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Actualités - OPINION

Les images de bonheur jaunissent dans la grisaille des peurs

Le Liban dérive et se cherche un président de République dans les divisions politiques, la multiplication des interventions et la soustraction de la volonté populaire. Pourtant, le Liban, en voie de «?virtualisation?», n’est pas encore mort. La mémoire collective s’obstine à nous rappeler qu’un printemps de 2005 avait rendu l’espoir à un peuple épris de liberté. La «?maison?» libanaise avait été évacuée, mais phagocytée par les retombées meurtrières des intégrismes et des théocraties totalitaires. La première erreur avait été de bricoler un replâtrage sans état des lieux, sans apurer le passé et sans repenser fondamentalement un pays qui se liquéfiait dans des visions antinomiques. Il s’est ensuivi une série d’occasions manquées, dans la terreur des mortelles secousses sécuritaires et des ignobles assassinats (toujours impunis). Beaucoup (trop) de fées s’étaient penchées, avec plus ou moins de bonne foi, sur le berceau du «?prématuré?» sans jamais apporter de réponses cohérentes à des problèmes qui enflaient. Des intérêts régionaux et internationaux contradictoires avaient paralysé toutes les initiatives. Nous nous devons cependant de saluer le comportement responsable d’une équipe gouvernementale – pourtant honteusement tronquée –, à la vision authentiquement indépendantiste, mais aux moyens limités par une opposition téléguidée de l’extérieur et hantée par d’inavouables obsessions. Le président du Conseil des ministres – avec à son crédit un refus salutaire de participation au sommet de dupes à Damas – entrera dans l’histoire comme un exemplaire homme d’État. Et pourtant, la révolution du cœur et de la raison (pour une fois associés) reste inachevée. L’enthousiasme se dilue dans les dialogues «?babélisés?» quand ce n’est pas dans l’insulte et l’esquive. De structures étatiques en lambeaux – en l’absence indéfendable d’un Parlement confisqué par celui qui en a la charge et de plusieurs ministères livrés aux contorsions pseudoconstitutionnelles de velléitaires –, il reste quand même un gouvernement légal qui s’active courageusement et une armée sondée au comportement irréprochable. Tous ceux qui ont encadré ou pris la tête d’un printemps d’espoir ont néanmoins des responsabilités indéniables qu’ils se doivent d’assumer envers un peuple meurtri, qui a clamé son ras-le-bol et son attachement viscéral à ses libertés. Les députés de la nation ont l’obligation de se réunir et d’élire sans plus de retard le président chrétien maronite arbitre naturel, qui entamera l’indispensable travail de mémoire et de résurrection. Cet «?accouchement?» dans un contexte de crise majeure peut et doit se faire – éventuellement – à la moitié plus un. Toute renonciation par les loyalistes à leur droit constitutionnel ne peut être considéré que comme une abdication et une (autre) occasion manquée – aux graves retombées régionales – de «?réinventer?» le Liban. Pensée et culture existent toujours, Dieu merci, et L’Orient-Le Jour a récemment apporté une appréciable contribution dans un supplément regroupant des visions constructives pour un Liban moderne, démocratique, convivial et enfin pérenne. Peur du sang?? L’histoire de l’humanité s’est sans cesse écrite dans le sang?; et il y aura toujours des hommes qui mourront pour les libertés. Nos martyrs ont payé d’avance. Nous leur sommes débiteurs. Ne refusons pas leur intégration dans notre histoire par défaut de souvenir et d’action. N’oublions pas aussi que l’inadmissible affront (trop hâtivement occulté) au patriarche maronite de tout le Liban est une insulte à chaque Libanais. Quémander le retour à l’éthique de brebis galeuses – et contagieuses – constituerait un dangereux précédent. Il est impératif de manquer par l’ostracisme cette humiliation collective. Évoquant encore la surdité au peuple, que font en permanence les tentes de l’infamie sur les espaces publics?? Un défi à la vie?? Enfin, trêve de refrains compulsifs «?ni vainqueurs ni vaincus?». Il est inévitable que lors d’un défi existentiel, il y ait un vainqueur qui ne doit être que l’État de droit. Comprenons qu’un peuple en permanente quête d’identité ne peut pas accepter l’abandon de sa survie. Élection présidentielle truffée d’aspérités?? Sans doute, mais le fait doit s’accomplir afin que renaisse l’espoir. Ou alors – euthanasie politique pour une mort programmée –, poursuivons notre claudication dans l’histoire... à reculons, prisonniers résignés de nos contradictions, nos mensonges et nos peurs. Paul Ph. EDDÉ
Le Liban dérive et se cherche un président de République dans les divisions politiques, la multiplication des interventions et la soustraction de la volonté populaire.
Pourtant, le Liban, en voie de «?virtualisation?», n’est pas encore mort. La mémoire collective s’obstine à nous rappeler qu’un printemps de 2005 avait rendu l’espoir à un peuple épris de liberté. La...