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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Pour son huitième opus « Al-Saat al-Ramliah » (Le sablier) Pour May Menassa, « écrire c’est vivre…»

Écrire, toujours écrire… Une affaire de vie, d’équilibre, de quotidien, de libération, de liberté, d’exorcisme, de lumière, de quête. Avec May Menassa, qui a pratiquement toujours tenu la plume, à part son statut de journaliste chevronnée, l’écriture romanesque est aujourd’hui pour elle une féconde et inépuisable source d’inspiration. On se souvient de son dernier roman, «Antailou al-Ghoubar wa Amchi» (Je chausse la poussière et je marche…), sélectionné parmi les quelques ouvrages retenus pour le prestigieux premier prix Booker consacrant une œuvre de fiction dans le monde arabe. Huit opus déjà sur le marché et la plume, d’une vivace exubérance, est loin d’être tarie… Après avoir exploré, à travers le roman, les mystérieuses relations de haine entre un père et son fils, après avoir parlé de l’exil, évoqué l’errance, jeté une lumière sur l’univers carcéral, après avoir fait revivre les coulisses du théâtre libanais à son âge d’or à Beyrouth, May Menassa signe un livre aussi vibrant et impliqué dans les problèmes et conflits sociaux arabes que ses ouvrages antérieurs. En devanture des librairies, Al-Saat al-Ramliah (Le sablier), 225 pages, aux éditions Ryad al-Rayess, un roman engagé dans la cause humaine, dans le combat de (et pour) la vie. Quête non seulement du temps, mais aussi et surtout de l’identité. L’identité d’un père resté un mystère et une énigme pour sa famille. Un père qui, de par ses origines ténébreuses, a colporté avec lui un certain esprit de malheur… C’est un lever de voile, entre pudeur et impudeur, sur le parcours d’un être secret et presque irascible, poursuivi par une certaine malédiction… Rencontre avec la romancière, qui explique la genèse d’un roman ombrageux, mais non dénué d’espoir. Et, bien sûr, où la mansuétude de Dieu n’est guère absente… Elle dessine et souligne les contours d’un thème qui s’est imposé, comme ces nombreux personnages, brusquement exigeant un péremptoire droit de cité, tous nés d’une fusion entre la réalité et l’imagination… Bien impénétrables sont les desseins de la littérature... Quête et identité « Je ne planifie jamais un thème, mais j’ai une vision qui s’impose pour me mener vers un livre… » C’est ainsi que s’exprime May Menassa pour entrer dans le vif du sujet, pour présenter son dernier roman, Le sablier, écrit dans une langue arabe à la fois simple et éthérée, oscillant entre lyrisme poétique et description réaliste détaillée. « Dans ce roman, poursuit la romancière-journaliste, en arborant un sourire dont elle ne se départ presque jamais, j’ai voulu parler de l’identité… Identité d’un père au passé mystérieux. C’est sa fille, la narratrice Sarah, qui fouille les traces des cheminements familiaux, soigneusement gardées comme terrain de chasse interdite par sa mère Hind, farouche gardienne des secrets de l’univers de son mari, Nader… Un mari qui sombre dans l’alcool pour oublier ses origines aux confins de la Cilicie où, par-delà massacres, drames de vie et images obsédantes, pèse une lourde malédiction… » « Quand on commence un livre, souligne May Menassa, les personnages décident de leur vie… Ici, le passé a une voix, une présence, une autorité, une épaisseur, une ombre qui cache le soleil... La narratrice Sarah défie le silence, l’interdit et tout ce qui barre sa route pour connaître la vérité… Elle plonge dans un passé douloureux pour mieux découvrir ce qu’un père cache et fuit… Tâche noire pour un temps qu’on voudrait profondément enfoui dans une mémoire qui, pourtant, tout en tentant d’oublier, n’efface rien… Tout cela est venu, bien sûr, de quelques bribes personnelles, mais très vite l’étincelle de l’imagination a pris le dessus et la fiction l’emporte dans ce récit qui déballe plus d’une vie... Par-delà les turbulences d’une famille secouée par des drames intenses, il y a des personnages pittoresques tels la grand-mère Merjane, le bienveillant fils Alexandre et la lumineuse Lina partie à Qumran…Ce livre est une histoire de morts qui reviennent et repartent… » Grand éclat de rire de May Menassa, qui hausse les épaules tout en secouant ses cheveux auburn, comme pour conjurer tous les bruits et fureurs qui hantent les pages de son livre possédé par tant d’esprits maléfiques….C’est de sa voix fluette qu’elle déclare : « Écrire, c’est vivre… c’est exister. Ce n’est pas comme pour le journalisme, qui est tout simplement un outil pour exister… Écrire, c’est-à-dire dans la veine romanesque, c’est être un archéologue de la vie… Je puise des trésors, en toute liberté, à la vie, pour les mettre dans mes livres… Non, je n’écris pas sur ordinateur pour mes ouvrages, mais sur un cahier à spirales comme les écolières… » Une fois refermé Le sablier qui mesure inexorablement le temps qui file entre nos doigts et nous rapproche de nos destinées, quelle idée trotte encore dans la tête de May Menassa ? Nouveau sourire, bien malicieux, comme pour s’excuser d’une impertinence. « L’âme, pourquoi faut-il la rendre ? » dit-elle. Eh bien non, il ne s’agit pas d’un trait d’esprit pour lier le sablier à l’âme, mais le titre du dernier opus sous presse de May Menassa et qui sortira incessamment dans sa version de traduction italienne ! Edgar DAVIDIAN
Écrire, toujours écrire… Une affaire de vie, d’équilibre, de quotidien, de libération, de liberté, d’exorcisme, de lumière, de quête. Avec May Menassa, qui a pratiquement toujours tenu la plume, à part son statut de journaliste chevronnée, l’écriture romanesque est aujourd’hui pour elle une féconde et inépuisable source d’inspiration. On se souvient de son...