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Crise du pain et vague d’arrestations dans les rangs islamistes L’Égypte sous haute tension avant les municipales de mardi

Une flambée des prix et la pénurie du pain subventionné provoquent une vive tension sociale en Égypte, au moment où le pouvoir tord de nouveau le bras aux islamistes avant les municipales du 8 avril. Un appel à une journée de mobilisation pour dimanche a été lancé par une nébuleuse de groupes d’opposition, autour du mouvement Kefaya, alors que les ouvriers de grandes entreprises textiles dans le delta vont entamer une grève. Grèves, manifestations contre la vie chère, et des heurts, la contestation et le fossé social sont si manifestes que le président Hosni Moubarak multiplie les annonces pour tenter de juguler une inflation périlleuse. Le prix du panier alimentaire du ménage moyen a renchéri de 50 % depuis le début de l’année, a estimé le Programme alimentaire mondial (PAM). Après avoir fustigé les « fauteurs de vie chère », M. Moubarak a décrété mercredi l’exemption de droits de douane de produits importés, comme le riz, le lait en poudre, ou l’huile domestique. Il était intervenu pour ordonner à l’armée d’aider à la distribution du pain subventionné. Son fils Gamal, qui viserait sa succession, a affirmé que la crise du pain prendrait fin « d’ici à quelques semaines ». Au fil des mois, la pénurie de cet aliment de base a cristallisé toutes les frustrations sociales dans un pays qui reste le plus fort consommateur au monde de pain, avec 400 grammes par habitant et par jour. Alors que les cours du blé importé, dont l’Égypte est dépendante à 55 %, se sont envolés, toucher aux subventions sur le pain reste un tabou, 30 ans après une tentative qui provoqua des émeutes ayant fait 70 morts, en 1977. Mal distribué et la farine détournée en amont, ce pain est devenu dur à trouver. Les gens piétinent des heures pour obtenir les galettes de « baladi », à une livre (0,11 euro) la vingtaine. Tous les jours, des bagarres éclatent devant les points de vente, ayant déjà fait une douzaine de victimes dans les quartiers populaires du Caire ou en province. Le gouvernement d’Ahmad Nazif, confronté à la grogne des députés, a affirmé durcir la lutte contre les pilleurs de sacs de 100 kg de farine subventionnée, revendus quinze fois plus cher sur le marché libre. Si d’importantes réformes économiques ont été lancées, assurant une croissance annuelle de 7 %, le fossé social « n’a fait que s’accroître », estime Mohammad Kamel al-Sayed, professeur à l’Université du Caire. Mais pour cet analyste, « une grande explosion sociale est improbable ». « De violentes tensions locales, c’est très probable, mais une explosion nationale, je n’y crois pas », dit-il. Selon lui, Kefaya, qui veut organiser des sit-in dimanche dans 26 gouvernorats du pays, manque d’assise populaire et de relais dans les syndicats ouvriers. C’est dans ce contexte que vont se tenir mardi prochain, sans le moindre suspense, les municipales, l’ultime consultation nationale avant la présidentielle de 2011, et la deuxième depuis la percée islamiste de 2005. Au pouvoir depuis 26 ans, M. Moubarak (79 ans) n’a pas fait savoir s’il se représenterait alors que la question de sa succession reste un sujet permanent d’interrogation dans ce pays-phare du monde arabe. Face aux Frères musulmans, la principale opposition parlementaire avec un député sur cinq, le pouvoir n’a pas hésité une seconde à tout faire pour empêcher leur candidature. Officiellement interdite, mais tolérée, la confrérie a subi des vagues d’arrestations – plus de 1 000, dont 297 depuis mardi, selon elle – et divers obstacles pour contrer l’enregistrement de ses candidats comme « indépendants ». « Nous n’avons plus que 20 candidats acceptés dans toute l’Égypte, c’est une honte », a affirmé hier Mohammad Habib, n° 2 des Frères musulmans. Au total, l’opposition dispersée présentera un millier de candidats face aux 53 000 candidats de la formation de M. Moubarak, le Parti national démocrate.
Une flambée des prix et la pénurie du pain subventionné provoquent une vive tension sociale en Égypte, au moment où le pouvoir tord de nouveau le bras aux islamistes avant les municipales du 8 avril.
Un appel à une journée de mobilisation pour dimanche a été lancé par une nébuleuse de groupes d’opposition, autour du mouvement Kefaya, alors que les ouvriers de grandes...