Bernard Kouchner l’a confirmé hier Minisommet franco-libano-syrien samedi à l’Élysée Sarkozy veut redéfinir les relations de Paris avec le régime de Damas et détendre le climat entre ce dernier et le Liban

Confirmant des rumeurs persistantes qui circulaient depuis quelques jours à Paris, M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes, a déclaré que les présidents Nicolas Sarkozy, Michel Sleiman et Bachar el-Assad se réuniront ce week-end en marge du sommet euro-méditerranéen. Le chef de la diplomatie française, qui s’adressait à la presse hier au Quai d’Orsay à l’issue d’un tête-à-tête avec son homologue égyptien, M. Ahmad Aboul-Gheit, est resté évasif sur le but de cette concertation tripartite se contentant de répondre à un journaliste qui l’interrogeait sur ce point que cela dépendra des discussions. Dans les milieux diplomatiques français, on évoquait depuis quelques jours déjà la possibilité d’une initiative du président Sarkozy de réunir à l’Élysée les chefs d’État libanais et syrien dans le but d’aider les deux pays voisins à ouvrir une nouvelle page dans leurs relations qui se sont détériorées depuis l’assassinat de Rafic Hariri et le retrait des troupes syriennes qui s’en était suivi. L’idée du maître de l’Élysée est, selon ces milieux, de redéfinir les relations entre la France et les deux pays du Levant, qui étaient placés sous son mandat, sur de nouvelles bases et selon le principe qu’un dialogue est toujours préférable à un boycott ou au soutien d’une fraction à l’intérieur d’un pays contre une autre. Ce parrainage français se baserait, selon des milieux gouvernementaux français, sur une normalisation des relations franco-syriennes avec, en contrepartie, la concrétisation de l’engagement pris par Damas de reconnaître dans les faits l’indépendance du Liban, d’aider le nouveau régime libanais à asseoir son autorité sur l’ensemble du pays et enfin de procéder, dès la formation à Beyrouth du gouvernement d’union nationale, à l’échange d’ambassadeurs entre Beyrouth et Damas et à discuter et régler toutes les questions litigieuses en suspens y compris le tracé des frontières, dans un climat serein et amical et sur la base du respect mutuel et de l’intérêt réciproque. Par ailleurs, des observateurs arabes qui suivent de près les préparatifs du sommet notent que le président Sarkozy tente depuis quelque temps d’organiser une rencontre, quadripartite, celle-là, avec les présidents Bachar el-Assad, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. C’est à la suite de difficultés apparues à ce niveau que le chef de l’État français aurait mis en avant le projet de ce minisommet franco-syro-libanais. Celui-ci se déroulerait, selon des sources bien informées, samedi en fin d’après-midi à l’Élysée, après le tête-à-tête Sarkozy-Sleiman prévu à 15 heures et la visite que rendra le président Michel Sleiman à son homologue syrien, probablement au Grand Hôtel Intercontinental où logera la délégation syrienne au sommet. Les présidents Sleiman et Assad se rendraient ensuite à l’Élysée pour y être accueillis par Nicolas Sarkozy et s’entretenir longuement avec lui. De ce fait, les Libanais de France pourraient attendre jusqu’à 20 heures au Pavillon d’Ermenonville l’arrivée de leur nouveau président. Sur cette grande fête préparée avec le plus grand soin par l’ambassadeur Boutros Assaker et son équipe de la chancellerie libanaise, on apprend qu’une double haie d’élèves de la célèbre École polytechnique en uniforme d’apparat – dont des Libanais – accueillera Michel Sleiman à son arrivée et que la chorale de N-D du Liban entonnera à ce moment l’hymne national que reprendront en chœur les mille invités. Paris, d’Élie MASBOUNGI