Le corps de la femme selon Rodin, en 123 dessins et sculptures à Madrid

Une rétrospective présente, à partir d’hier mercredi, à Madrid 123 dessins et sculptures d’Auguste Rodin, consacrés au corps nu, en tout premier lieu à celui de la femme, thème quasi obsessionnel chez ce maître français de la sculpture. Les 33 sculptures et 90 dessins, montrés jusqu’au 6 juillet à la Fondation Mapfre, proviennent tous du Musée Rodin de Paris, coorganisateur de cette importante exposition baptisée «?Rodin. Le corps dénudé?». Une majorité des dessins exposés réalisent à cette occasion leur premier voyage en dehors de Paris et il en va de même pour trois des sculptures présentées, a indiqué à l’AFP le directeur du Musée Rodin, Dominique Vieville. L’exposition ne montre en fait qu’une petite partie de l’impressionnant et méconnu fonds de 7 000 dessins, conservés au musée parisien et qui, faute d’espace, ne sont pratiquement jamais montrés au public, selon Nadine Lehni, conservateur au Musée Rodin. Rodin (1840-1917), qui a connu notoriété, gloire et richesse grâce à la sculpture, est en revanche un dessinateur méconnu bien qu’il se soit montré dans cet art «?extrêmement novateur, spécialement par la simplification extrême des formes, frisant l’abstraction?», a raconté la spécialiste à l’AFP. Rodin considérait le dessin comme un support à part entière, dont il aimait à recouvrir les murs de son atelier et ne l’a jamais utilisé pour réaliser les ébauches de ses sculptures, a précisé Mme Lehni. Ce n’est que vers la fin de sa vie qu’il a cherché à montrer cet aspect de sa création, avec une exposition mêlant dessins et sculptures en 1900 dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris. Les dessins rassemblés à Madrid montrent «?des corps sexués de femmes?», souvent en des poses lascives, mais dénués de tout contexte érotique, loin des «?bordels?» représentés par Edgar Degas ou Henri de Toulouse-Lautrec, souligne M. Vieville. Ils sont accompagnés de quelques-unes des sculptures les plus célèbres du Français comme Le Baiser ou L’Âge d’airain, exposées pour la toute première fois en Espagne. La Fondation Mapfre avait déjà présenté fin 2007 une exposition sur l’œuvre de Camille Claudel, élève et amante de Rodin.