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Actualités - CHRONOLOGIE

CRÉATION - «?Vous écrire?» au CCF jusqu’au 30 avril Sirine Fattouh, entre le moi et l’autre

Entre la sphère intime et publique, l’encastrement et l’ouverture, le soi et l’autre, Sirine Fattouh a ouvert une brèche. En quelques lignes et photos, l’artiste livre sa propre vision de l’identité et de ses rapports avec son entourage par une double approche artistique?: l’affichage d’une correspondance (unilatérale ?) et le lancement de son livre, «?Vous écrire?», paru chez Amers Editions. Jusqu’au 30 avril au CCF. Établie depuis quelques années en France, Sirine Fattouh, artiste plasticienne et vidéaste, enseigne l’art plastique à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris1) et fait la navette entre son pays natal, le Liban, et la France. Vous écrire est un projet qui a vu le jour fin 2005-début 2006. Il est le résultat d’un travail artistique qui a duré deux mois . «?Je m’étais fixée comme objectif d’envoyer, chaque jour, tout au long de cette période, à une personne de mon entourage (sans qu’elle ne soit prévenue), une image accompagnée d’un texte.?» À l’origine, en format carte postale, ce texte, non prémédité mais très intuitif, inspiré du vécu passé et présent, mais également de faits actuels et sans rapport réel ou apparent avec la photo, allait devenir par la suite un travail artistique. Les soixante textes sélectionnés ne seront plus que quarante-cinq et l’écriture sera apposée sur l’image, formant ainsi une signature, une sorte d’affirmation de l’identité de l’artiste. Mise en scène Pour l’éditrice Sarah Sehnaoui, qui a connu Sirine Fattouh grâce à son film Temps morts, il fallait que le livre, paru actuellement et qui relie tous ces envois de lettres, soit manipulable et compact comme objet. «?En tant que maison d’éditions, nous n’avons rien changé au travail de Sirine, nous avons simplement effectué le finissage. Il était seulement essentiel que l’image occupe la page entière et que l’écriture soit lisible sur le texte?», dit-elle. Contrairement à l’ouvrage, les photos affichées ont leurs petits coins d’ombre sur lesquels vient s’inscrire l’écriture, «?pour inviter le spectateur à s’approcher de l’image et à plonger longuement son regard?». Fragmentée, alliant des souvenirs d’enfance à la fiction et des autoportraits projetés à la figure de l’autre, cette écriture s’anime. Nourrie des influences du cinéma, Fattouh s’est mise en scène. Au moyen de flash-back, contre-plongée ou travelling arrière, l’artiste réalise une œuvre qui finit par rassembler plusieurs disciplines artistiques. À partir de ces petites histoires, irrégulières par la forme (puisqu’elles se limitent parfois à quelques lignes), narrées au fil des jours, les spectateurs vont pouvoir créer leurs propres histoires. En filigrane, dans la trame ou dans la composition de la photo, le questionnement de l’artiste ne s’adresse plus à un seul destinataire, mais à tous les autres. Tous ceux qui voudraient s’interroger sur leurs gestes quotidiens, leur identité ou leur rapport avec leur terre. Illustrant ainsi les parcelles de son corps, Sirine Fattouh semble l’assimiler à sa terre natale. Lacérée, blessée et mutilée, celle-ci est offerte au regard, prête à être partagée. «?Sans aucun pathos?», souligne l’artiste. Et, surtout, pas dans un esprit esthétique. «?Je travaille la photo plasticienne, que je ne cherche pas à esthétiser?», affirme Fattouh, qui a tenu à présenter ses œuvres avec leurs imperfections volontaires et leur côté inachevé. Si à la période d’avant 2005, le travail de Sirine Fattouh s’articulait sur l’objet et le travail conceptuel, plus tard, l’artiste, grâce à une enseignante de l’École des beaux-arts, s’est mise à s’interroger sur son parcours artistique. «?À présent, je travaille le réel et non plus le conceptuel?», dit-elle. Un travail qui a déclenché le retour au pays et par lequel elle signe une réconciliation avec sa terre d’origine. Colette KHALAF
Entre la sphère intime et publique, l’encastrement et l’ouverture, le soi et l’autre, Sirine Fattouh a ouvert une brèche. En quelques lignes et photos, l’artiste livre sa propre vision de l’identité et de ses rapports avec son entourage par une double approche artistique?: l’affichage d’une correspondance (unilatérale ?) et le lancement de son livre, «?Vous...