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Actualités - CHRONOLOGIE

Siniora penche pour un décret prévoyant une majoration dans le privé, au grand dam des OE… et de la CGTL Tollé au sein du patronat contre la tentative de l’État d’imposer une hausse des salaires Sahar AL-ATTAR

Dans un contexte de grogne sociale à peine contenue, le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, est tenté d’imposer une majoration des salaires dans le secteur privé. En mai dernier, le Conseil des ministres avait approuvé une décision portant sur une hausse du salaire minimum de 200 000 livres ainsi que sur l’attribution d’une somme forfaitaire de 200 000 livres par mois aux salariés du public, et de 100 000 livres aux retraités. Cette décision avait été accompagnée d’une « recommandation » au privé de faire de même. Aujourd’hui, il est question d’imposer cette recommandation par un décret, pour les salaires mensuels inférieurs à 1,5 million de livres. Alors que des discussions ont lieu depuis quelques semaines discrètement dans les salons du Sérail, le dossier est retombé dans le débat public après une sortie du ministre des Finances mardi dernier. Interrogé au sujet de la hausse des salaires, au cours d’une conférence de presse, Jihad Azour a répondu que le décret n’a pas encore été signé par le ministre du Travail, ajoutant que le secteur privé s’était engagé à accorder aussi une majoration forfaitaire de 200 000 LL aux salaires inférieurs à 1,5 ou 2 millions de livres. Ce commentaire a suscité la colère des organismes économiques qui y ont vu une confirmation de la volonté de Siniora de s’immiscer dans les affaires du privé. Ils ont ainsi publié hier un communiqué dans lequel ils affirment que seul le salaire minimum est dans le domaine d’intervention de l’État. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Jihad Azour a nié avoir eu une quelconque intention de s’ingérer dans les salaires du privé. « J’ai simplement attesté d’une réalité. Lors des négociations menées, de janvier à mars, entre les organismes économiques et la CGTL, le principe d’une majoration forfaitaire avait été accepté par le patronat et les discussions portaient sur le plafond des salaires concernés qui variait entre 1,5 et 2 millions de livres. La décision du Conseil des ministres était basée sur cette hypothèse », a-t-il affirmé. Le représentant du patronat lors de ces négociations, Fadi Abboud, a confirmé que les organismes économiques ont accepté le « principe » d’une rétribution forfaitaire, non comprise dans le calcul des charges ni dans les indemnités de fin de service. « Mais à aucun moment, il n’a été question d’une hausse imposée à tous les secteurs et à toutes les entreprises, a-t-il affirmé. Ne serait-ce que dans le secteur industriel, on ne peut pas demander aujourd’hui les mêmes sacrifices aux cimenteries, protégées par une interdiction des importations, qu’à Uniceramic qui est laminé par la concurrence étrangère. Aussi, cette majoration créerait des inégalités criantes entre un salarié payé 1,450 million et celui touchant 1,510 million, et tuerait le principe de compensation de l’employé en fonction de sa productivité. Enfin, qu’en est-il des entreprises qui ont déjà accordé des hausses salariales ? » s’est-il demandé, en plaidant pour un dialogue social « au cas par cas ». Globalement, « le gouvernement doit choisir s’il veut rester sur la voie d’une économie libérale ou revenir à une économie dirigée », a poursuivi Fadi Abboud. À ce propos, Jihad Azour a souligné que le gouvernement avait justement choisi de parrainer les négociations directes entre les partenaires sociaux, pour ne pas avoir à imposer une hausse par décret, comme cela a été le cas entre 1966 et 1996, date des dernières hausses salariales. Mais selon une source patronale ayant souhaité garder l’anonymat, « Fouad Siniora est soumis à une forte pression. Dans la situation actuelle, il a besoin de faire ce geste politique. » « Les organismes économiques n’auront d’autre choix que de s’y conformer », a-t-elle ajouté, contrairement à Fadi Abboud qui a évoqué la possibilité de recourir au Conseil d’État. Quant à la CGTL, elle prône tout simplement un retour à l’ancien système, selon lequel l’État décrète une hausse proportionnelle par tranches de salaires dans le public et dans le privé, et ce en fonction du taux d’inflation depuis 1996. « Les négociations avec le patronat ont échoué et la CGTL refusera toute mesure ne prenant pas en compte une baisse du pouvoir d’achat de plus de 100 % depuis 1996, a déclaré Ghassan Ghosn à L’Orient-Le Jour. Selon lui, la CGTL a voulu manifester son opposition à la décision du gouvernement le 7 mai dernier à travers un mouvement, qui a finalement dégénéré « à cause de la stupidité du gouvernement sortant ». « Aujourd’hui, nous donnons une chance au futur cabinet d’union nationale, mais s’il ne satisfait pas nos revendications et se contente d’une hausse forfaitaire, nous redescendrons dans la rue », a-t-il conclu. L’affaire des salaires, comme beaucoup d’autres, résume finalement bien les tristes réalités politiques, économiques et syndicales de ce pays.
Dans un contexte de grogne sociale à peine contenue, le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, est tenté d’imposer une majoration des salaires dans le secteur privé. En mai dernier, le Conseil des ministres avait approuvé une décision portant sur une hausse du salaire minimum de 200 000 livres ainsi que sur l’attribution d’une somme forfaitaire de 200 000 livres par mois aux...