DISPARITION - Le cinéaste américain est décédé lundi à Athènes à l’âge de 96 ans Jules Dassin, le maître du film noir, n’est plus

Le cinéaste américain Jules Dassin est décédé lundi à Athènes à l’âge de 96 ans des suites d’une grippe, a-t-on annoncé de source hospitalière. «?La Grèce est en deuil d’un important créateur et d’un véritable ami?», a déclaré le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, cité dans un communiqué officiel. Il a rendu hommage à «?l’énergie créatrice, à la combativité et à la courtoisie?» du cinéaste défunt. Jules Dassin, dont la santé était défaillante depuis des années, est mort dans une clinique privée, où il était soigné pour une fracture de la hanche, a-t-on précisé de même source. Né le 18 décembre 1911 à Middletown (Connecticut, États-Unis), Jules Dassin s’était installé à Athènes en 1959, avec son épouse, l’actrice grecque Mélina Mercouri. Peu après le décès de Mélina Mercouri, en 1994, Jules Dassin avait obtenu la citoyenneté grecque à titre honorifique, pour le combat qu’il menait en faveur de la restitution à la Grèce des frises du Parthénon, exposées au British Museum de Londres. Le cinéaste américain devient en 1936, après des études d’art dramatique en Europe, comédien au Yiddish Theater de New York, metteur en scène, puis auteur d’émissions dramatiques à succès pour la radio. Arrivé à Hollywood en 1940, il est d’abord assistant de metteurs en scène célèbres, comme Alfred Hitchcock, et sa première réalisation marquante est une adaptation d’avant-garde du Cœur révélateur d’Edgar Poe. En 1941, il tourne son premier grand film, Agent nazi. La Metro Goldwyn Mayer (MGM) lui confie alors plusieurs réalisations. Il passe au film «?noir?», avec Brute Force, 1947 (Les démons de la liberté) et Naked City, 1948 (La cité sans voile), qui l’impose définitivement parmi les meilleurs cinéastes du moment. Militant communiste victime du maccarthysme, il quitte les États-Unis en 1950 et parcourt l’Europe. Night and the City, tourné à Londres, est un chef-d’œuvre du film noir. En France, il réalise un thriller, Du rififi chez les hommes, grand prix de la réalisation au Festival de Cannes 1955, puis, en Crète, Celui qui doit mourir, d’après le roman de Nikos Kazantzakis. Il se fixe à Athènes en 1959 et y réalise sa première comédie, Jamais le dimanche. Il en est également le scénariste et la vedette masculine, aux côtés de l’actrice Melina Mercouri (Grand prix d’interprétation à Cannes, 1960). À l’exception de Topkapi (1964), les films qu’il continue de tourner, comme Phaedra (1962) et Uptight (1968), seront accueillis avec moins d’enthousiasme. Il s’engage fortement contre la dictature des colonels (1967-1974). Il s’est consacré depuis à la construction du nouveau musée de l’Acropole et au combat pour la restitution des frises du Parthénon, détenues par Londres. Jules Dassin, dont le deuxième grand amour après la mise en scène était le théâtre, a eu deux enfants, le chanteur populaire Joe Dassin, décédé en 1980, et une fille, Julie.