Gemayel : Une victoire-piège, une victoire à la Pyrrhus

Le chef du parti Kataëb, Amine Gemayel, a indiqué hier au cours d’une apparition télévisée en direct depuis la France où il séjourne actuellement que la victoire militaire de l’opposition « est une victoire-piège, une victoire à la Pyrrhus ». Précisant qu’il rentrerait bientôt « pour être aux côtés de mes frères au Liban », il a souligné que le cours des événements est à placer dans le cadre « du processus putschiste qui a commencé avec le sit-in et la paralysie des institutions ». Stigmatisant les « menaces et les pressions » qui sont en train d’être exercées sur certaines personnalités politiques, il a affirmé que ces agissements sont une violation de « toutes les lignes rouges ». Les armes du Hezbollah sont désormais « des armes putschistes », et « quelles que soient les pressions qui sont exercées » aujourd’hui, « cette victoire est une victoire-piège, car une victoire ne peut être réalisée que contre un ennemi », or le peuple libanais n’est pas l’ennemi du Hezbollah, et vice-versa. « C’est une victoire à la Pyrrhus », a-t-il martelé, et « la politique au Liban ne va pas changer, l’équation politique ne changera pas, les institutions seront remises sur pied ». Amine Gemayel a en outre exprimé son appui à l’initiative de Saad Hariri et a fait part de sa compassion pour l’épreuve traversée par les habitants de Beyrouth, « qui ont refusé de se mettre à genoux ». Les habitants de Beyrouth « sont les plus dignes, les plus honorables. (…) Revenons tous à nos esprits, à notre conscience. Il n’y aura pas de salut tant que nous continuerons dans cette logique et tant que le rôle de l’armée sera neutralisé », a ajouté M. Gemayel. Il a aussi relevé que le but de ces événements était d’ouvrir « la scène libanaise à tous les vents, à toutes les aventures, et c’est pour cela que ce putsch est dangereux », surtout que le réseau el-Qaëda attend la moindre occasion pour lancer des opérations au Liban. « Nous détenons des informations en ce sens. El-Qaëda dans sa section maghrébine qui est d’ores et déjà à Aïn el-Héloué. ». Le chef du parti Kataëb a en outre exhorté les chrétiens à se comporter « en toute conscience et en connaissance de cause », et à ne pas entrer dans des aventures périlleuses. Même si « l’équation militaire a changé, nous restons attachés au dialogue, mais lors de ce dialogue, les armes du Hezbollah seront le premier article qu’il faudra discuter », a-t-il conclu.