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Actualités - CHRONOLOGIE

Énergie - Le prix de l’essence bondit de 1 600 livres Impuissant, l’État observe les hausses à la pompe et colmate les déficits de l’EDL

Après avoir maintenu inchangés les prix des carburants la semaine dernière, le ministre de l’Énergie et de l’Eau (par intérim), Mohammad Safadi, a dû affronter la réalité des marchés internationaux. Les nouveaux plafonds annoncés hier ont ainsi augmenté de 1 600 livres pour l’essence et de 1 400 livres pour le mazout. Aucune solution ne se profilant à court terme, la spirale des hausses devrait se poursuivre et les problèmes de l’EDL s’aggraver. Les hommes politiques étant trop occupés à se partager le pouvoir, les citoyens devront gérer, seuls, la hausse des prix à la pompe… et les coupures d’électricité. Safadi a voulu gagner du temps, une semaine, donner un peu de répit aux consommateurs. Mais il a vite été rattrapé par la réalité d’un baril de pétrole à plus de 135 dollars, dont les dérivés suivent la même tendance. Les importateurs ayant menacé de ne plus approvisionner le marché, le ministre n’a pas pu réitérer l’expérience de la semaine précédente. Les hausses internationales ont été, et le seront sans doute aussi dans les semaines à venir, répercutées à la pompe. Le PDG de Gazprom ayant prédit avant-hier un baril à 250 dollars avant la fin de la décennie (une affirmation qui ne peut qu’encourager la spéculation), cette situation ne peut que s’aggraver avec le temps. Le fait que la plupart des pays au monde aient le même problème et que des mouvements de contestation éclatent aussi bien en Europe qu’en Asie n’est sans doute pas de nature à consoler les Libanais. Car ces derniers doivent y faire face à deux niveaux : à la station d’essence et à la maison, où l’électricité est de plus en plus rare et les générateurs de plus en plus chers. Il faut toutefois avouer que les marges de manœuvre actuelles de l’État sont limitées. Ce dernier a déjà levé les taxes sur les carburants. La CGTL propose donc d’abolir la TVA sur les produits pétroliers, ce qui reviendrait à priver le Trésor de près de 265 millions de dollars par an (montant collecté en 2007). Et « après il faudra se demander comment payer les fonctionnaires », a ironisé une source proche du dossier, estimant qu’il n’est plus possible d’user du levier fiscal et encore moins des subventions. Selon elle, à court terme, la seule solution est de négocier des accords préférentiels avec les pays producteurs. Mais quel exportateur, aussi « ami du Liban » soit-il, aura le courage politique d’accorder un traitement de faveur au pays du Cèdre et ignorer les autres ? De la réponse à cette question dépend l’avenir des prix des carburants au Liban. À défaut d’agir directement sur les prix, les autorités pourraient toutefois agir sur un ensemble de paramètres pour permettre au citoyen de supporter ce poids supplémentaire. À commencer par réformer l’EDL, pour alléger les ménages du coût des générateurs et libérer des fonds publics pour améliorer les conditions de vie. « Les trois navires de fuel arrivés récemment et destinés à l’EDL ont coûté 165 millions de dollars pour couvrir 20 jours de consommation. La part payée par l’EDL est de 20 %, le reste étant couvert par le Trésor, indique la source précitée. Le problème n’est pas qu’un tiers de la population ne paye pas l’électricité, le problème principal est que le kilowatt facturé est basé sur un prix du baril à 30 dollars ! » Mais comment imposer aujourd’hui une hausse des tarifs, alors que les capacités de production sont insuffisantes pour se passer des générateurs, que les projets d’énergies alternatives, notamment éoliennes, attendent toujours la réouverture du Parlement, que depuis plus de deux ans la croissance économique est atone, et que la crise politique couve une profonde crise sociale ? Pour lui permettre de supporter le poids des pressions inflationnistes, il aurait fallu réformer l’économie libanaise. À l’heure actuelle, au lieu de subir seulement les prix du pétrole, le pays aurait dû être en train de récolter les fruits des pétrodollars, sagement orientés pour créer des emplois et doper le pouvoir d’achat. Mais les dirigeants politiques avaient leurs propres intérêts à sauvegarder. Aujourd’hui encore, ces considérations passent au second plan derrière le nombre de portefeuilles attribués. « Pour développer un pays, il faut une vision qui n’existe chez aucun homme politique actuel, déplore la source précitée. Le Liban n’a jamais eu de politique pétrolière, comme il n’a jamais eu de politique sociale, agricole ou industrielle… Savez-vous par exemple que pendant les années de reconstruction et de développement, on n’a pas pensé à construire des capacités de stockage pour constituer des réserves stratégiques de pétrole ? Si aujourd’hui il y a une crise d’approvisionnement, c’est tout le pays qui plonge dans le noir et il n’y aura même pas assez de bougies ! » Autre exemple du manque de planification, d’actualité cette fois : depuis lundi, un navire de fuel destiné à l’EDL n’a toujours pas été en mesure de décharger sa marchandise à la centrale électrique en raison de la vétusté du quai qui empêche tout accostage en cas de vents puissants ! En se serrant la main à Doha, la classe politique s’est contentée de prévoir une saison touristique prometteuse. Mais des touristes, c’est aussi plus de consommation électrique, et pour les Libanais, encore plus de pénuries… Sahar AL-ATTAR
Après avoir maintenu inchangés les prix des carburants la semaine dernière, le ministre de l’Énergie et de l’Eau (par intérim), Mohammad Safadi, a dû affronter la réalité des marchés internationaux. Les nouveaux plafonds annoncés hier ont ainsi augmenté de 1 600 livres pour l’essence et de 1 400 livres pour le mazout. Aucune solution ne se profilant à court terme, la...