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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Crinière toujours flamboyante, «?Le Lion Roi?», au Kennedy Center Un règne musical qui perdure depuis onze ans

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI L’été washingtonien n’est jamais une saison tout à fait morte. Cette année, la torpeur, la moiteur et la chaleur de juillet ont été vivement secouées par les rugissements d’un félin, célèbre entre tous, et qui n’a rien perdu de sa crinière flamboyante et de son sens de l’honneur… « Le Lion Roi » (The Lion King), souverain de la jungle et des «?musicals?» de Broadway, n’a pas encore été détrôné, depuis qu’il avait été créé, il y a onze ans. Actuellement, il règne sur la scène du Kennedy Center et joue à guichets fermés depuis la première représentation. Le show (musique d’Elton John et Tim Rice) est toujours saisissant car il ne tire pas partie d’un caractère attachant ou d’une histoire prenante. Le secret d’une séduction qui perdure?? L’ample mise en scène et la manière ingénieuse de faire passer le dessin animé originel de Walt Disney dans une machinerie qui a produit une vision de l’Afrique, de sa faune, de sa culture et de ses couleurs, à travers un art consommé des marionnettes?: les interprètes sont à la fois acteurs et manipulateurs des caractères animaliers qu’ils personnifient. Et l’enchantement opère dès le lever du rideau qui donne à voir «?Le Cercle de la vie?» où le Lion Roi, Mufasa, présente son fils régent Simba aux sujets de son royaume. Une faune haute en couleur et en mouvements?: des girafes qui se dandinent, des léopards qui se faufilent vers l’avant-scène, des oiseaux qui prennent leur envol, des zèbres en vadrouille, des éléphants qui sortent lentement des coulisses, des lions aux aguets…L’Afrique dans toute sa splendeur qui n’exclut pas les rivalités de clans, comme l’indique l’histoire qui met en scène la jalousie du frère de Mufasa, nommé Scar, qui en arrivera au fratricide, avec l’aide des hyènes, pour usurper le pouvoir. Mais la justice aura le dernier mot et Simba, le fils du? Lion Roi, finira par succéder à son père, poussé par l’amour de la jeune lionne, Nala. Plumages et pelages répondent aux ramages De plus, ici aussi, plumages et pelages, contrairement à La Fontaine, répondent aux ramages. L’effet en devient tout simplement magique car les costumes, somptueux, soulignent brillamment la dualité de l’homme et de la bête dans chaque personnage (avec des masques au-dessus de la tête des acteurs), comme l’a voulu la jeune metteur en scène, Julie Taymor. Certains de ces costumes sont extrêmement réalistes et d’autres plus symboliques. Appartiennent à la première catégorie les atours des hyènes qui exigent des interprètes d’habiles manœuvres pour faire fonctionner à la fois les pattes-avant (du costume) et celle de la partie tête et cou. Ailleurs, les acteurs sont montés sur des échasses pour incarner les girafes. Chez les éléphants, chaque pied est mu par une personne. Et il a fallu un mécanisme sophistiqué, relié à un contrôle humain, pour restituer les mouvements du singe. Les costumes abstraits ont été conçus pour être représentatifs des traits de caractère de l’animal autant que son physique. Quant au Lion Roi, il arbore un masque qui peut reposer sur son front (exprimant ainsi sa dignité et son omnipotence) ou lui couvrir entièrement le visage (lorsqu’il est d’humeur guerrière). Cependant, lorsqu’il désire révéler sa sensibilité et sa vulnérabilité (quand il explique le concept de la mort à son fils), le masque tombe. Ce genre de symbolisme se répète tout au long du spectacle qui annonce ainsi sa couleur?: relever plus de l’art que de la performance.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

L’été washingtonien n’est jamais une saison tout à fait morte. Cette année, la torpeur, la moiteur et la chaleur de juillet ont été vivement secouées par les rugissements d’un félin, célèbre entre tous, et qui n’a rien perdu de sa crinière flamboyante et de son sens de l’honneur… « Le Lion Roi » (The Lion King), souverain de...