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Actualités - CHRONOLOGIE

AVIGNON - La pièce sera diffusée ce soir, vers 22h45, sur Arte Ostermeier retrouve la Cour d’honneur avec un «?Hamlet?» fort et fou

L’Allemand Thomas Ostermeier a retrouvé mercredi soir la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon pour un Hamlet de Shakespeare qui scrute, à l’aide de la vidéo, la folie du personnage, dans un dispositif contemporain efficace et avec un engagement total des acteurs. Vingt ans que l’histoire tragique du prince du Danemark n’avait pas résonné dans la Cour d’honneur, lieu emblématique du Festival d’Avignon, né en 1947 notamment sous le signe de Shakespeare. Codirecteur de la Schaubühne de Berlin, Thomas Ostermeier, 40 ans, est le quatrième metteur en scène à faire entendre cette tragédie entre ces murs, après Georges Wilson (1965), Benno Besson (1977) et Patrice Chéreau (1988). Et c’est pour lui un retour gagnant dans un lieu où il avait présenté en 2004, en qualité de premier «?artiste associé?» du Festival d’Avignon, un Woyzeck de Büchner marquant, avec un personnage-titre transformé en antihéros de banlieue. Quatre ans plus tard, Ostermeier et son dramaturge Marius von Mayenburg signent une adaptation faisant d’Hamlet non pas un héros romantique, mais un homme d’excès, histrion sur les bords, à la fois envahi et inhibé par les pathologies mentales. Premier choix futé : faire jouer tous les rôles par six acteurs seulement. Hamlet est donc confronté à des personnages qui changent constamment d’identité, ce qui ajoute à sa confusion. Le metteur en scène et son décorateur Jan Pappelbaum ont également eu la bonne idée de barrer leur plateau rectangulaire d’un rideau finement frangé. Un élément scénographique doublement utile, puisqu’il permet toutes les manœuvres d’espionnage et de complot. Mais aussi des projections vidéo – notamment de visages filmés par Hamlet – qui, sur cette surface discontinue et instable, renvoient une image assez fiable de l’univers mental altéré du prince et évoquent idéalement le spectre de son père assassiné. L’action s’ouvre sur l’enterrement du roi, par lequel Ostermeier s’engage dans une voie tragi-comique sur fond de gros rock à guitares. Le burlesque s’invite dans le trou où tombent le fossoyeur et le cercueil, glissant sur un plateau couvert de terre arrosée d’eau. Il y a là aussi une grande table derrière laquelle s’installent des convives en costume-cravate ou robe d’aujourd’hui, pour le mariage de Gertrude, la veuve, et Claudius, le frère – et meurtrier – de son défunt mari. Pas trop éplorée, madame donne du «?Ma came?» à son nouvel époux et lui chante quelques mots d’amour avec un filet de voix très carlabrunien. Le public s’esclaffe. Armé d’un théâtre d’acteurs très physique et sans tabous, flirtant avec le «?trash?» sans s’y noyer, Ostermeier ose tout. Le comédien Lars Eidinger aussi en Hamlet, ici atteint du syndrome de La Tourette (tics et gros mots en rafales), et qui montre un dernier visage, en gros plan, vraiment inquiétant. «?Le reste est silence?», conclut-il. Pas dans l’imposant gradin (2 000 places) de la Cour d’honneur, qui acclame Ostermeier, décidément l’une des figures les plus passionnantes de la scène européenne contemporaine. Cet Hamlet sera diffusé ce soir, en léger différé (22h45), sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte. Après Avignon (jusqu’à dimanche), le spectacle sera présenté à Berlin, Zagreb, Barcelone mais aussi, du 28 janvier au 8 février, à la scène nationale Les Gémeaux de Sceaux (Hauts-de-Seine).
L’Allemand Thomas Ostermeier a retrouvé mercredi soir la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon pour un Hamlet de Shakespeare qui scrute, à l’aide de la vidéo, la folie du personnage, dans un dispositif contemporain efficace et avec un engagement total des acteurs.
Vingt ans que l’histoire tragique du prince du Danemark n’avait pas résonné dans la Cour...