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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BAALBECK - Le Tania Maria Quartet a officié au cœur du temple de Bacchus Toute l’énergie vitale d’une fabuleuse voix du Brésil?!

Une lumière rouge, chaude enveloppe la scène – en hauteur – du temple de Bacchus, où Tania Maria, en grande prêtresse de la musique brésilienne, officie en cette belle soirée d’août dans le cadre du Festival de Baalbeck. Longue tunique rouge, ballerines rouges et tignasse flamboyante, elle s’installe au piano à queue, accompagnée de Mestre Carneiro aux percussions, Marc Bertaux à la basse et Caio Mamberti à la batterie. Quelques notes en douceur pour commencer. Un rythme qui roule et s’accélère progressivement pour déboucher sur un long scat bouillonnant de la dame qui vient du Brésil. Laquelle laisse, ensuite un moment la parole aux seules notes de ses musiciens, avant de reprendre le micro et le piano pour finir, en allègre quartette, ce premier morceau, parfait mélange de bossa-nova sensuelle et de jazz tonique. «?Je ne suis pas une star. Je suis une artiste, une musicienne amateure?», lance à la ronde, avec modestie, cette chanteuse, pianiste et compositrice accomplie, qui a à son actif trente-six ans de concerts, plus de vingt-cinq albums et un Grammy Award de meilleure chanteuse de jazz, tout de même?! «?Je suis tout simplement une personne qui aime la musique et mon inspiration, c’est vous qui êtes là ce soir?», clame-t-elle encore. Voilà, le ton est donné. Malgré l’atmosphère imposante du lieu, Tania Maria veut y offrir un concert intimiste. De pleines poignées de bonne humeur Une main sur les touches de son piano, l’autre sur celles du clavier électronique, à sa droite, elle joue, chante, lance quelques mots à ses excellents musiciens, avec lesquels elle partage une complicité évidente. Le sympathique Mestre Carneiro en particulier, qui, outre sa virtuosité à manier toutes sortes d’instruments de percussion, fait preuve d’une gestuelle et d’une présence scénique fabuleuses. Et quand elle ne chante pas, Tania Maria, quand elle ne pianote pas – les deux allant quasiment toujours de pair chez elle –, elle dirige, ou encourage plutôt, les membres de sa formation avec de grands mouvements de bras, des gestes généreux, comme si elle lançait à pleines poignées du bonheur, du dynamisme et de la bonne humeur aux personnes qui l’entourent. Public inclus. Du plus que célèbre Besame Mucho, revisité bien évidemment à sa manière, elle passe à un morceau toujours dans la même veine de mélodie sentimentale. Et là, dans ce temple magnifique à ciel ouvert, une légère brise se fait sentir, comme si le vent se mettait lui aussi de la partie pour accompagner les notes fluides de cette chanson, certes en portugais, mais dont on devine le romantisme des paroles. Sauf que le romantisme chez Tania Maria s’exprime en sonorités gaies, pétulantes et voyageuses. C’est doux et voluptueux comme une caresse, mais toujours coloré et ensoleillé comme les rivages du Brésil, où elle transporte son auditoire. Même une reprise – toute personnelle, là aussi – du pacifique Imagine de John Lennon se nimbe chez elle d’un souffle clair. Et qui ne se laissera pas d’ailleurs obscurcir par la voix impromptue du muezzin qui s’élève en plein morceau. L’artiste stoppe alors net le concert, ouvre grand ses bras, ferme les yeux et se met à prier, avant de reprendre comme si de rien n’était. «?Je suis déceptionnée?» Enchaînant par des rythmes plus percussifs, sa musique va chercher au cœur des sonorités tribales ce qui ressemble au grand cri de la terre?: «?Ohaiyaho owa, owa, owa?», entonne-t-elle de sa belle voix grave et puissante en se levant pour demander au public de reprendre avec elle ce refrain. Timide au départ, ce dernier s’emballe et s’exécute de bon cœur, après que la drôle de dame eut fait mine, avec force hochements de tête et marmonnement dans un baragouin incompréhensible, d’être exaspérée?! Sauf que malgré toute sa bonne foi, cette chorale improvisée ne révélera pas de grand talent. Nouvelle tentative, avec le «?papapaparaparapa?» (ou du moins quelque chose dans le genre?!) d’un morceau plus jazzy, que Tania Maria tente d’inculquer à son auditoire comme en master class. En vain, ce soir, les chanteurs à la voix juste et à l’oreille musicale n’étaient pas là. Elle laisse tomber le «?cours de chant?» en jetant un amusant «?Je suis déceptionnée.?» Le public, pour sa part, n’est pas pas «?déceptionné?» du tout et montre pleinement son enthousiasme – comme souvent – au cours des dernières minutes du concert en réclamant par un bis d’enfer le retour de Tania Maria après sa sortie de scène. La solaire musicienne revient. Et là, c’est à nouveau toute l’énergie du Brésil qui enveloppe les lieux et qui fait se lever et danser – enfin?! – les quelque huit cents personnes présentes, sur un hymne hypnotique dont le leitmotiv «?C’était bon?» s’accorde parfaitement à ce concert. Qui aura ensoleillé, l’espace d’une belle nuit d’été, jusqu’aux pierres ancestrales des temples d’Héliopolis. Ave Tania Maria?! Zéna ZALZAL
Une lumière rouge, chaude enveloppe la scène – en hauteur – du temple de Bacchus, où Tania Maria, en grande prêtresse de la musique brésilienne, officie en cette belle soirée d’août dans le cadre du Festival de Baalbeck. Longue tunique rouge, ballerines rouges et tignasse flamboyante, elle s’installe au piano à queue, accompagnée de Mestre Carneiro aux percussions,...