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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - De l’opportunité d’une stabilité politique combinée à un baril à 135 dollars  Le défi de la prochaine étape : orienter les investissements arabes vers les secteurs productifs Sahar al-ATTAR

Au lendemain de l’accord de Doha, l’optimisme est de rigueur dans les milieux économiques. Du ministre des Finances au président de la Fédération des Chambres en passant par les représentants des différents secteurs, on parle d’une « nouvelle ère » pour le Liban, caractérisée par une stabilité politique qui permettrait, enfin, au pays de profiter des liquidités abondantes dans la région. Jihad Azour, qui a réintégré hier les locaux du ministère des Finances au centre-ville après un an et quatre mois de déménagement forcé, a d’ailleurs dit s’attendre à une croissance supérieure aux 4 % initialement prévues cette année. Outre son impact positif sur la notation de la dette souveraine, la détente politique devrait en effet permettre de restaurer la confiance des touristes et surtout des investisseurs arabes, ainsi que ceux de la diaspora. Toutefois, en l’absence de réformes structurelles longtemps attendues, l’afflux de pétrodollars risque de se concentrer sur des secteurs hautement spéculatifs et peu productifs : l’immobilier et, dans une moindre mesure, la Bourse de Beyrouth. Cette dernière a encore bondi de 7 % hier après avoir grimpé de 8 % la veille, son action phare, Solidere, montant à 35,70 dollars. Étant donné le peu d’actions et de compagnies cotées, l’afflux des capitaux devrait se concrétiser par une hausse continue des cours, voir l’apparition d’une bulle spéculative. Mais pour que d’autres entreprises puissent bénéficier de cette manne financière, de nouvelles introductions en Bourse doivent rapidement intervenir. Parallèlement, des investissements fonciers massifs sont prévisibles sachant que le Liban est aujourd’hui l’un des pays les moins chers de la région. Mais « il faut faire attention au fait que la ruée sur l’immobilier ne se fasse pas à un rythme effréné, souligne à juste titre Jean Riachi, PDG de FFA Private Bank. D’abord, parce que, ces investissements ne sont pas créateurs de valeur ajoutée à long terme. Ensuite, parce qu’ils vont entraîner une hausse des prix qui finira par pénaliser les Libanais, si elle n’est pas accompagnée d’une revalorisation du pouvoir d’achat et de l’épargne au Liban ». C’est le cas à Amman ou à Damas, par exemple, où les appartements sont plus chers qu’à Beyrouth. Pour optimiser les placements étrangers, il faut donc les « orienter vers des secteurs à valeur ajoutée, que ce soit vers certaines industries exportatrices ou vers des services porteurs, notamment dans les télécoms », poursuit M. Riachi. Ainsi, le principal défi de l’étape à venir sera de mettre en œuvre des réformes ambitieuses, avec la volonté de diversifier et de doper la productivité de l’économie libanaise. « Le Liban ne peut pas être réduit uniquement au tourisme ou aux services financiers », relève Jean Riachi. Même les dépenses des touristes seraient bien plus optimales, si le pays était un peu moins importateur et plus producteur. Or, le potentiel des secteurs productifs reste largement sous-exploité, soit par manque de financement, soit par manque d’infrastructure favorable à leur développement. C’est notamment le cas des services de télécommunications, pénalisés par les tarifs élevés de l’Internet et des cellulaires. L’industrie, elle, gagnerait à attirer plus de capitaux. Quant à l’agriculture, elle manque de tout, surtout d’une politique agricole. On en revient donc à la politique. Pas la politique politicienne, telle que la pratiquent si bien les dirigeants libanais. Mais la politique qui consiste à penser et à préparer l’avenir en prenant des mesures de nature à favoriser le bien-être des citoyens, à travers un développement équilibré. Les occasions manquées, le Liban s’en est fait une spécialité. Aujourd’hui que l’espoir est à nouveau permis, le prochain gouvernement est appelé à saisir l’opportunité d’un baril à 135 dollars pour mettre l’économie libanaise sur les rails d’une croissance durable. En espérant que la minorité de blocage ne servira pas surtout à bloquer les réformes.
Au lendemain de l’accord de Doha, l’optimisme est de rigueur dans les milieux économiques. Du ministre des Finances au président de la Fédération des Chambres en passant par les représentants des différents secteurs, on parle d’une « nouvelle ère » pour le Liban, caractérisée par une stabilité politique qui permettrait, enfin, au pays de profiter des liquidités abondantes...