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DIPLOMATIE - Les ministres européens des Affaires étrangères ont mis fin hier à près de deux ans de saga De délicates négociations avec Moscou seront lancées au sommet UE-Russie en juin

À un mois de leur premier sommet avec Dmitri Medvedev, les pays de l’Union européenne (UE) ont approuvé hier le lancement de délicates négociations visant à resserrer leurs liens avec Moscou, qui a toujours su exploiter les divergences entre les 27. Les ministres européens des Affaires étrangères ont mis fin à près de deux ans de saga, en adoptant hier les lignes directrices qui devront guider la Commission européenne pendant ces négociations. La Pologne avait bloqué leur adoption pendant 18 mois, en raison d’un embargo russe sur la viande polonaise, levé en mars. La Lituanie, inquiète de l’interruption depuis 2006 des livraisons russes de pétrole à son unique raffinerie et du bras de fer entre Moscou et Tbilissi sur l’Abkhazie, avait pris le relais : elle n’a cédé qu’après avoir obtenu de ses partenaires des assurances écrites que Bruxelles essaierait bien d’avancer sur ces deux dossiers. « Nous avons travaillé très dur pour arriver à cet accord », a reconnu le ministre slovène des Affaires étrangères, Dimitrij Rupel, dont le pays préside l’UE. « Tout le monde a fait des compromis », a-t-il indiqué. Les négociations devraient maintenant démarrer formellement lors du sommet UE-Russie des 26 et 27 juin prochains en Sibérie, auquel participera pour la première fois le nouveau président russe, Dmitri Medvedev. Elles visent à redéfinir les relations avec Moscou à la lumière de la puissance et de la richesse retrouvées de la Russie. L’accord actuel date de 1997, à une époque où la Russie, convalescente après l’effondrement de l’URSS, était peu revendicative envers l’Occident. Les pourparlers devraient durer « environ un an », selon M. Rupel, auquel s’ajoutera « environ un an » pour faire ratifier le nouveau texte par les 27 pays membres de l’UE. Ce qui signifie qu’un nouvel accord n’entrerait en vigueur, au plus tôt, que fin 2010. L’ambition est que les négociations « clarifient tous les problèmes existants entre l’UE et la Russie », selon M. Rupel. Mais les points de friction s’annoncent nombreux et les tensions autour de la Géorgie ne sont qu’un exemple. Le volet énergétique, essentiel pour des Européens inquiets de leur dépendance envers les hydrocarbures russes, s’annonce ultrasensible. « Nous devons nous assurer que l’énergie est commercialisée comme une marchandise et non utilisée comme un instrument géopolitique », a souligné le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski. « Ce n’est pas le fait que les pays producteurs veuillent vendre leur énergie aux prix les plus hauts possibles qui nous inquiète. Ce sont les monopoles, le chantage et les comportements sans lien avec le marché », a-t-il souligné, dans une critique implicite du géant gazier russe Gazprom, très proche du Kremlin. Même s’ils soulignent que la Russie est incontournable et fondamentalement un pays « ami » de l’Europe, les diplomates européens s’attendent à ce que Moscou se montre coriace pendant ces négociations. D’autant que la Russie a su, sous Vladimir Poutine, tirer profit des divergences entre les pays européens, encore tentés de privilégier leurs relations bilatérales avec Moscou malgré leur vœu – réitéré hier par M. Rupel – de « parler d’une seule voix ». Dans l’énergie en particulier, Moscou et Gazprom maintiennent des relations privilégiées avec l’Allemagne et l’Italie. Les Russes rappellent aussi volontiers aux Européens leurs divergences sur le Kosovo. Pour garder l’avantage sur l’UE pendant les négociations, les Russes pourraient aussi arguer de la possibilité de réorienter leurs livraisons d’hydrocarbures vers une Chine peut-être moins exigeante. M. Medvedev a d’ailleurs réservé à Pékin, samedi, l’honneur de son premier grand voyage à l’étranger, et souligné sa volonté de « renforcer la coopération stratégique » entre les deux géants.
À un mois de leur premier sommet avec Dmitri Medvedev, les pays de l’Union européenne (UE) ont approuvé hier le lancement de délicates négociations visant à resserrer leurs liens avec Moscou, qui a toujours su exploiter les divergences entre les 27.
Les ministres européens des Affaires étrangères ont mis fin à près de deux ans de saga, en adoptant hier les lignes...