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Actualités - CHRONOLOGIE

Projet de collecte et de recyclage par l’AEP, en collaboration avec Emmaüs Ne jetez plus vos téléphones portables !

Que fait-on du téléphone portable en fin de vie ? On le jette à la poubelle bien sûr. Et quand on réfléchit au nombre d’appareils qui se retrouvent ainsi dans la nature, il y a de quoi être effrayé. Au Liban, il n’y a qu’à constater le nombre de personnes qui sont devenues dépendantes de ce petit appareil, avec un nombre non négligeable d’usagers qui, amateurs de beaux téléphones et de gadgets sophistiqués, en changent à un rythme effréné. La collecte et le recyclage, il fallait y penser, et c’est exactement ce qu’entreprend actuellement l’Association d’entraide professionnelle (AEP), en partenariat avec Emmaüs International. L’idée est venue justement d’une impression, celle qu’a eue Jean Rousseau, président d’Emmaüs International, de passage au Liban. « Il a été interloqué par le nombre de téléphones portables qu’il a observés aux mains des Libanais, parfois plus d’un par personne, explique Lena Sayyad, directrice de l’AEP. Il nous a alors demandé ce qui se faisait à ce propos au Liban. » L’intérêt que M. Rousseau porte à ce sujet se comprend du fait qu’Emmaüs a fondé un atelier de recyclage des déchets électroniques en France et aide certains pays d’Afrique à se lancer dans ce domaine également. « C’est cela qui nous a donné l’idée de concevoir un projet pilote de recyclage des téléphones portables », souligne Mme Sayyad. L’atelier de recyclage n’est pas pour tout de suite, mais cela n’empêche pas de commencer la collecte des téléphones portables et de tous leurs accessoires, afin d’empêcher, au moins, qu’ils ne se retrouvent jetés dans la nature. « Nous ne demandons pas aux usagers de nous envoyer leurs téléphones encore fonctionnels, et qu’ils peuvent revendre, explique Mme Sayyad. Ce sont les appareils et leurs accessoires en fin de vie que nous voulons collecter, afin qu’au lieu qu’ils ne se retrouvent à la poubelle, quelqu’un puisse en profiter ailleurs. Pour l’instant, nous les envoyons à Emmaüs, en France. » L’entreprise a été lancée le 31 mars, et le nombre de téléphones collectés est déjà assez significatif. « Les nouvelles sur la collecte se sont propagées de bouche à oreille, indique-t-elle. Nous avons envoyé des affiches par e-mail et sur papier à un réseau d’amis. Nous essayons d’agrandir le cercle actuellement. Le projet a un double objectif : d’une part, permettre à d’autres de profiter de ces téléphones usagés et, d’autre part, d’habituer les Libanais à l’idée du recyclage de leurs déchets électroniques. » Pour envoyer vos téléphones usagés et leurs accessoires, il faut appeler l’AEP au 01-382610, ou au 01-381971. Le siège de l’AEP est à Badaro, mais il n’est pas nécessaire de faire le trajet soi-même. L’association, dont les branches sont réparties sur l’ensemble du territoire libanais, notamment à Tripoli, à Batroun, à Jbeil, au Kesrouan, au Chouf, à Saïda et dans la Békaa, peut faire en sorte de les collecter chez les personnes intéressées, ou de diriger celles-ci vers leurs centres régionaux. Des milliards d’appareils jetés chaque année L’objectif ultime reste bien sûr de créer au Liban un atelier de recyclage des déchets électroniques, à l’instar de celui d’Emmaüs France. Une initiative que l’on ne peut que qualifier d’essentielle, puisque rien n’est fait actuellement pour traiter ces déchets hautement dangereux bien que très communs. « Nous avons déjà un local adéquat, affirme Mme Sayyad. Le savoir-faire viendra de l’étranger, et nous profiterons de l’expérience d’Emmaüs, notre partenaire dans ce projet. L’atelier créera un certain nombre d’emplois pour des candidats libanais, il faut le rappeler. Pour le financement, nous ferons appel à des sponsors locaux, et certains se sont déjà déclarés intéressés. » L’atelier pourrait être mis sur pied d’ici au début de l’année prochaine. Les déchets électroniques, notamment les téléphones portables, sont un véritable casse-tête mondial. Si nous n’avons pas de chiffres fiables sur le Liban, certaines statistiques sur Internet parlent de non moins de huit milliards de téléphones portables jetés dans le monde chaque année. Pour donner une simple idée du phénomène, on estime à quelque 426 000 le nombre de téléphones portables qui se retrouvent à la poubelle chaque jour aux États-Unis. Même pour un aussi petit pays que le Liban, les chiffres devraient être impressionnants. Alors que fait-on de ces déchets électroniques ? Les Ateliers du bocage, gérés par Emmaüs France, récupèrent les appareils usagés ainsi que tous les accessoires. Après la collecte vient une opération de tri au cours de laquelle est opéré un démantèlement puis une valorisation des déchets, dans le cas des téléphones qui ne peuvent être revendus. Dans le cas contraire, une remise en état est prévue, puis une revente via le réseau interne d’Emmaüs, ou via des partenaires. L’organisation a déjà contribué à créer des ateliers dans plus d’un pays d’Afrique, comme celui qui est prévu au Liban. Le problème des déchets électroniques est considérable en France comme dans le monde entier, et leur volume est estimé à 1,7 million de tonnes par an, soit 25 kg/personne, et avec un taux de croissance élevé de 3 à 5 % par an. Avec ce projet d’atelier libanais, l’AEP semble loin de sa vocation initiale, mais c’est son partenariat avec Emmaüs et sa conception élargie du développement qui l’a menée à se tourner vers ce type de projets, comme le précise sa directrice. Rappelons en effet que, à l’instar du Mouvement social, cette association était née après la disparition de l’Oasis de l’espérance, fondée en 1984 par Mgr Grégoire Haddad, et qui s’occupait, entre autres, de la récupération du papier pour le recyclage. L’AEP, qui a vu le jour durant la guerre, a été fondée par un groupe d’hommes d’affaires qui voulaient mener une action pour aider les jeunes en difficulté, loin de l’assistanat et de la charité. Ces fondateurs ont donc conçu ce projet pour proposer à de jeunes et petits entrepreneurs en difficulté des micro-crédits, qui les aideraient à se sortir d’affaire, mais qui les responsabilisaient en même temps puisqu’ils devaient les rendre à leurs créditeurs. Aujourd’hui, l’association s’est décentralisée. Elle a toujours un conseil d’administration, une hiérarchie de volontaires et d’employés, ainsi qu’un conseil des sages qui comprend les fondateurs, notamment Mgr Haddad. L’association a déjà accordé 2 018 prêts à ce jour, sans distinction de profession, de confession, de sexe… La collaboration avec Emmaüs International, avec laquelle l’AEP partage tant de valeurs communes, date des années 90. Suzanne BAAKLINI
Que fait-on du téléphone portable en fin de vie ? On le jette à la poubelle bien sûr. Et quand on réfléchit au nombre d’appareils qui se retrouvent ainsi dans la nature, il y a de quoi être effrayé. Au Liban, il n’y a qu’à constater le nombre de personnes qui sont devenues dépendantes de ce petit appareil, avec un nombre non négligeable d’usagers qui, amateurs de...