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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Aïda Cherfan jusqu’au 31 juillet Mona Trad Dabaji, chroniqueuse apolitique

Une belle femme aux yeux de biche, couleur azur, dévoile sa silhouette plantureuse au regard un brin curieux, un brin voyeur des passants de la rue Hussein el-Ahdab, place de l’Étoile, dans le centre-ville de Beyrouth. La vitrine adjacente, toujours appartenant à la galerie Aïda Cherfan, montre, à travers l’encadrement recyclé d’une fenêtre, une carcasse d’immeuble qui, tel un château de cartes, s’effondre inexorablement. Mona Trad Dabaji est à l’évidence « une artiste en phase avec son époque », comme on dit. Loin, très loin des débats politiques enflammés et, hélas, trop souvent stériles, Dabaji affirme, à travers ces œuvres réalisées en réaction à des guerres locales et régionales, que la terre, celle de ses ancêtres, celle des paysans et des femmes, n’est pas à vendre. Cette exposition, bien que haute en couleur (on retient le bleu si pur du ciel, le vert si sain de la plaine, le jaune si éclatant des « machines » et le collant rose bonbon de la paysanne), ne porte aucune tonalité politique. L’artiste se veut en effet aussi impartiale qu’un juge civil. Diplômée des beaux-arts de l’Université américaine de Beyrouth et membre de l’Association libanaise des artistes peintres et sculpteurs, Mona Trad Dabaji enseigne le dessin et la peinture depuis 1993. Elle a exposé au Liban, en France, au Cameroun, en Jordanie, aux États-Unis et aux Émirats arabes unis. De 1992, date d’une première exposition appelée « Beyrouth, ville fantôme », qui dépeint un centre-ville à peine sorti de ses cendres, à « My Land Is Not for Sale » : un même souci, un même besoin, celui de revendiquer son appartenance à cette terre… De 1994 à 2004, c’est toujours avec le même pinceau haut en couleur, le même trait noir qui cerne ses sujets et les mêmes aplats, qu’elle porte avec fierté le flambeau de la femme libanaise et arabe à la fois, dans ce mélange un peu emprunté, un peu occidentalisé qui fait son charme et celui de notre culture. Comme un acte de foi, tout son travail gravite autour de nos traditions, de notre culture, de nos différences et de nos déchirures. Pour exorciser les démons de la guerre, elle est allée chercher dans les décharges de la destruction des portes et des fenêtres pour en faire les supports de peintures prêtes à s’intégrer dans de nouveaux intérieurs et de nouvelles vies. « Les étapes dramatiques qui ont secoué notre société ne pouvaient laisser le regard indifférent, précise Mona Trad Dabaji. Alors, je vous propose de la couleur et, pour nos misérables désaccords, de l’humour. Un parcours positif pour fermer nos blessures, nous rappeler comme notre plaine est belle, notre ciel bleu et nos femmes robustes. Verte ou grise, labourée par le passage d’un troupeau de moutons, ou éventrée par la froideur du métal, cette terre reste la nôtre. » Il y a des artistes qui ne se contentent pas de regarder le monde de leur éternelle fenêtre strictement rectangulaire. Mona Trad Dabaji fait indiscutablement partie de ceux qui savent chercher et trouver les ouvertures. Disons, sans mauvais jeu de mots, pour ceux qui connaissent ses goûts et ses aptitudes, qu’elle cherche plutôt des échancrures. Et parce qu’il y a des histoires qui n’en finissent pas de se répéter et qu’une nouvelle guerre en juillet 2006 est venue cruellement nous le rappeler, son combat restera le même… « My land is not for sale » lance le berger. « Mais il est déjà vendu », rétorque mi-figue, mi-raisin, un passant. Maya GHANDOUR HERT * La galerie est ouverte du lundi au samedi, de 11h00 à 20h00. Tél. : 01/983111-222.
Une belle femme aux yeux de biche, couleur azur, dévoile sa silhouette plantureuse au regard un brin curieux, un brin voyeur des passants de la rue Hussein el-Ahdab, place de l’Étoile, dans le centre-ville de Beyrouth. La vitrine adjacente, toujours appartenant à la galerie Aïda Cherfan, montre, à travers l’encadrement recyclé d’une fenêtre, une carcasse d’immeuble qui,...