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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - «?Human Nature?» au CCF jusqu’au 15 juin Le règne du métal de Nancy Debs Haddad

Plus d’une trentaine de photos sont affichées à la salle d’exposition du CCF jusqu’au 15 juin. Figures préhistoriques?? Précolombiennes?? Incas ou Aztèques?? Ce ne sont en fait que les clichés de machines métalliques de la photographe Nancy Debs Haddad qui reproduit, en images surdimensionnées, le monde grouillant des usines. Véritable hommage à la seconde nature humaine. Alors qu’elle était en Afrique, Nancy Debs a toujours côtoyé, dès son jeune âge, l’univers des machines. «?Mon père possédait des usines et j’aimais déambuler entre ces immenses tas de ferrailles aux multiples boulons et ressorts et aux couleurs fascinantes. Cette séduction était demeurée latente dans mon esprit jusqu’à prendre forme un jour.?» De sa première exposition, représentant les déchets des machines, à son récent affichage, l’artiste ponctue son parcours photographique d’images diverses. Passage du temps sur des portraits de femmes ou encore sur des murs de Beyrouth,?ce sont autant de travaux qui reflètent sa démarche artistique. Six mois de prospection, de pérégrinations à travers les êtres métalliques silencieux, mais vibrants de vie?; deux ans de sélection et de composition pour aboutir enfin à un travail homogène qui se laisse parcourir comme un conte…préhistorique. Un safari métallique Issues de l’imaginaire de Nancy Haddad, mais également de sa mémoire d’enfant, les photos de machines (souvent des petits détails surdimensionnés) peuplent son univers coloré, mouvant et sonore. «?Au moyen des photos digitales, j’ai réussi à mettre l’accent sur des couleurs basiques, réminiscences d’un monde primitif, mais également sur la texture de ces êtres de métal qui reflètent le passage du temps?», souligne Haddad. Écaillé, rouillé ou poli par les années, ce monde renvoie peut-être aux origines de la machine, aide de camp de l’homme dans son combat permanent pour la survie, mais rappelle aussi, par le subtil jeu de lumière et de perspective, les origines de l’Homo sapiens lui-même. Le paysage industriel, apparemment si froid pour certains, devient un champ de bataille pour un duel incessant entre le primitif et le futuriste. Sous l’objectif de la photographe et surgies des tréfonds de nos mémoires, les machines ont pris vie. Sciée, triturée, manipulée, la tôle informe, multiforme, prend l’aspect d’humanoïde. Sous la main de l’homme, elle est soldat, légion, régiment, prête à aller à la guerre. Elle scrute, observe, toise du regard le visiteur. Endormis, en attente ou sur le qui-vive, les objets inanimés s’apparentent à des oiseaux, des reptiles, d’animaux, mais aussi de masques africains et autres visages. «?Des figures plutôt gaies, dit l’artiste,?qui évoquent le jouet, autre invention de l’homme. S’il se dégage de cet univers une certaine force, poursuit Haddad, elle n’est jamais violente ni agressive. Dans mon travail, j’essaye de rendre hommage à cette “maccina” qui, après avoir été utile à l’homme, est abandonnée négligemment dans un dépôt.?» Sublimer la machine, lui donner une existence réelle en lui redonnant son rôle premier : la servitude dans l’abnégation, tel est l’objectif de cette artiste dont le travail se situe, selon elle, «?du côté de la machine?». À défaut d’être sculpteur (rêve qu’elle nourrissait), Nancy Debs Haddad redonne forme, à travers ses photos, aux rebuts de la matière. Une manière à elle de faire la lumière sur ce monde sinistre qui demeure, quoique productif, dans l’ombre. Colette KHALAF
Plus d’une trentaine de photos sont affichées à la salle d’exposition du CCF jusqu’au 15 juin. Figures préhistoriques?? Précolombiennes?? Incas ou Aztèques?? Ce ne sont en fait que les clichés de machines métalliques de la photographe Nancy Debs Haddad qui reproduit, en images surdimensionnées, le monde grouillant des usines. Véritable hommage à la seconde nature...