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Actualités - ANALYSE

ANALYSE Le prochain président américain ne défiera probablement pas la Chine

Malgré leurs discours, les candidats à la Maison-Blanche Barack Obama et John McCain ne devraient pas adopter une attitude de défi envers la Chine, même si le pays fait étalage de sa puissance militaire et économique, estiment des experts. Pékin suscite préoccupation et parfois colère aux États-Unis, principalement à cause d’une montée en puissance non transparente de ses capacités militaires, de son intransigeance sur le yuan, et de son bilan en matière de droits de l’homme. La Chine a aussi remis en question la domination militaire américaine en Asie, et certains experts estiment que dans cinq ans, le géant asiatique dont le secteur manufacturier est en pleine explosion pourrait avoir les moyens de devenir une superpuissance militaire. Mais le président George W. Bush et ses prédécesseurs les plus récents sont tous arrivés à la conclusion qu’il fallait préserver les relations entre les deux nations, relèvent les experts, qui assurent que les sénateurs Obama et McCain tireront les mêmes enseignements très rapidement. « Quand vous avez affaire à une superpuissance économique de cette ampleur, vous ne donnez pas l’impression de désirer la confrontation, à moins d’être le dos au mur », explique John Tkacik, ancien expert de la Chine au département d’État. « Et la Chine est tout simplement un acteur économique trop important pour l’affronter de plein fouet, si ce n’est pas vraiment nécessaire », ajoute-t-il. Selon M. Tkacik, qui travaille pour le centre de réflexion conservateur Heritage Foundation, une administration menée par le démocrate Barack Obama serait encline à conserver des relations paisibles avec Pékin et à ne pas remettre en question son influence croissante en Asie. « Mon sentiment est qu’une présidence McCain verrait la domination américaine en Asie comme un objectif stratégique prioritaire tandis qu’une administration Obama ne considèrerait pas notre relation avec la Chine dans un contexte de sécurité stratégique », dit-il. Pourtant, le mois dernier, le sénateur de l’Illinois a soutenu au Sénat un projet ouvrant la voie à des mesures sans précédent contre Pékin s’il était avéré que le pays a manipulé sa monnaie pour avantager ses échanges commerciaux. Le principal conseiller pour l’Asie de M. Obama est Jeffrey Bader, dont la carrière diplomatique a essentiellement été consacrée à la Chine, tandis que son adversaire républicain est conseillé par Richard Armitage, ancien secrétaire d’État adjoint de George W. Bush. Selon Bonnie Glaser, experte auprès du Centre des études internationales et stratégiques (CSIS), le sénateur de l’Arizona pourrait placer les liens américano-japonais au cœur de sa politique asiatique. « En me basant sur certains commentaires du camp McCain, je pense qu’il serait possible que la relation États-Unis/Japon mène notre politique asiatique et que nos relations avec des pays partageant notre façon de penser, nos valeurs, prennent une plus grande importance », ajoute-t-elle. L’administration Bush, en accordant ces derniers temps une plus grande importance aux relations Pékin-Washington, a suscité des inquiétudes chez son principal allié asiatique, le Japon, qui craint d’être relégué au second plan. « Je ne pense pas que ce soit la réalité, mais je pense que c’est en effet comme ça que les choses sont perçues », reconnaît Mme Glaser. Les États-Unis et la Chine disposent de deux mécanismes de dialogue de haut niveau pour évoquer leurs problèmes communs, dont le « dialogue économique stratégique » et le « dialogue de haut niveau ». Cela « n’a pas débouché sur des résultats substantiels », estime Fred Bergsten, ancien responsable du département du Trésor. Il préconise d’organiser un « G2 » informel où les deux superpuissances économiques pourraient « gérer conjointement l’évolution du système économique mondial d’une façon efficace, durable et fournir un socle à l’économie mondiale ». P. PARAMESWARAN (AFP)
Malgré leurs discours, les candidats à la Maison-Blanche Barack Obama et John McCain ne devraient pas adopter une attitude de défi envers la Chine, même si le pays fait étalage de sa puissance militaire et économique, estiment des experts.
Pékin suscite préoccupation et parfois colère aux États-Unis, principalement à cause d’une montée en puissance non transparente de...