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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉVÉNEMENT - Conférences, débats, concerts et films sur le site de l’installation de Nada Sehnaoui Pour exorciser les démons de la guerre

Pour certains, le 13 avril, c’est comme passer sous une échelle en croisant un chat noir. Mais au-delà des superstitions, cette date funeste, qui marque (est-il besoin de le rappeler??) le déclenchement de la guerre civile libanaise, est aujourd’hui l’occasion pour de nombreux artistes et associations de lancer un grand non à la guerre, mais aussi et surtout de susciter un travail de mémoire collectif. C’est ainsi que Nada Sehnaoui, devenue – après plusieurs installations ayant trait à la mémoire, à la guerre et à l’oubli collectif – spécialiste en «?triturage?» de cellules mnémoniques, a monté une œuvre qui s’intitule «?Quinze années cachés dans les toilettes ne suffisent-elles pas???» Le vernissage aura lieu demain, dimanche 13 avril, à 19h30, sur le terrain vague jouxtant le Centre Starco, dans le centre-ville. Au programme de ce soir-là, un concert de Ziad Sahhab et son ensemble, ainsi que des témoignages vivants de souvenirs de la vie quotidienne durant la guerre civile. «?Ceux qui veulent partager leurs histoires sont les bienvenus?», note Nada Sehnaoui. Histoire de permettre à ceux qui ont vécu la guerre d’explorer les méandres des cellules grises par une mise en commun de cette transmission grâce à l’installation artistique. Une installation qui est surtout dédiée aux jeunes. «?Elle adresse ces trompettes de guerre qui sont sonnées partout?», explique Sehnaoui. Et elle pose une question cruciale?: durant les années de guerre, on s’est caché collectivement entre les quatre murs des WC. Cela n’a-t-il pas suffi?? Pour traduire cette idée visuellement, elle a aligné 600 sièges de toilettes. «?On pourra s’asseoir dessus?», précise l’artiste. À utiliser en guise de chaises, bien entendu. Comme dans toutes ses installations qui visent à servir de lieux de rencontres, de dialogue, de promenades et de réflexions. Le spectre de la guerre, qui plane dangereusement sur nous, a suscité plusieurs réactions défensives de la part d’artistes et d’intellectuels. Mais aussi d’ONG. C’est donc en collaboration avec l’Association libanaise des droits de l’homme, de Khalass et de Zico House, que Nada Sehnaoui a conçu cette installation qui accueillera, jusqu’au dimanche 26 avril, toute une série de manifestations. Ainsi, le lundi 14 avril, à 19h00, une discussion est prévue, réunissant des membres d’organisations de la société civile et d’ONG autour du thème «?Anticiper une nouvelle guerre ou préparer la paix?», avec Nehmé Joumaa, président de l’Association libanaise des droits de l’homme, et Farès Sassine, membre du Centre civil pour l’initiative nationale. Mardi 15 avril, à 19h30, projection du film Rêves suspendus de Jean Chamoun et Mai Masri, suivie d’une discussion avec les réalisateurs. Jeudi 17 avril, à 19h30, débat avec Assaad Chaftari et Mahy al-Dine Chahab, qui partagent leurs expériences de la guerre. Vendredi 18 avril, à 19h30, des performances artistiques par des étudiants d’universités. Jeudi 22 avril, à 19h00, soirée poétique francophone avec des vers de Etel Adnan, Ritta Baddoura, Nadim Bou Khalil, Antoine Boulad, Alexandre Najjar et Fadi Noun, qui seront récités par Samar Baldo, Lynne Kodeih et Zeina Saab De Melemo, sur une musique de Joëlle Khoury. Mercredi 23 avril, à 19h00, discussion avec des étudiants sur le rôle de la jeunesse comme force résistante et opposante à la guerre. Hassan el-Chérif, maîtres Youssef Mouawad et Ziad Khaled dirigeront le débat et prépareront les recommandations. Joseph Chami passera en revue les différentes phases de la guerre de 1975 à 1990. Vendredi 25 avril, à 18h00, discussion avec des élèves de classes secondaires autour du thème de la citoyenneté. Pour clôturer l’événement, le samedi 26 avril, un concert de Charbel Rouhana et son ensemble musical, ainsi qu’une présentation des recommandations proposées par les membres des organisations de la société civile et des étudiants universitaires. «?Les statistiques?montrent que moins de 7 % de la population libanaise a participé à la guerre civile. Est-ce que l’écrasante majorité va se faire prendre de nouveau comme otage par les 5 % qui sont des moutons et des vendus des partis internationaux???» s’interroge Nada Sehnaoui, qui refuse de rester les bras croisés. Comme disait l’autre?: «?Nous apprendrons à vivre ensemble comme des frères ou nous mourrons ensemble comme des idiots?», conclut-elle. Maya GHANDOUR HERT
Pour certains, le 13 avril, c’est comme passer sous une échelle en croisant un chat noir. Mais au-delà des superstitions, cette date funeste, qui marque (est-il besoin de le rappeler??) le déclenchement de la guerre civile libanaise, est aujourd’hui l’occasion pour de nombreux artistes et associations de lancer un grand non à la guerre, mais aussi et surtout de susciter un...