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Actualités - CHRONOLOGIE

Irlande - Brian Cowen dans un ultime effort à la veille du référendum sur le traité de Lisbonne Des leaders de l’UE s’autorisent, tardivement, à défendre le « oui »

Face au risque d’un « non » au référendum en Irlande, plusieurs dirigeants européens, français notamment, sont sortis ces derniers jours de leur réserve, évoquant même les conséquences d’un rejet du traité censé faciliter le fonctionnement de l’Union européenne. Les responsables de l’UE s’étaient promis de rester discrets à l’approche du seul référendum organisé sur le nouveau traité européen, de peur de créer une réaction de rejet chez les Irlandais. Leur principale contribution aura été d’éviter soigneusement les sujets qui fâchent. Mais les derniers sondages donnant au « non » une chance réelle, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner et son homologue autrichienne Ursula Plassnik ont brisé les rangs pour défendre le « oui ». « Nous espérons que le peuple irlandais va voter oui », a déclaré M. Juncker. Il a cependant tendu la main aux Irlandais tentés par un « non », en reconnaissant que les dirigeants européens parlaient un jargon incompréhensible à leurs citoyens. Ursula Plassnik a quant à elle rappelé aux Irlandais que leur pays avait « très bien exploité les chances qu’offre une Europe unie », en allusion au boom économique qu’a connu l’Irlande après son entrée dans la Communauté économique européenne en 1973 et qui lui a valu le surnom de « tigre celtique ». M. Kouchner a usé d’arguments similaires : les Irlandais ont « profité plus que les autres » de l’Europe et seraient « les premières victimes » d’un « non ». Échaudés par les « non » français et néerlandais aux référendums sur la Constitution européenne de 2005, de nombreux spécialistes européens jugent un tel discours dangereux lorsqu’il émane de non-Irlandais, et surtout de dirigeants d’un « grand pays » comme la France, qui semble ainsi dicter sa conduite à un « petit » pays comme l’Irlande. « Se taire est le meilleur service qu’on puisse rendre aux Irlandais et à l’Europe », a indiqué à l’AFP un haut responsable de la Commission, visiblement énervé. Mais M. Kouchner est sorti plus encore du rang en évoquant les conséquences d’un « non » – un tabou, la ligne officielle étant qu’« il n’y a pas de plan B ». La France paraît d’autant plus déterminée à faire « passer » le nouveau traité que son président Nicolas Sarkozy a fait de sa mise en œuvre une priorité de sa présidence de l’UE. Il compte bien présider aux tractations sur les nominations aux postes prestigieux prévus par le traité, celui de président du Conseil de l’UE et de haut représentant des Affaires étrangères. Parallèlement, hier en Irlande, le Premier ministre irlandais Brian Cowen a lancé un ultime effort en vue d’arracher un « oui » incertain au référendum d’aujourd’hui tandis qu’une trêve médiatique donnait une journée de réflexion aux trois millions d’électeurs de l’île. « Les gens ont conscience qu’ils ont une importante décision à prendre demain » (jeudi), a lancé le dirigeant centriste à Longford, à l’ouest de Dublin, lors d’un arrêt de son « Yes Bus » qui parcourt l’Irlande. Les radios et télévisions se sont abstenues de parler du référendum, hier, en vertu d’un « moratoire » volontaire effectif jusqu’à la fermeture des bureaux de vote ce soir. Les journaux, en revanche, ne se privent pas de lancer un dernier assaut. « Dites “non” à un mauvais gouvernement à la française », écrit l’Irish Independent en employant le mot français « non ». « Le oui est impératif », répond l’Irish Times, ajoutant : « Un rejet de Lisbonne affaiblirait l’Irlande au moment où son économie est vulnérable. »
Face au risque d’un « non » au référendum en Irlande, plusieurs dirigeants européens, français notamment, sont sortis ces derniers jours de leur réserve, évoquant même les conséquences d’un rejet du traité censé faciliter le fonctionnement de l’Union européenne.
Les responsables de l’UE s’étaient promis de rester discrets à l’approche du seul référendum...