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Actualités - CHRONOLOGIE

Hommes d’affaires, militaires, commerçants ou cinéastes : portraits types de Libanais du Mexique Roberto Khatlab

Selon l’Associación Mexicano-Libanesa de Administradores (AMLA), 60% des 600 000 descendants de Libanais vivant au Mexique ont moins de 20 ans et 30% d’entre eux ont leur propre entreprise. Tous sont engagés fortement dans tous les domaines de la société mexicaine, y compris dans l’armée. Ce fut le cas de Nagib Saad el-Kik, né à Deir el-Qamar en 1875, qui a émigré au Mexique en 1903. Travaillant dans le commerce, il entra par la suite dans l’armée, qu’il quitta pendant la révolution de 1910 pour occuper un poste important aux côtés du général Emiliano Zapata. Après l’assassinat de Zapata en 1919, Nagib rentra au Liban en 1925. Il était accompagné de sa petite fille, Juliette, sa femme mexicaine étant décédée. Laissant son enfant à sa famille, il repartit un an plus tard pour le Brésil, ne pouvant s’adapter dans un pays qui n’avait pas encore conquis son indépendance. Lorsqu’il revint au Liban en 1956, Juliette était déjà mariée à Joseph el-Kik, de Richmaya, et mère de 4 enfants, Norma, Nagib, Chawki et Wajdi el-Kik, auprès desquels il mourut trois ans plus tard. Son souvenir est encore présent à Deir el-Qamar où les vieux sont fiers de sa bravoure et de son esprit de liberté. Dans les domaines des arts et des lettres, les Libano-Mexicains sont bien présents, comme le grand dramaturge et metteur en scène Héctor Azar o Sabinés, né à Atlixco (Puebla) en 1930 et décédé à Mexico en 2000. La contribution des descendants de Libanais a été fondamentale au début du XXe siècle pour l’industrie cinématographique, à laquelle ils apportèrent aussi bien un appui financier que de grands talents. Citons parmi eux: Miguel Zacarias, Antonio Matouk Capulina (Gaspar Hananine), Astrid Haddad et la grande actrice d’aujourd’hui, Salma Hayek. Salma Hayek, née en 1966 à Coatzacoalcos au Mexique, est la fille du Libanais Sami Hayek et de la Mexicaine d’origine espagnole Diana Jimenez. Elle est devenue une véritable star dans son pays grâce aux fameuses séries télévisées mexicaines. En 1991, elle part aux États-Unis dans le but de développer sa carrière artistique et rencontre le réalisateur Robert Rodriguez, qui lui donne la chance d’avoir le rôle principal aux côtés d’Antonio Banderas dans le film Desperado. Elle joue ensuite dans plusieurs autres films : Une nuit en enfer, Wild Wild West, Frida, Mi Vida Loca, Coup de foudre et conséquences... En 2006, elle crée Ugly Betty, une série américaine adaptée de la série télévisée colombienne Yo Soy Betty la Fea (Je suis Betty la moche), avec laquelle elle obtient directement un grand succès ainsi que plusieurs prix, dont le Golden Globe 2007 de la meilleure comédie et de la meilleure actrice. Salma Hayek est alors nommée directrice générale de Ventanazul, compagnie créée par la Metro-Goldwyn-Mayer pour la production de films à thèmes latino-américains. Salma, la Mexicaine pleine de charme, considérée comme l’une des plus belles femmes exotiques du cinéma, est ainsi arrivée à construire un véritable empire de production cinématographique grâce à son talent artistique et à son sens des affaires. Elle est actuellement la compagne de l’homme d’affaires français François-Henri Pinault, duquel elle a eu en septembre dernier une fille, Valentina Paloma. Autre grande figure libano-mexicaine, Carlos Slim Helú, 68 ans, est aujourd’hui le 2e homme le plus riche du monde, selon le classement du magazine américain Forbes pour l’année 2008, avec une fortune estimée à 60 milliards de dollars. Venant après Warren Buffett et dépassant Bill Gates, il a en cinq ans multiplié par huit sa fortune, ce qu’aucun homme d’affaires dans le monde n’a réussi auparavant, selon le célèbre magazine. Il est le fils de Julián Slim Haddad Aglamaz, né à Jezzine, au Liban-Sud, qui avait pris seul le chemin de l’émigration à l’âge de 14 ans afin de ne pas entrer dans l’armée ottomane occupant la région. Cette coutume était fréquente à l’époque, les mères elles-mêmes encourageant leurs enfants à s’exiler pour un avenir meilleur. Julián débarqua ainsi au port de Veracruz, au Mexique, en 1902, rejoignant ses frères aînés qui se trouvaient depuis 1898 à l’intérieur du pays. Il ouvrit en 1911 l’épicerie Estrella del Oriente (Étoile de l’Orient), investissant ensuite dans l’immobilier en achetant plus de dix immeubles commerciaux dans le centre de Mexico. En 1926, Julián se maria avec Linda Helú, Mexicaine d’origine libanaise, qui lui donna six enfants : Nour, Alma, Julián, José, Carlos et Linda. C’est ainsi que naquit Carlos Slim en 1940 à Mexico, où il passa son enfance, étudia le génie et se maria en 1965 avec Soumaya Doumit Gemayel (décédée en 1999), de laquelle il eut six enfants. En 1966, Carlos commence sa carrière financière en fondant le Groupe Carso (Carlos et Soumaya), achetant et vendant des biens immobiliers au centre de la ville de Mexico. En 1990, il monte la première société de télécommunications du Mexique (Telmex), qui détient 90 % du marché. Il représente aujourd’hui à lui seul, avec ses différentes entreprises, 6,6 % du PIB mexicain. Sa fortune sert à financer diverses fondations (écoles, hôpitaux, etc.). C’est aussi un célèbre collectionneur d’art, regroupant ses œuvres dans son propre musée fondé au nom de sa femme, le Mexico City’s Museo Soumaya. D’autres hommes d’affaires d’origine libanaise se sont aussi distingués au Mexique dans les domaines suivants : télécommunications, énergie, assurances, industrie, tabac, textile, hôtellerie, alimentation, pétrochimie et tourisme, où apparaissent des noms comme Marco Antonio Slim Doumit, Alejandro Saberón Kuri, William Karam, Alfredo Harp Helú, Raúl Lahud Garcia, Michel Domit, Roberto Simón Sauma et Alberto Najjar Sawaya. L’économiste et journaliste Michel Chiha, parlant des émigrés libanais, a dit un jour : « Le secret du Liban est que la montagne libanaise fut peuplée graduellement par des hommes inquiets, traqués. Ces hommes avaient laissé leurs biens derrière eux pour sauver leur vie et leur âme. Une fois établis, ils cherchèrent la fortune au-delà des mers, rejoignant la tradition immémoriale… L’idéal est de laisser le Libanais voyager à sa guise, mais en lui faisant un pays adapté à sa nature, un pays qui l’invite à ne point partir et, sûrement, à revenir. » Cette page (parution les premier et troisième lundis de chaque mois) est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com
Selon l’Associación Mexicano-Libanesa de Administradores (AMLA), 60% des 600 000 descendants de Libanais vivant au Mexique ont moins de 20 ans et 30% d’entre eux ont leur propre entreprise. Tous sont engagés fortement dans tous les domaines de la société mexicaine, y compris dans l’armée. Ce fut le cas de Nagib Saad el-Kik, né à Deir el-Qamar en 1875, qui a émigré au...