Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’unité du Liban découle de l’unité des chrétiens

Le parti des Forces libanaises et le parti Kataëb affirment défendre la souveraineté, l’indépendance et la liberté du Liban, aux côtés du Courant du futur qui s’est rallié à cette cause. Les ennemis désignés sont la Syrie, l’Iran et leurs alliés au Liban. De leur côté, le Courant patriotique libre et le courant des Marada affirment défendre la participation chrétienne dans une démocratie consensuelle à laquelle le Hezbollah s’est rallié. Les ennemis désignés sont les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et leurs alliés au Liban. Peut-on croire un instant que les Forces libanaises et les Kataëb ne souhaitent pas une meilleure participation chrétienne?? Peut-on croire un instant que le Courant patriotique libre et les Marada sont opposés à la souveraineté, l’indépendance et la liberté du Liban?? À ceux qui l’auraient oublié, ou ne le sauraient pas, feu le président Sleimane Frangié avait rejeté la demande de son homologue (et ami) syrien consistant à unir ou à intégrer le Liban à la Syrie. Il est temps de mettre fin à la guerre dans les esprits, surtout celle, fratricide, interchrétienne. Cela passe par la mise en place d’une véritable procédure de réconciliation et de pardon. Qui ne peut se réjouir du ralliement du Courant du futur à la cause souverainiste?? Qui ne peut se réjouir du ralliement du Hezbollah à la démocratie consensuelle?? Certains ne croient pas les uns, d’autres ne croient pas les autres et beaucoup ne croient ni les uns ni les autres. Peut-être que ceux-ci n’ont pas tort, mais l’heure est-elle propice aux procès d’intention?? En effet, il est impossible de bâtir une nation sur des procès d’intention. Faire du Liban une nation est un pari. Comme tout pari, il comporte des risques. Faire confiance en est l’un de ses principaux, mais il est indispensable pour que vivent notre démocratie consensuelle, notre nation, notre Liban. Sélim Jahel rappelle les propos de Bachir Gemayel?: «?Dans les moments de total dénuement, où livrés au bombardement sauvage de l’artillerie syrienne et palestinienne, sans armes, sans argent, sans amis, calomniés, vilipendés par les mass media et les chancelleries du monde entier, nous n’avons jamais, pas un seul instant, douté de l’issue finale. Nous nous sentions pris par le vertige du joueur qui mise sur la totalité de ce qui lui reste, avec la ferme conviction que cette fois il va gagner. Notre espoir ne tenait pas seulement au jeu du hasard, mais à celui de la nécessité. Comment imaginer le Moyen-Orient sans le Liban?? Pour les peuples persécutés de la région, le Liban c’est le bout du tunnel, la lumière de la liberté. Arracher à ce monde-là cet ultime espoir est un péché contre l’esprit (…). État unitaire ou État fédéral, cela intéresse la superstructure, c’est-à-dire l’organisation de l’État. Notre action, celle pour laquelle cinq mille combattants ont donné leur vie, se situe à un autre niveau, elle se situe au niveau de la nation. Là, nous postulons l’unité, nous n’acceptons que l’unité, nous parions sur l’unité, et nos paris sont toujours gagnants.?» Lors du lancement du front en août dernier, Fouad Abou Nader avait dit?: «?Nous sommes ici, car nous refusons la classification “chrétiens sunnites” et “chrétiens chiites”. En tant que Libanais chrétiens, nous aspirons à l’établissement des meilleures relations avec les chiites, les sunnites et les druzes dans le but de bâtir, en conjonction avec eux, une nation.?» D’après lui, les chrétiens doivent se recentrer et le prochain président de la République devra jouer un rôle d’unificateur des sunnites, des chiites et des druzes. En effet, comme le dit Joseph Maila, un match de football ne peut pas se jouer sans arbitre… Le match de football qui se livre aujourd’hui au Liban et dans la région oppose deux axes (d’une part les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie?; d’autre part la Syrie et l’Iran) s’appuyant les uns sur les sunnites et les autres sur les chiites. Or, le Liban a la chance de disposer d’une troisième partie capable d’arbitrer ce match?: les chrétiens. Mais ils ne pourront jouer ce rôle qu’à travers leur recentrage, leur unité (Charles Malek disait?: «?L’unité du Liban (découle) de l’unité des chrétiens?», formule aujourd’hui reprise par les posters du Front de la liberté dans tout le pays) et un président de la République élu ayant le pouvoir d’agir (ce qui suppose la restauration de l’essentiel de ses prérogatives ôtées par la formule issue de Taëf, obsolète puisqu’elle nécessite pour fonctionner la présence d’un tuteur étranger et/ou d’un compromis régional et international). En été, Mgr Béchara Raï mit à mal un argument en vogue dans la rue chrétienne selon quoi la division des chrétiens répartis dans chacun des deux camps serait positive en déclarant que «?si les sunnites et les chiites s’entendent, leur accord sera aux dépens des chrétiens, et s’ils sont en désaccord, les chrétiens sont leurs victimes ». La division des chrétiens a d’ailleurs empêché l’élection du général Michel Aoun qui avait remporté, en 2005, 70?% des voix chrétiennes et a obligé le patriarche maronite Nasrallah Boutros Sfeir à dresser une liste de présidentiables afin que le sunnite Saad Hariri et le chiite Nabih Berry choisissent eux-mêmes le président maronite, tel le mutassarrif jadis, gouverneur chrétien mais non libanais désigné par les Ottomans pour gouverner la Montagne libanaise. Le comble est que le nom du général Michel Sleimane ne figurait pas sur cette liste… Preuve est faite du respect de la parole chrétienne, lorsque les chrétiens sont divisés. La dhimmitude n’est plus loin. Puis, en début d’année, l’évêque maronite de Jbeil affirma aussi que les chrétiens (qu’il qualifia de «?suiveurs des musulmans?») sont divisés et perdus et en sont venus à se mépriser les uns les autres en raison de leur appartenance à tel ou tel camp. Pour lui, les chrétiens devraient jouer un rôle de rapprochement entre les musulmans, «?être un pont?» entre sunnites et chiites. L’idée d’un chrétien recentré et uni jouant le rôle d’unificateur et de bâtisseur de la nation et de pont entre le sunnite et le chiite est l’étape menant à la neutralité positive du Liban qui est la condition au fonctionnement de toute formule politique. En effet, à la différence du pacte national qui prévoyait une neutralité négative (selon la formule «?ni Orient ni Occident?») celle-ci devra être positive (c’est-à-dire qu’elle ne serait pas un repli sur soi-même mais, comme le dit un diplomate, «?tout en gardant un esprit civilisateur d’ouverture au monde, une protection contre les vents et les tempêtes soufflant du dehors?») avec un Liban se mettant aux côtés des Arabes lorsqu’ils s’entendent et sur la touche quand ils se disputent. Michel FAYAD
Le parti des Forces libanaises et le parti Kataëb affirment défendre la souveraineté, l’indépendance et la liberté du Liban, aux côtés du Courant du futur qui s’est rallié à cette cause. Les ennemis désignés sont la Syrie, l’Iran et leurs alliés au Liban. De leur côté, le Courant patriotique libre et le courant des Marada affirment défendre la participation...