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Actualités - CHRONOLOGIE

La France ne restera pas inactive, souligne Kouchner ; Téhéran accuse Israël et les États-Unis ; Damas appelle au dialogue Les Arabes n’accepteront pas une mainmise de l’Iran sur le Liban, affirme Le Caire

Les événements survenus au Liban au cours des dernières quarante-huit heures ont suscité un flot de réactions internationales inquiètes. La France a indiqué qu’elle ne restera pas inactive face à ces développements, et l’Iran en a imputé la responsabilité à Israël et aux États-Unis. Quant à la Syrie, elle a maintenu un profil bas, affirmant qu’il s’agissait d’une question interne libanaise et appelant les Libanais au dialogue entre eux. C’est toutefois du Caire que le commentaire le plus violent est venu, un diplomate égyptien affirmant que les Arabes ne supporteraient pas une mainmise de l’Iran sur le Liban. Deux pays arabes influents, l’Arabie saoudite et l’Égypte, ont volé au secours du gouvernement libanais et proposé une réunion ministérielle arabe d’urgence. Les dirigeants arabes n’ont cessé depuis mercredi de souligner la nécessité de respecter et de préserver les institutions constitutionnelles libanaises, dont le gouvernement légitime de Fouad Siniora, et de résoudre les différends par le dialogue. En privé, ils n’ont pas caché leur inquiétude de voir leurs alliés céder le terrain face à l’offensive de l’opposition. Un diplomate égyptien a souligné que le Liban ne pouvait être contrôlé par une partie soutenue par l’Iran. « L’Égypte et d’autres pays arabes sont très préoccupés par les agissements du Hezbollah au Liban », a indiqué le diplomate sous le couvert de l’anonymat, ajoutant que « l’on ne pouvait pas permettre qu’une partie soutenue par l’Iran prenne le contrôle des affaires du Liban ». « Une offre de solution a été proposée (jeudi) au Hezbollah mais il l’a refusée et cela signifie qu’il a l’intention de (poursuivre) le sabotage », a dit ce diplomate en faisant allusion à l’initiative proposée par le chef du Courant du futur, Saad Hariri, pour mettre fin à la crise. « Nous sommes très préoccupés par ce qui passe, car cela veut dire que l’Iran veut contrôler ce pays », a-t-il poursuivi. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a interrompu son voyage aux États-Unis et était attendu au Caire pour suivre de près la situation et décider des démarches à suivre pour contenir la crise, a affirmé à l’AFP son adjoint Ahmad ben Helli. « M. Moussa étudie notamment la tenue d’une réunion urgente des ministres arabes des Affaires étrangères », a-t-il dit. L’Arabie saoudite et l’Égypte ont demandé la tenue d’une telle réunion dans l’urgence pour mettre un terme aux combats meurtriers à Beyrouth, selon une source diplomatique arabe. « À la lumière de la dangereuse escalade au Liban, le royaume saoudien appuie la tenue d’une réunion extraordinaire d’urgence du Conseil ministériel de la Ligue arabe au Caire pour discuter de la crise libanaise », a indiqué un responsable des Affaires étrangères saoudiennes, cité par l’agence officielle SPA. L’Égypte a affirmé son soutien à une telle réunion, selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La Jordanie a également donné son accord à la réunion « dans le souci de mettre un terme à la crise politique au Liban et de ramener le calme ». Amman soutient le « gouvernement légitime et les institutions constitutionnelles au Liban », et appelle les belligérants « à respecter l’autorité du gouvernement » pour éviter « davantage de violences et de chaos ». Une autre proposition est venue du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui prévoit de charger le chef de l’armée libanaise, Michel Sleimane, de dialoguer avec les différentes parties afin de mettre un terme aux combats, a indiqué l’agence Saba. Le président yéménite a soumis sa proposition au général Sleimane ainsi qu’aux différents protagonistes libanais, et en a discuté au téléphone également avec des dirigeants saoudiens et égyptiens. À Damas, le président syrien Bachar el-Assad a déclaré que la grave crise au Liban était « une affaire intérieure » et exprimé l’espoir que les Libanais parviennent à « une solution à travers le dialogue ». L’agence officielle syrienne SANA a indiqué que M. Assad avait tenu ces propos lors d’un entretien dans la capitale syrienne avec l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa al-Thani, dont le pays avait entrepris une médiation au Liban. L’entretien entre M. Assad et l’émir du Qatar a porté sur « la conjoncture régionale, notamment au Liban », selon SANA. « Les deux dirigeants ont estimé que la crise au Liban était une affaire intérieure libanaise et ils ont exprimé l’espoir que les Libanais puissent trouver une solution à cette situation à travers un dialogue entre eux, afin de préserver la sécurité et la stabilité » dans ce pays, a ajouté SANA. À Ramallah, le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué dans un communiqué que ce dernier a exprimé « sa profonde inquiétude devant les incidents regrettables au Liban », appelant les protagonistes « à faire prévaloir le dialogue pour éviter au Liban davantage de drames ». « Notre peuple, mû par un sentiment de reconnaissance envers le Liban pour tous les sacrifices qu’il a consentis au service de la cause palestinienne, appelle en ces moments difficiles les Libanais à tuer la discorde dans l’œuf et à résoudre tous les problèmes sur la table de dialogue », a-t-il ajouté. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007, a également appelé, par la voix de son porte-parole Sami Abou Zouhri, les protagonistes au Liban au dialogue, « pour couper court aux tentatives américaines de faire sombrer le Liban dans la zizanie ». L’Iran a imputé la responsabilité de la crise au Liban aux deux ennemis de la République islamique : Israël et les États-Unis. « Les interventions (...) aventureuses des États-Unis et du régime sioniste sont la principale cause de la situation chaotique au Liban », a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini. « Malheureusement, une partie du complot politique qui avait été prédit (...) a été mis en œuvre. Nous espérons que ceux qui (en) ont été responsables (...) déploient des efforts pour ramener au Liban le calme et la stabilité », a-t-il ajouté. « Les efforts inlassables fournis par la République islamique d’Iran pour aider les différents groupes politiques à parvenir à un accord n’ont reçu aucune aide d’autres nations », a dit M. Hosseini, sans citer de pays. Au même moment, à Jérusalem, le président israélien Shimon Peres accusait l’Iran de fomenter les troubles au Liban dans le cadre de ses tentatives de « régner sur tout le Moyen-Orient ». Il a souligné que cette « nouvelle tragédie » que connaît le Liban n’avait « aucun rapport avec Israël ». Il a par ailleurs accusé le Hezbollah de « menacer l’unité et la paix du Liban ». Kouchner : « La situation est grave » La France ne restera pas « inactive face au drame » qui se déroule au Liban, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères en soulignant que Paris coordonnait son action « avec les principaux partenaires du Liban » et se concertait « activement avec ses partenaires européens ». « La France n’entend pas rester inactive face à ce drame », a assuré M. Kouchner dans un communiqué. « Je suis en contact directement et par notre ambassadeur à Beyrouth avec toutes les composantes libanaises », a-t-il ajouté. « La situation est grave » et « il faut éviter à tout prix le terrible engrenage de la guerre civile », a plaidé le ministre français, appelant « chacun, chaque partie, chaque force, à cesser immédiatement les combats et à reprendre la voie du dialogue ». « Nous invitons chacun à se mettre autour d’une table pour parvenir à un accord », a demandé M. Kouchner, en soulignant que les responsables français étaient « prêts à faciliter leur rencontre et à prendre toutes les initiatives nécessaires ». « Je viens d’en parler au Premier ministre libanais, Fouad Siniora, et j’appellerai les autres dirigeants libanais aujourd’hui et coordonnerai notre action avec les principaux partenaires du Liban, à commencer par la Ligue arabe », a-t-il poursuivi. « Nous attendons de tous les acteurs internationaux et régionaux influents au Liban un comportement responsable, emprunt de retenue, pour permettre le retour au calme et faciliter une médiation », a indiqué le ministre. « Nous demandons la réouverture des routes et de l’aéroport et la levée des barrages », a déclaré M. Kouchner. Pour Paris, « il n’est pas plus admissible que l’intégrité physique des responsables politiques puisse être menacée ». « La liberté des médias et de leur diffusion doit être rétablie », a également déclaré le ministre. L’ambassade française « est totalement mobilisée pour assurer la sécurité de la communauté française », a réaffirmé par ailleurs M. Kouchner. De son côté, le chef de la diplomatie allemande, Frank Walter Steinmeier, s’est dit « profondément préoccupé par l’escalade de la violence au Liban », appelant les partis politiques à « combler le vide à la tête de l’État ». « Les partis politiques au Parlement libanais se sont entendus il y a des mois sur un candidat à l’élection présidentielle accepté par tous. Maintenant, ils sont appelés à combler le vide à la tête de l’Etat », a déclaré M. Steinmeier dans un communiqué. Le ministre social-démocrate qui est à la fois vice-chancelier et qui s’est entretenu dans la matinée avec le Premier ministre Fouad Siniora, a appelé « toutes les parties à rappeler leurs partisans armés, à déposer les armes et à reconnaître le monopole du pouvoir à l’Etat libanais ». Il a affirmé que la crise pouvait uniquement être réglée « par le dialogue et dans le cadre des institutions conformes à la Constitution ». « Un accord sur le désarmement de toutes les milices au Liban doit faire partie de ce dialogue », a-t-il souligné. Le Canada a pour sa part « condamné les actions du Hezbollah », appelant à « ne pas laisser le Hezbollah et ses alliés entraîner le Liban dans la guerre » et renouvelant son soutien au gouvernement de Fouad Siniora.
Les événements survenus au Liban au cours des dernières quarante-huit heures ont suscité un flot de réactions internationales inquiètes. La France a indiqué qu’elle ne restera pas inactive face à ces développements, et l’Iran en a imputé la responsabilité à Israël et aux États-Unis. Quant à la Syrie, elle a maintenu un profil bas, affirmant qu’il s’agissait...