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RENCONTRE - Il dirige l’OSNL ce soir à l’église Saint-Joseph (USJ) La musique, « de l’architecture en sons » pour Charles Ansbacher

Invité par l’ambassade des États-Unis dans le cadre des projets visant à régénérer les activités culturelles du pays de l’Oncle Sam sur la scène culturelle libanaise, tout en créant des relations en profondeur et interactives avec les institutions culturelles et éducatives du pays du Cèdre (avec master class et conférence), maestro Charles Ansbacher est au bout de la houlette qui dirigera ce soir l’Orchestre symphonique national libanais à l’église Saint-Joseph (USJ). Rencontre avec  un chef d’orchestre américain de renom international, un homme d’action (et aussi un homme de science !) à la vaste culture musicale (il s’en défend coquettement, en parlant de culture « étroite ») et dont le sens de l’humour, l’humanisme bienveillant, toujours à l’écoute d’autrui, la simplicité et la modestie laissent l’interlocuteur absolument désarmé... Cheveux sel et poivre, chemise jaune à petits carreaux, jeans vert pistache et basket couleur cendre, voilà le look bien américain d’un musicien épris de physique et d’architecture, et engagé dans tous les combats qui mènent la musique à tous les auditoires du monde. De Boston à Moscou, en passant par Sarajevo et Bishkek, Charles Ansbacher occupe une place prépondérante dans la direction des orchestres dispensant joie d’écoute, bonheur de rêver et évasion vers un monde meilleur, un monde en mutation... De la Bosnie à la Moldavie, en passant par l’Azerbaïdjan, la Macédoine, la Slovénie et l’Ouzbékistan (liste non exhaustive), la musique sous ses doigts est ce qui tend pour une harmonie nouvelle, une paix intérieure et un regain d’espoir… « Oui, dit-il d’emblée d’une voix rauque et avec un sourire qui ne le quitte pratiquement jamais, comme pour entrer dans le vif du sujet, c’est ma première visite au Liban, mais pas au Moyen- Orient ! J’ai déjà donné des concerts au Caire et à Amman. Mais ici c’est différent. Je suis sensible d’abord à l’activité des festivals, notamment quand on transforme un lieu historique (et votre pays en est rempli) en un lieu de concerts ou d’événements culturels. Cela rejoint ma perception de ce qui “marque”... C’est ainsi que j’ai appelé d’ailleurs le Landmark Orchestre de Boston que j’ai fondé en l’an 2000. Je suis attiré ici par les Cèdres et je suis impressionné par Beyrouth que je n’ai pas eu encore le temps de découvrir entièrement. La ville, avec la Méditerranée qu’on aperçoit partout, me fascine... C’est sûr que j’aimerais lui consacrer davantage de temps, pour une meilleure connaissance… Quant à la musique, rien n’indiquait ma prédisposition… Mes parents, tous deux psychologues de formation, aimaient toutefois la musique et en écoutaient. Tout a démarré, je crois, avec mes premiers cours de violoncelle au Vermont et puis, après des études en histoire de la musique, j’ai commencé à diriger un orchestre à l’Université de Cincinatti… Et pour parler franchement, mes intérêts vont vers la physique. J’aime ce qui est “concret”. Tout comme je suis épris d’architecture. La conciliation musique et architecture est intéressante. Elle permet souvent de meilleures combinaisons de sonorités. Tenez, lors de mon séjour à Vienne, il m’a été possible de donner des concerts dans de vieilles cathédrales. Il y a parfois des sonorités extrêmement positives…Tout comme je considère comme un bon projet la création de la salle polyvalente (pour plus de 2 000 personnes) du Colorado Springs… » Petite pause, sans jamais lâcher toutefois le domaine culturel et musical, pour serrer de plus près la notion de musique. Amusé et attentif, Charles Ansbacher précise : «  Ma définition de la musique ? Certains la lient à l’architecture et disent que cette dernière est de la musique gelée… Moi je dis que la musique est de l’architecture en sons… Mes compositeurs préférés ? À part Beethoven (qu’il dirige divinement, en se référant à sa prestation avec le chœur du festival Tanglewood), il y a bien sûr Brahms, mais aussi Haydn, Mozart, Fauré, Schumann, Stravinsky et, ne l’oublions pas, Bernstein… Quant à savoir qu’est-ce qu’un bon chef d’orchestre, question qui préoccupe tout public écoutant de la musique, pour moi il y a deux catégories de maestros. La première, montrant un brillant interprète avec une grande intériorité. Tel Boulez faisant vivre des pages de Debussy ou Ravel. Et la seconde, vivant en symbiose avec sa communauté et lui apportant l’événement artistique, culturel et musical. Tel Walid Gholmieh, Maurice Abravanel (25 ans au service de Salt Lake City) ou Sir Simon Rattle (dans le cadre de Birmingham)…Et il y a, bien entendu, les grands, tel Karajan… et bien d’autres… » Et pour le concert de ce soir, que réserve-t-il aux nombreux mélomanes qui viendront l’applaudir ? « Pour ce soir, il y aura une Ouverture de Rossini, le Concerto pour violon de Khatchadourian, avec en soliste Claude Chalhoub, et des pages réservées à l’amour avec le Roméo et Juliette de Tchaïkovsky et, pour les intermittences du cœur de Porto Rico, des sélections de West Side Story de Leonard Berstein. » Charles Ansbacher, connu pour ses multiples prestations et son zèle pour la région de Rocky Mountain, est qualifié par Bill Clinton, pour son enthousiasme à parcourir la planète partitions en mains et baguette prête pour les premières mesures, d’ « ambassadeur non officiel de la musique américaine ». Bienvenue donc à cet ambassadeur qui, dans ses moments perdus (si rares pour une vie tant accomplie), tangue sur son bateau au gré des flots… La mer a toujours des messages qu’on écoute la face au vent, dit le poète Saint-John Perse… Edgar DAVIDIAN
Invité par l’ambassade des États-Unis dans le cadre des projets visant à régénérer les activités culturelles du pays de l’Oncle Sam sur la scène culturelle libanaise, tout en créant des relations en profondeur et interactives avec les institutions culturelles et éducatives du pays du Cèdre (avec master class et conférence), maestro Charles Ansbacher est au bout de la...