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Actualités - CHRONOLOGIE

Pakistan - Washington réserve son jugement, Kaboul affiche sa préoccupation Islamabad signe la paix avec les islamistes

Le gouvernement du Pakistan et des combattants islamistes ont conclu hier un accord de paix dans la vallée autrefois touristique de Swat, dans le nord-ouest du pays. En réaction, les autorités afghanes ont affiché leur préoccupation, rappelant que dans le passé de tels accords avaient « fait du tort » aux deux pays. De son côté, Washington a indiqué qu’il réservait son jugement, demandant à voir si les attaques vont s’arrêter. Ce processus est cependant distinct de celui mené depuis deux mois par le nouveau gouvernement et les talibans pakistanais proches d’el-Qaëda, dans les zones tribales voisines, qui n’a pour l’heure pas abouti et qui nourrit le feu des critiques américaines. L’armée pakistanaise se retirera graduellement de la vallée de Swat, dans la Province de la frontière du Nord-Ouest (NWFP), et la loi islamique sera appliquée officiellement, a expliqué à l’AFP un ministre de la NWFP, Bashir Bilour. En contrepartie, les islamistes se sont engagés à fermer leurs camps d’entraînement de combattants et de kamikazes et cesser les attentats qu’ils perpétraient principalement contre l’armée et la police, selon un autre négociateur et ministre, Wajid Ali Khan. Pourtant, l’armée avait rapidement reconquis à l’automne dernier la vallée de Swat, au pied de la chaîne himalayenne de l’Hindou Kouch, tombée aux mains d’un groupe de combattants islamistes très proches des talibans de l’Afghanistan voisin. Ces derniers, obéissant à un leader religieux radical, le maulana Fazlullah, qui souhaite établir l’application à la lettre de la charia (la loi islamique) dans la vallée de Swat, s’étaient réfugiés depuis dans quelques repaires sur les hauteurs, mais harcelaient l’armée notamment par le biais d’attentats-suicide. Les islamistes auraient aussi promis de ne plus s’attaquer aux écoles de filles, aux boutiques de musique et de vidéos et aux barbiers, à qui ils interdisaient de raser les barbes. Quant à l’application de la charia, un haut responsable du gouvernement de la NWFP a précisé à l’AFP qu’elle cohabiterait avec le droit commun, selon cet accord, et que, si les plaignants le requièrent, un juge religieux sera nommé au tribunal pour statuer en vertu de la charia. Le nouveau gouvernement issu des législatives du 18 février, dirigé par l’ex-opposition au président Pervez Musharraf, allié-clé de Washington dans sa « guerre contre le terrorisme », a décidé depuis deux mois de rompre avec la politique offensive du chef de l’État et de négocier des accords de paix. Ce sont les pourparlers avec le principal groupe islamiste armé, le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), dominant dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan, qui ont déclenché les foudres de Washington, dont les plus hauts responsables ne tarissent pas de critiques à l’égard d’Islamabad. Car les États-Unis sont persuadés qu’el-Qaëda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales et renforcé leurs capacités à lancer des attaques contre les forces internationales en Afghanistan ou dans les pays occidentaux. Or le leader du TTP, Baïtullah Mehsud, considéré par Washington comme le chef d’el-Qaëda au Pakistan, est aussi tenu par Islamabad pour responsable de la vague sans précédent d’attentats-suicide pour la plupart – qui a fait près de 1 100 morts en plus d’un an dans tout le pays. El-Qaëda et le TTP avaient déclaré le jihad (guerre sainte) à M. Musharraf pour son soutien à la « guerre contre le terrorisme ». Toutefois, l’opinion publique dans cette puissance nucléaire de 160 millions d’habitants, presque tous musulmans, manifeste un antiaméricanisme de plus en plus exacerbé et nombre de voix s’élèvent parmi les élites, ou dans la rue, pour s’indigner du fait que les Pakistanais « payent le prix d’une guerre qui n’est pas la leur (...) pour la tranquillité des Américains ».
Le gouvernement du Pakistan et des combattants islamistes ont conclu hier un accord de paix dans la vallée autrefois touristique de Swat, dans le nord-ouest du pays. En réaction, les autorités afghanes ont affiché leur préoccupation, rappelant que dans le passé de tels accords avaient « fait du tort » aux deux pays. De son côté, Washington a indiqué qu’il réservait son...