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Actualités - CHRONOLOGIE

ACTUALITÉS LITTÉRAIRES La femme, miroir des cœurs et de l’histoire…

Dans le flot immense des ouvrages qui continuent d’affluer en devanture des librairies, la femme, la plus intarissable des inspiratrices, reste une muse imbattable…Miroir des cœurs et de l’histoire, la femme continue d’alimenter l’encre qui noircit les pages des livres. Romans, essais, biographies, récits de tous crins, la femme est là pour tenir le fil d’Ariane qui conduit sur tous les chemins, même de traverse, des intermittences du cœur aux plus troublants remous de l’histoire, aussi bien littéraires que politiques. Pour cela, du peloton d’opus choisis ont émergé trois figures féminines emblématiques?: la romancière italienne Milena Agus, Simone de Beauvoir et Benazir Bhutto. Éclairage sur trois parcours et combats dont la «?féminitude?» reste un éminent dénominateur commun. «?Battement d’ailes?» de Milena Agus Éloge de la liberté On se souvient avec délectation du roman Mal de pierres de Milena Agus où l’amour et le portrait d’une femme, atteinte de folie douce, avaient un pouvoir de séduction incantatoire. Aujourd’hui, avec son troisième opus de fiction, Battement d’ailes (collection Liana Levi, 154 pages, traduit de l’italien par Dominique Vittoz), Milena Agus, écrivaine sarde, récidive son coup d’éclat. Petit livre au charme secret, saupoudré d’une poésie toute en teintes délicates et parfumées (on y respire la sauge sauvage, le thym et le basilic?!), et habité par des personnages atypiques, amoureusement cernés… Sur un lieu enchanteur de la Sardaigne, au haut d’une colline qui surplombe la mer, vit madame et ses fantasmes. Madame qui lutte contre l’avancée agressive du béton et des touristes. Une femme d’un autre temps, en mal avec les percées d’un modernisme industriel, strident et décadent. Autour d’elle, une galerie de personnages sympathiques, eux aussi un peu hors norme, qui partagent avec elle la vision d’un monde plutôt rêvé que baigné par la fade et agressive réalité... Pour Milena Agus, enseignante d’italien et d’histoire à Cagliari, il s’agit surtout, une fois de plus, d’un portrait de femme en mal d’amour. Portrait attachant, peint avec des mots simples et un don particulier pour suggérer l’évasion, le rêve, les aspirations secrètes, les fantasmes. Par-delà les scènes érotiques, entre pudeur et délicieuse insolence, par-delà les paysages de cartes postales au charme suranné, par-delà les odeurs, les bruits et les saveurs d’une «?dolce vita?» italienne inondée de soleil et de sensualité, il y a surtout dans ces pages frémissantes de vie un bel éloge de la liberté. Et, bien entendu, une belle revanche de la fiction sur la réalité. «?Castor de guerre?» de Danièle Sallenave Portrait d’une femme exceptionnelle et affrontement des grandes questions… Un personnage mythique et une écrivaine prolifique. Avec Simone de Beauvoir, l’incontournable auteur du Deuxième sexe quand il s’agit de parler des femmes, on aborde des rives aux horizons infinis tant l’engagement de la compagne de Jean-Paul Sartre fut grand, généreux et parfois tous azimuts. Pour sa biographie fouillée et bien documentée, la plume alerte et vive de Danièle Sallenave scanne méthodiquement et sans complaisance œuvre et détails d’un parcours pris «?entre l’ardeur de vivre et l’horreur du néant?». Pour cette rencontre, guère fortuite, un livre-pavé intitulé?Castor de guerre (Gallimard, 603 pages). Certes, il s’agit bien du portrait d’une femme exceptionnelle, mais aussi et surtout il s’agit de jeter la lumière sur les points de vue d’une femme de lettres et philosophe qui refusait les coins d’ombre et s’immisçait dans les affaires les plus ténébreuses, les plus équivoques, les plus iniques (aussi bien sociales, culturelles, politiques ou sexuelles) de son siècle…Combats fermement engagés pour mieux comprendre et expliquer ce que fut le tumulte des idées du XXe siècle avec un essai oscillant entre le portrait, difficile à tracer pour ses multiples ambiguïtés, de l’auteur des Mémoires d’une jeune fille rangée,?et l’analyse méticuleuse et précise d’une œuvre romanesque et philosophique abondante et diversifiée. Un livre référence pour mieux comprendre les engagements, les coups de cœur et les défenses d’une ardente avocate de l’existentialisme. Réflexions, citations, prises de positions sociales, littéraires, culturelles, politiques et écrits de l’auteur de L’invitée sont passés ici au crible par la plume de Danièle Sallenave. Pour une meilleure et plus profonde perception d’une œuvre majeure et d’un personnage certes controversé, mais qui n’a jamais laissé indifférent. « Une vie pour la démocratie?» de Benazir Bhutto Le courageux parcours d’une pionnière… «Je n’ai pas choisi cette vie, c’est elle qui m’a choisie. Ma vie est le reflet des turbulences, des tragédies et des triomphes de mon pays.?» C’est par cette phrase de Benazir Bhutto que l’on aborde son autobiographie publiée aux éditions Héloïse d’Ormesson, Une vie pour la démocratie (596 pages, traduit de l’anglais par Simone Lamblin et Isabelle Taudière). Une vie qui s’achève de manière tragique le 27 décembre 2007 à Rawalpindi, à deux kilomètres de l’endroit où fut exécuté en 1979 son père, Zulfikar Ali Bhutto, premier chef du gouvernement pakistanais, issu d’un parti progressiste, à avoir tenu tête aux militaires. Une fin prévisible vu le lourd différend qui l’opposait à ses adversaires et détracteurs après un long exil à Dubaï et Londres. De cette autobiographie (1953-2007) d’une fille de l’Orient, léguée comme un véritable message d’espoir et surtout comme un vibrant testament pour toute action démocratique, Benazir Bhutto a ces propos de battante. Propos qui méritent que l’on s’y arrête, pour méditation, réflexion et certainement une belle leçon de courage et de lucidité :?«?Les combats politiques que j’ai menés ont toujours eu une finalité. Il s’agissait en premier lieu de promouvoir la liberté et la justice sociale. Et ces valeurs méritent incontestablement que l’on se batte pour elles. Mais je sais aussi que ma carrière a été d’autant plus difficile que je suis une femme. Bien sûr, rien n’est facile pour nous, les femmes, dans la société moderne, où que nous vivions. Nous devons toujours redoubler d’efforts pour prouver que nous valons autant que les hommes. Nous devons travailler davantage et faire plus de sacrifices.?» Dans un pays comme le Pakistan, la vie de Benazir Bhutto n’a pas été une vie ordinaire. Un père et deux frères assassinés, cela s’inscrit déjà dans le sillage des tristes sagas des Kennedy et des Gandhi baignées dans la douleur et le sang. Malgré tant d’écueils et de dangers, Benazir Bhutto, irréductible adepte du travail bien accompli, confie, en toute simplicité, être «?une femme heureuse?»… «?Heureuse, écrit-elle, parce que j’ai réussi à ouvrir une brèche dans le bastion de la tradition en devenant la première femme du monde musulman nommée au poste de Premier ministre.?» Un livre dense et sincère, rédigé en toute clarté, malgré tous les imbroglios politiques d’une région confuse et embrasée. Un livre, véritable leçon et exemple de vie, qui éclaire surtout un destin de femme où la réalité est encore plus tourmentée, improbable et incroyable que la fiction… Edgar DAVIDIAN Livres en vente à la librairie al-Bourj.
Dans le flot immense des ouvrages qui continuent d’affluer en devanture des librairies, la femme, la plus intarissable des inspiratrices, reste une muse imbattable…Miroir des cœurs et de l’histoire, la femme continue d’alimenter l’encre qui noircit les pages des livres. Romans, essais, biographies, récits de tous crins, la femme est là pour tenir le fil d’Ariane qui...