Rechercher
Rechercher

Actualités

Dans un rapport sur les derniers événements, l’International Crisis Group estime que l’alliance entre Aoun et le parti chiite ne semble pas être en mesure de durer

« Le Hezbollah plus que jamais perçu comme une milice qui défend des intérêts acquis sous le couvert de la Résistance », souligne l’ICG L’organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG) a publié hier un rapport sur les récents événements au Liban. Sous le titre « Liban : Les armes du Hezbollah se tournent vers l’intérieur », le rapport met d’abord en relief le statu quo qui a dominé durant près de quatre ans la scène politique libanaise. Il note ensuite la concentration de la crise autour de « la question existentielle des armes du Hezbollah », soulignant que le retrait des deux décisions récentes du gouvernement – concernant la mutation du responsable de la sécurité de l’aéroport et le réseau de télécommunications du Hezbollah – a certes été favorablement accueilli par les pays arabes, mais qu’il appartient désormais aux Libanais de s’investir dans la désescalade amorcée par l’accord de principe arabe. S’il est évident que « le Hezbollah s’est imposé militairement », il reste que « politiquement », le bilan est tout autre. Le rapport de l’ICG précise que le Hezb est « plus que jamais » perçu, en dehors de la communauté chiite, comme « une milice qui défend brutalement des intérêts qu’elle a acquis par le biais de son autoproclamation en tant que Résistance ». Abordant l’alliance du général Michel Aoun avec le Hezb, le rapport décrit le député du Kesrouan comme étant « profondément embarrassé » par les comportements de son allié, mais justifie la persistance de l’alliance par la « très forte polarisation » qui domine la scène politique. Le document souligne néanmoins que cette alliance ne semble pas être en mesure de durer « parce qu’elle deviendra de plus en plus difficile à justifier ». « Naksa » Si le gouvernement est resté en place, « et sera en mesure de récolter un soutien national et international », il n’en demeure pas moins que le chef de la majorité parlementaire, Saad Hariri, « a de quoi se montrer inquiet ». En effet, pour l’ICG, le retrait des deux décisions par le gouvernement a démontré à la communauté sunnite à quel point elle est désormais incapable de faire face au Hezbollah. Ce constat va alimenter les radicalismes. Les druzes sortent aussi « défaits et démoralisés » de cette bataille, et « l’armée n’en sort pas indemne non plus », même si le gouvernement a globalement contribué à calmer le jeu en revenant sur ses décisions. Il sera toutefois très difficile de « retourner en arrière » et de se comporter comme si ces confrontations n’avaient pas eu lieu. Le rapport note que les émeutes du 7 mai ont commencé sur fond de revendications sociales, mais qu’au final, cela a débouché sur quelque chose de complètement différent : une augmentation graduelle des tensions et des provocations qui a connu son apogée après le discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Ce discours a donné le coup d’envoi à une opération militaire « minutieusement pensée et planifiée, et tendant à contrôler le secteur ouest de Beyrouth ». Malgré le fait que l’armée ait protégé les résidences et les sièges des institutions de la majorité, il n’en reste pas moins que des chaînes de télévision et des journaux « appartenant au Courant du futur ont été incendiés ou volés ». De plus, et malgré les motivations politiques affichées, des actes d’agression contre les lieux de culte sunnites ont été notés. En dépit de « ce que les cheikhs sunnites ont d’ores et déjà qualifié de “naksa”, défaite, un ton ferme et inflexible a été adopté par les dirigeants du 14 Mars ». Un modus vivendi brisé Analysant la teneur des deux décisions gouvernementales et leur timing, l’ICG indique qu’un « modus vivendi non écrit était de mise entre la majorité au pouvoir et le Hezbollah. Ces décisions auraient pu être prises il y a longtemps, mais elles ne l’ont pas été », le Hezbollah répétant à chaque occasion qu’il ne ferait pas usage de ses armes sur la scène interne. Ce statu quo a été brisé lorsque les forces du 14 Mars ont estimé qu’elles étaient en mesure d’embarrasser le Hezbollah : elles pensaient que la réaction du parti chiite serait modérée, ou en tout cas ne ressemblerait ni de près ni de loin à ce qui s’est effectivement déroulé. En fait, « les combattants du Hezbollah sont rentrés à Beyrouth parce qu’une ligne rouge a été franchie (…). Ils ont rapidement conquis les points-clés de la capitale et l’armée est restée neutre ». Le rapport cite un officiel qui indique que le problème « n’est pas de prendre le pouvoir, mais c’est de savoir quoi en faire », surtout dans un pays multiconfessionnel comme le Liban. Mais quoi qu’il en soit, « le Hezbollah a adressé un avertissement au gouvernement en lui disant que s’il franchit les limites fixées, il est capable d’aller jusqu’au bout ». De toutes parts, les divisions confessionnelles semblent s’aggraver, et la « tentation de la radicalisation et d’avoir recours aux capacités militaires » pourrait émerger. « Les sunnites, en particulier, pourraient se noyer dans des groupes plus militants, plus radicaux et jihadistes », ajoute le document. Afin de stabiliser la situation au Liban, « ce pays doit trouver un juste milieu entre la permissivité irresponsable qu’il octroie au Hezbollah d’utiliser ses armes et la recherche inlassable d’un moyen de le désarmer », affirme à cet égard Robert Malley, le directeur du Middle East Program à l’ICG. « Cela risque d’être insuffisant. Mais c’est probablement la meilleure des solutions en attendant un accord global sur le conflit israélo-arabe, mais aussi un règlement des relations entre les États-Unis, l’Iran, la Syrie et l’Arabie saoudite ». L’International Crisis Group propose enfin un panier de solutions qui devraient être appliquées de manière simultanée : l’élection d’un président de la République consensuel qui serait élu aux deux tiers de la Chambre, la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’adoption d’une déclaration ministérielle qui « accepte le principe de la résistance en tant que phase transitoire qui doit aboutir à la mise en place d’une stratégie de défense nationale ». Cette stratégie « réduirait ainsi les capacités militaires du parti et les limiterait à des objectifs défensifs face à d’éventuelles attaques étrangères, en prohibant clairement l’usage domestique de ces armes ». Autre point important : la validation d’un document d’entente par toutes les forces politiques tendant à stopper toute préparation militaire et à « calmer la guerre verbale, surtout dans les médias », et enfin, l’adoption d’une loi électorale se fondant sur le caza comme circonscription.
« Le Hezbollah plus que jamais perçu comme une milice qui défend des intérêts acquis sous le couvert de la Résistance », souligne l’ICG

L’organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG) a publié hier un rapport sur les récents événements au Liban. Sous le titre « Liban : Les armes du Hezbollah se tournent vers l’intérieur », le rapport...