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Actualités - CHRONOLOGIE

ARCHÉOLOGIE - Le savant français, mort en 1946, avait tant découvert et si peu publié L’égyptologue Victor Loret de retour au Caire pour livrer ses secrets

Plus de 100 ans après son départ malheureux d’Égypte, Victor Loret, un pionnier français de l’égyptologie, y revient en mémoire pour livrer ses secrets. Grâce à l’Université de Milan, qui présente ce mois au musée du Caire ses archives inédites, le mystère s’est dissipé sur ce savant français, mort en 1946, qui avait tant découvert, et si peu publié. « Son œuvre était restée étrangement dans l’ombre comme les motifs de son départ prématuré », dit l’égyptologue italienne Patrizia Piacentini, dynamique responsable de l’acquisition de ce fonds unique. Loret et une poignée d’autres, comme Jean-François Champollion, Giovanni Battista Belzoni, Karl Richard Lepsius, Auguste-Édouard Mariette ou Howard Carter, font partie de la famille des savants et découvreurs qui dévoilèrent au monde l’Égypte des pharaons. Déjà, l’expédition d’Égypte de Bonaparte, de 1797 à 1799, avait jeté les bases de l’égyptologie, récoltant une moisson de documents qui figureront dans la monumentale Description de l’Égypte. Arrivé sur les bords du Nil en 1881, près d’un siècle plus tard, dans le sillage de son maître, Gaston Maspero, Loret réalise le premier catalogue du jeune musée du Caire, créé par Mariette. C’est à Louxor, dans la Vallée des Rois, la nécropole thébaine, qu’il fait en 1898 et 1899 ses grandes découvertes, alors qu’il est le patron du service des Antiquités égyptiennes, un poste dévolu aux Français. Il trouve ainsi la tombe de Thoutmosis III, grand conquérant et pharaon cultivé de la 18e dynastie et, dans celle d’Aménophis II, également souverain du Nouvel Empire, une seconde cache de 17 momies royales. Cette trouvaille « fut une des plus considérables de l’histoire des fouilles dans la Vallée des Rois », a noté l’archéologue anglais Nicolas Reeves, relevant que, curieusement, seul en existait un « rapport préliminaire ». Car si ce spécialiste de la nécropole thébaine crédite Loret d’un « énorme taux de succès », il affirme que « sa réputation en matière de publication était moins impressionnante » et qu’il était mal aimé de ses collègues. « Mais moi, j’ai marché dans ses pas en commençant à fouiller à Saqqara », près du Caire, raconte Zahi Hawass, le patron actuel des Antiquités égyptiennes, pour qui Loret « était énergique, compétent et intègre ». Loret quitte l’Égypte en 1899. Il n’y revient plus jamais. Rentré en France, il ne publie rien sur ses découvertes, et dédie le reste de sa vie à former de brillants égyptologues français à l’Université de Lyon. « Toutes ses notes scientifiques, photos, croquis et textes personnels étaient dans des boîtes tenues dans l’ombre, indique Mme Piacentini. Des pièces importantes qui nous manquaient du grand puzzle de l’égyptologie. » Loret lègue ses archives à l’un de ses élèves préférés, Alexandre Varille. Mais peu après le décès de son maître, Varille trouve la mort accidentellement, à 42 ans, sans pouvoir les exploiter. Elles sont vendues en 2000 par les héritiers Varille à Ars Libris, une maison américaine de livres d’art. Après un essai velléitaire d’une institution française, l’Université de Milan les acquiert en 2002 pour 225 000 euros. « On a maintenant la preuve que Loret était un pionnier aux méthodes modernes. Que sa contribution soit partagée au-delà des Alpes, c’est très bien », commente Laure Pantalacci, directrice de l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) au Caire. Si sa mésentente était connue avec le ministre des Travaux publics, proche des Britanniques, qui refuse le transfert de momies vers Le Caire, restait inconnue la raison de sa démission brutale de la direction des antiquités. « La politique, les rivalités entre grandes nations et la jalousie entre collègues, voilà ce que révèlent les carnets de Loret », dit Mme Piacentini pour qui sa figure et son œuvre peuvent aujourd’hui revivre à la lumière d’Égypte.
Plus de 100 ans après son départ malheureux d’Égypte, Victor Loret, un pionnier français de l’égyptologie, y revient en mémoire pour livrer ses secrets.
Grâce à l’Université de Milan, qui présente ce mois au musée du Caire ses archives inédites, le mystère s’est dissipé sur ce savant français, mort en 1946, qui avait tant découvert, et si peu publié.
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