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EXPOSITION - Ghassan Ghazal installe et illumine des souliers d’expatriés Feetbook plante ses pénates chez Janine Rubeiz

C’est l’histoire d’une quarantaine de souliers venus du froid qui sont allés se promener aux quatre coins du pays du Cèdre. Une visite des sites archéologiques de Tyr, une escale sur la plage de Ramlet el-Baïda, un petit rafraîchissement sur le vieux port de Jbeil, et les voilà qu’ils plantent leurs pénates à la galerie Janine Rubeiz*, sous l’égide de leur tuteur, guide touristique et artiste Ghassan Ghazal. Intitulé « Feetbook », ce projet, qui a pris la forme d’une « performance métaphorique dans les espaces publics », se transforme donc en une installation luminaire avec photos souvenirs des balades à l’appui. Avec une dévotion presque fétichiste, Ghassan Ghazal a ramené dans ses valises quarante paires de chaussures du Canada où il était allé passer des vacances. Bloqué pour cause de fermeture de l’aéroport et des événements de mai 2008, puis déçu et désillusionné par les annulations de ses compatriotes exilés qui comptaient venir passer l’été à Beyrouth, il a eu l’idée lumineuse de leur chiper ces souliers et de leur faire découvrir la face touristique du Liban. Non, l’artiste n’est pas du tout à côté de ses pompes. Il explique sa démarche : « L’instabilité endémique au Liban ne permettant pas à la diaspora de retourner au bercail, celle-ci a été appelée à être représentée par le truchement de ses souliers usés. Chaque soulier chaussant le destin de son ex-propriétaire parlera de la trajectoire migratoire de ce dernier, et cela à travers un texte rédigé en langue arabe. Le Libanais d’ailleurs est rapatrié par ses propres chaussures. C’est le coup de pied du destin. » Tout cela, pour « exprimer l’idée d’un déracinement collectif ». Les souliers « éculés ont été embarqués dans une tournée guidée des endroits touristiques les plus recommandés par le Bureau du tourisme libanais », poursuit-il. Les chaussures ont ainsi rejoint les vestiges de certains sites historiques, c’est l’alliage entre l’histoire et l’historiette d’un peuple en perdition. » Depuis deux jours, ces souliers sont donc hébergés à la galerie Janine Rubeiz. Cette installation, intitulée « Feetbook », est accompagnée d’un album photo souvenirs des excursions. « Cette stimulation métaphorique est une image ironique et enviable qui exprime une répulsion véridique de la situation des Libanais vivant à l’étranger contre leur gré », conclut l’artiste, qui expose par ailleurs six toiles dont (seulement) trois avec des chaussures. Maya GHANDOUR HERT * Jusqu’au 24 septembre. Raouché, imm. Majdalani, tél. : 01/868290. Horaire d’été : mardi et jeudi de 10h00 à 18h00. Mercredi et vendredi de 10h00 à 15h00. Fermeture samedi, dimanche et lundi.
C’est l’histoire d’une quarantaine de souliers venus du froid qui sont allés se promener aux quatre coins du pays du Cèdre. Une visite des sites archéologiques de Tyr, une escale sur la plage de Ramlet el-Baïda, un petit rafraîchissement sur le vieux port de Jbeil, et les voilà qu’ils plantent leurs pénates à la galerie Janine Rubeiz*, sous l’égide de leur tuteur,...