Faites toute la lumière, s’il vous plaît Raymond NAHAS

Mon ami italo-libanais, humoriste à ses heures, m’a dit?: «?Tout votre problème au Liban est une question de résistance. Réglez le problème de l’électricité et vous n’aurez plus de pannes dans votre système politique.?» Cette suggestion, venant d’un étranger, ami sincère de notre pays, m’a donné à réfléchir. Si nos dirigeants, au lieu de discuter de questions oiseuses, décidaient de donner à ce peuple avide de lumière l’électricité 24 heures sur 24, nous sommes certains que tout le monde, même ceux qui profitent de la nuit pour perpétrer leurs crimes, est obligé de travailler en pleine lumière et d’abattre ses cartes devant tous. Dans l’électricité, la résistance est indispensable, mais elle doit demeurer sous surveillance pour éviter un court-circuit. C’est un bon exemple de savoir sur le plan politique contrôler notre Résistance et ne pas la laisser dépasser ses limites. Nous sommes sûrs qu’alors, le pays continuera à vivre tranquillement et sereinement. Puisque nous sommes supposés former un gouvernement d’union nationale, nous pourrions éventuellement demander à tous les partis politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, d’offrir leurs armes au gouvernement. L’argent ainsi généré permettrait de remettre au point nos turbines et nos moteurs, qui sont, comme une grande partie de nos parlementaires, à l’âge de la retraite. Quel beau rêve d’imaginer «?Beyrouth-lumière?» brillant de mille feux. Après un rapide sondage auprès de la population libanaise, le meilleur cadeau que l’on puisse offrir aux Libanais, en cette année touristique par excellence, c’est la lumière. Nous encourageons tous les partis politiques et les hommes politiques qui veulent participer aux prochaines élections d’assurer à leurs régions cette électricité dont nous sommes tellement avides. Nous leur garantissons à chacun un succès mérité. Dans tous les pays civilisés, une panne de courant donne lieu à des manifestations hostiles de la population. Par contre, à New York, l’on a enregistré plus de 100?000 naissances en plus, après une coupure de courant. Au Liban, pays surpeuplé, nous n’avons plus besoin d’un surcroît de population. Parfois, il n’est pas étonnant de retrouver des familles de plus de 12 enfants. Dieu y pourvoira, disent les pères satisfaits, car qui sait si un jour la loi du nombre arrivera à l’emporter... Remplaçons les ténèbres par la lumière, l’obscurantisme par le modernisme, et devenons un peuple heureux et fier. Phare de l’Orient et modèle de liberté et de libéralisme pour tous nos voisins. Nous trouvons pour notre part que c’est là que doit se placer la Résistance pour nous permettre de continuer à espérer en des lendemains brillants. Article paru le jeudi 7 août 2008