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Actualités - OPINION

Spéculations sur la cohésion électorale du 14 Mars Émile KHOURY

On commence à frôler le suspense. Les composantes du 14 Mars aborderont-elles ensemble, main dans la main, le tournant des législatives ? Feront-elles corps, et front, face à un 8 Mars manifestement mieux soudé ? On sait, en effet, que même si les deux camps comportent à peu près autant de partis, les loyalistes sont partagés entre un nombre plus élevé de chefs, et de sous-chefs. De plus, chaque consultation populaire garde ses particularités propres. Quand il s’agit de décrocher un strapontin, les grandes options idéologiques, sans totalement s’effacer, passent au second plan. Le découpage des circonscriptions, les pondérations démographiques ou régionales, les intérêts de clans ou de zaamates entrent puissamment en jeu. Il arrive en outre qu’à des degrés variés les compétiteurs doivent faire le compte du régime. C’est pareil d’ailleurs, toujours occasionnellement, pour ce qui est des interventions du gouvernement, rarement neutre, et dont l’effet négatif d’immixtion se trouve aggravé quand il est hétéroclite, que les ministres, surtout de services, se tirent allègrement dans les pattes. Chacun d’entre eux exploitant au maximum les ressources électorales de l’influence de son département pour tirer la couverture à lui. On ne doit pas non plus oublier que la donne locale reste tributaire des développements régionaux ou internationaux. Des changements de pouvoir en Amérique, en Iran et, probablement, en Israël ; des tractations sur le nucléaire iranien ; de la lutte des axes ; des tiraillements entre Arabes modérés et radicaux ; des pourparlers de paix indirects syro-israéliens. De la colonisation israélienne de Gaza ; du rapprochement ou du divorce définitif entre le Fateh et le Hamas palestiniens ; voire de l’évolution politique en Turquie, ou même à Chypre ; de la lutte contre el-Qaëda ; du régime égyptien. Sans parler, facteur important, du prix du baril de pétrole. Tous ces éléments se répercutent, comme on sait, sur la scène libanaise. Notamment, au niveau de sympathies ou d’antagonismes d’ordre confessionnel ou sectaire. Un domaine évidemment essentiel au Liban, pays composite et que certaines parties, jouant sur des équivoques déterminées, exploitent déjà en vue d’alliances électorales parfois surprenantes. Nouvelle donne Bref, il n’est pas du tout exclu, conviennent les observateurs, que les cartes se retrouvent brouillées au point que la bataille ne serait pas axée sur une confrontation directe 14-8 Mars. Les contrats de mariage provisoire seraient diversifiés, au gré d’intérêts ponctuels, de particuliers ou de groupes. Même si par la suite, et tout comme on l’a vu après la précédente édition, le décompte des sièges à la Chambre devrait s’opérer, globalement, en fonction du tableau tripartite établi à Doha. C’est-à-dire que l’on verrait qui des indépendantistes et des prosyriens aurait la majorité. Et dans quelle mesure les hommes du président pourraient numériquement jouer les arbitres, en trouvant éventuellement leurs rangs renforcés par des adhésions d’éléments du 14 aussi bien que du 8 Mars. Walid Joumblatt estime qu’il faut dès à présent discuter des alliances au sein du 14 Mars, pour que les pôles de ce camp sachent à quoi s’en tenir et bouger leurs pions en conséquence. Mais beaucoup pensent que ce débat serait prématuré et inutile, car il faut d’abord savoir sur quelle loi électorale, sur quel découpage, il faut se fonder. Est-ce sur une formule 1960 sans modifications ? Est-ce avec des retouches concernant les cazas fusionnés de Baalbeck-Hermel, Marjeyoun-Hasbaya, Rachaya-Békaa-Ouest ? Va-t-on transférer des sièges en fonction des réalités communautaires et démographiques ? Y aura-t-il une dose de proportionnelle ? Les Libanais se trouvant à l’étranger pourront-ils voter ? Est-ce un cabinet neutre de transition qui va superviser le scrutin ? Que vont dire ou faire les grands électeurs étrangers ? On le voit, les questions en suspens restent trop nombreuses pour que le mercato puisse démarrer. Retour à Joumblatt. On sait qu’il adopte actuellement des positions qui suscitent bien des interrogations. Une amorce de virage sur l’aile que des observateurs avertis expliquent en affirmant qu’il serait revenu plutôt désappointé de son voyage aux States. Car Washington lui aurait fait clairement comprendre qu’il n’est pas question de faire sauter le régime syrien. De plus, les événements de mai, pendant lesquels il a senti passer le vent du boulet, sans que les bons amis américains ne lèvent le petit doigt, lui auraient donné à réfléchir sur la nécessité de nuancer sa ligne de confrontation.
On commence à frôler le suspense. Les composantes du 14 Mars aborderont-elles ensemble, main dans la main, le tournant des législatives ? Feront-elles corps, et front, face à un 8 Mars manifestement mieux soudé ? On sait, en effet, que même si les deux camps comportent à peu près autant de partis, les loyalistes sont partagés entre un nombre plus élevé de chefs, et de...