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Actualités - CHRONOLOGIE

John Dugard, rapporteur spécial de l’ONU, livre à « L’Orient-Le Jour » ses observations sur la situation humanitaire en Cisjordanie et à Gaza « L’heure n’est pas à la célébration en Israël »

Dans son dernier rapport sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, John Dugard, rapporteur spécial pour les Nations unies, compare la politique d’Israël à celle adoptée par l’Afrique du Sud lors de l’apartheid. À la veille du 60e anniversaire de la création de l’État hébreu, le spécialiste en droit international appelle Israël à se pencher sur son passé et à profiter de cette occasion pour promouvoir la paix avec les Palestiniens, et non plus la violence. «La situation dans les territoires palestiniens occupés est aujourd’hui très grave », affirme M. Dugard qui enquête sur les droits de l’homme en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis 2001. Selon lui, les conditions de vie des Palestiniens se sont considérablement détériorées, notamment avec la construction du mur de séparation, la poursuite de la colonisation, la multiplication des barrages routiers et les incursions militaires israéliennes quasi quotidiennes. Autant de graves atteintes aux droits de l’homme, souligne le rapporteur des Nations unies. « Dans la bande de Gaza, la situation est encore plus alarmante, ajoute-t-il, notamment avec le blocus imposé par les Israéliens et les attaques militaires meurtrières. » Dans son rapport 2007, dont les observateurs estiment qu’il est l’un des documents les plus sévères envers l’occupation israélienne, M. Dugard, expert sud-africain en droit international, établit des parallèles entre la politique de l’État hébreu et celle du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. « Les actions d’Israël dans les territoires palestiniens occupés démontrent clairement une volonté de domination raciale et d’oppression », souligne-t-il. Plus de 500 obstacles entravent la liberté de mouvement en Cisjordanie et nuisent au commerce des Palestiniens. Le mois dernier, les autorités israéliennes ont annoncé le démantèlement de 61 barrages, mais les Nations unies ont constaté que seuls 44, d’importance minime ou nulle, avaient effectivement été levés. Israël soutient que ces barrages routiers lui permettent de procéder à des contrôles empêchant des attaques contre son territoire. Selon M. Dugard, ces barrages routiers, ainsi que le mur de séparation, ne servent que les intérêts des colons de Cisjordanie. Aujourd’hui, quelque 270 000 Israéliens vivent dans des colonies en Cisjordanie, et 200 000 autres sont installés dans une douzaine de quartiers érigés dans le secteur oriental de Jérusalem, conquis et annexé en 1967. « Le temps n’est pas à la célébration en Israël, indique M. Dugard à L’Orient-Le Jour. Israël devrait profiter de cette occasion pour se pencher sur tous les maux causés aux Palestiniens depuis sa création jusqu’à ce jour, poursuit-il. Il est temps qu’Israël entame des négociations sérieuses avec les dirigeants palestiniens, révise ses politiques afin qu’elles soient conformes aux normes internationales et cherche enfin à promouvoir la paix entre les deux peuples, et non plus la violence. » M. Dugard, qui condamne également les tirs de roquettes palestiniens et les attentats perpétrés contre les civils israéliens, tient cependant à faire la distinction entre le terrorisme islamiste d’el-Qaëda et les actions de mouvements comme le Hamas. « Les actions terroristes contre l’occupation militaire doivent être considérées dans leur contexte historique », explique M. Dugard. Il cite, par ailleurs, l’exemple de nombreux pays européens qui ont résisté à l’occupation allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale et celle de la South West Africa People’s Organization (Swapo) qui a résisté à l’occupation de la Namibie par l’Afrique du Sud. « Il est important de mettre fin à l’occupation israélienne le plus vite possible afin que la paix soit établie », insiste-t-il. Selon lui, il est nécessaire d’engager le Hamas dans des négociations de paix avec le Fateh et Israël, sous la houlette des Nations unies. « Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, doit initier le dialogue avec le Hamas, précise M. Dugard. En isolant le mouvement islamiste, l’ONU agit en contradiction avec son mandat qui est celui de promouvoir la paix internationale », poursuit-il. « La création d’un État palestinien ne guérira pas les blessures infligées par soixante années de conflit, précise M. Dugard. Pour parvenir à instaurer une paix et une sécurité véritables, il faudra tout mettre en œuvre pour promouvoir la réconciliation entre les deux peuples, à travers, par exemple, la création d’une commission chargée d’entendre les récits des souffrances endurées par les Palestiniens et les Israéliens. » En l’absence d’une telle démarche de vérité, dit-il, les tensions entre les deux peuples continueront à menacer la paix entre les deux nations. Propos recueillis par R. M.
Dans son dernier rapport sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, John Dugard, rapporteur spécial pour les Nations unies, compare la politique d’Israël à celle adoptée par l’Afrique du Sud lors de l’apartheid. À la veille du 60e anniversaire de la création de l’État hébreu, le spécialiste en droit international appelle...