jeune fille qui figurait déjà parmi les toiles présentées au cours de sa toute première exposition individuelle, à l’Ecole des lettres, en 1951, mais encore un très beau paysage, tout en déclinaison de vert, d’une route de campagne, à la touche intense qui n’est pas sans évoquer celle de Vlaminck, dont Kanaan revendique l’influence fauve sur sa propre inspiration. Le virage de la période parisienne Parmi les tableaux intéressants à signaler, parce qu’ils racontent souvent une tranche de vie du peintre : Strasbourg Saint-Denis, du nom du quartier parisien. Une huile qu’Élie Kanaan avait entamée en pleine rue – du même nom, où il se trouvait en compagnie de Farid Aouad, un autre grand peintre libanais – de nuit, et qui, avec Les deux magots et Place Saint-Germain-des-Près, marque un tournant dans sa peinture du figuratif à plus d’estompage et d’abstrait. En fait, l’exposition se divise en trois grandes périodes : figurative, parisienne (de 1959 à 1963) et de tendance abstraite. Cette dernière englobant un néofauvisme, qui ne pouvait qu’attirer par l’éclatement de la palette, la liberté qui jaillit de la couleur, ce peintre pour qui le cloisonnement des styles n’existe pas vraiment et qui préfère à l’étiquette d’abstrait la désignation d’« irréel ». « Car dans la toile la plus figurative, il y a toujours une partie d’abstrait, et vice versa », explique cet amoureux de la peinture tout simplement. Une exposition qui se tient jusqu’au 31 août, de 17h à 20h, et qui vaut vraiment le déplacement. Zéna ZALZAL * L’exposition se déroule au couvent St-Joseph de Bhersaf jusqu’au dimanche 31 août 2008. Tél. : 04/980312 – 03/600615.
Au couvent Saint-Joseph des pères antonins, Bhersaf, une très belle exposition, organisée par les « Rencontres culturelles de Bickfaya », rend hommage à l’un des grands de la peinture libanaise, Élie Kanaan.
Il n’est plus besoin de présenter Kanaan, artiste – bénézité –, l’un des chefs de file de la tendance abstraite de la troisième génération de peintres...